(Québec) Les promoteurs de la capitale ne seront plus tenus de prévoir des cases de stationnement dans leurs nouveaux projets. La mesure adoptée mardi doit stimuler la construction et favoriser la mobilité durable à Québec, mais un élu de l’opposition craint qu’elle n’« oblige » des gens à prendre les transports en commun.

Ce qu’il faut savoir

La Ville de Québec a aboli les ratios de stationnement minimaux sur une bonne partie de son territoire.

Les nouveaux immeubles résidentiels des quartiers denses et ceux dans certains axes ne devront plus obligatoirement compter des cases.

L’industrie immobilière salue ce changement, qui selon elle permettra de livrer des logements à moindre coût.

« On a la possibilité d’accélérer les projets de logements. Quand on est rendus à dire que le stockage du véhicule empêche le stockage des humains, il faut redéfinir les priorités. Là, on vient donner la priorité aux personnes, aux logements », a lancé mardi soir au conseil municipal le bras droit du maire Bruno Marchand, Pierre-Luc Lachance.

Jusqu’à maintenant, un règlement municipal obligeait les promoteurs à aménager un nombre minimal de cases de stationnement. Ce seuil minimal allait de 0,5 à 1,2 case par logement. Les promoteurs qui ne respectaient pas la norme devaient payer un dédommagement à la Ville.

Le nouveau règlement adopté à la majorité mardi soir prévoit l’abolition pure et simple du seuil dans les parties les plus denses de Québec, où des options de transports en commun existent.

IMAGE FOURNIE PAR LA VILLE DE QUÉBEC

Carte des secteurs de Québec où les ratios de stationnement ont été abolis.

Un seul parti, Équipe priorité Québec, a voté contre la modification du règlement. Québec manque d’espaces de stationnement, a clamé le conseiller Stevens Mélançon.

« C’est bien beau, promouvoir les transports en commun, mais on ne peut pas obliger ses futurs locataires à les prendre, dit-il. C’est comme dire à un propriétaire : tu peux construire du logement, mais les futurs locataires ne peuvent avoir de voiture. »

Les deux autres partis de l’opposition ont soutenu la modification présentée par l’administration du maire Bruno Marchand.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Claude Villeneuve, chef de l’opposition officielle de la Ville de Québec

Si j’ai le choix entre placer du monde et placer des autos, je choisis de placer du monde.

Claude Villeneuve, chef de l’opposition officielle

« On veut des logements ou des stationnements ? Je pense que le choix est clair », a quant à elle fait valoir la chef de Transition Québec, Jackie Smith.

Environ 60 000 $ le stationnement

L’Institut de développement urbain du Québec (IDU), un organisme regroupant les grands acteurs québécois de l’industrie immobilière, salue la décision de la Ville de Québec. L’IDU demandait depuis une décennie que ce règlement soit revu.

On est rendus autour de 60 000 $ de la case de stationnement souterrain. Ça a un impact important sur l’abordabilité des logements. Ça permet d’avoir des unités à moindre coût.

Stéphane Dion, directeur régional de l’IDU pour Québec

« Il y a très peu de villes au Québec qui ont fait ce pari-là. Québec serait même la première ville d’importance dans la province », dit M. Dion. À Montréal, certains arrondissements ont aussi abandonné les ratios de stationnement, dont Ville-Marie, Le Plateau-Mont-Royal, Le Sud-Ouest et Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce. L’administration Plante propose toutefois de retirer ces ratios entièrement dans son projet de Plan d’urbanisme et de mobilité 2050, présentement à l’étude.

Des citoyens s’inquiètent de la disponibilité du stationnement sur rue avec la nouvelle mesure. M. Dion précise que l’abandon des minimums ne signifie pas que les promoteurs vont cesser du jour au lendemain de construire des cases. Mais ce sera du cas par cas.

« Il y a la crise climatique et il y a la crise du logement. Si on veut plus de logements, et la Ville de Québec en veut 80 000 de plus d’ici 2040, il faut lever les obstacles. »

Lors d’une récente consultation publique de la Ville sur la modification réglementaire, une citoyenne en faveur du changement a donné un exemple parlant.

« Je me souviens d’un projet de tour de logements au cégep de Sainte-Foy, a ainsi raconté la dame. Pour 172 logements sur un campus collégial, le promoteur devait construire 130 cases de stationnement. Quand on sait que ce sont des étudiants qui logent là, et que des autobus passent là, je trouvais ça exagéré. »