Camping, poutine, feu de joie et Loco Locass : oui, mais encore ? Les Québécois ont des rituels bien ancrés pour célébrer le fleurdelisé. Mais certains… sortent de l’ordinaire. La Presse a parlé avec six personnes qui ont une tradition inusitée pour la fête nationale.

Un tournoi de balle molle

PHOTO FOURNIE PAR JEAN-FÉLIX FAUCHER

Le tournoi de balle molle de Dorset

À Dorset, dans Chaudière-Appalaches, le tournoi de balle molle de la Saint-Jean-Baptiste est organisé pour la huitième année d’affilée. Il s’agit d’une tradition plus ancienne ramenée au village par Jean-Félix Faucher, un comptable. « Quand j’étais enfant, il y avait un tournoi de balle au mois de juillet. […] À un moment donné, les parents ont vieilli, puis il n’y avait plus rien », se désole-t-il. « On avait du fun en allant là », dit-il en se remémorant son enfance.

« C’est un tournoi de balle qui est amical, tout le monde est là pour avoir du plaisir », raconte Jean-Félix Faucher.

Aujourd’hui, le tournoi auquel participent une douzaine d’équipes sert principalement à financer une ligue de hockey de garage du village. Une centaine de personnes devraient prendre part à la compétition de cette année.

Une bataille de ballons d’eau

PHOTO FOURNIE PAR DANIEL MARTIN

Une des premières batailles annuelles de ballons d’eau

Chaque année depuis 2016, Daniel Martin, qui est conseiller pédagogique à la commission scolaire Riverside, sur la Rive-Sud de Montréal, organise une bataille de ballons d’eau, à Sherrington.

Lorsque la tradition a commencé, quatre familles y participaient – 8 adultes et 14 enfants. Une famille s’est retirée il y a quelques années puisqu’elle a déménagé. « On s’envoyait nos photos quand les ballounes tombaient en spécial au Costco et on se disait : “Venez cherchez vous ballounes !” », se rappelle Daniel Martin.

« Il y a l’idée du rassemblement, puis tout le monde est en congé ces semaines-là », indique Daniel Martin. Il ajoute que cette fête constitue pour lui une sorte de « party de début de vacances ».

Malheureusement, la pandémie a eu raison de la tradition pendant quelques années. L’année 2024 marque la reprise de la coutume. « J’ai mes ballons dans ma garde-robe depuis la pandémie », s’enthousiasme-t-il.

Le quart du village au bingo

PHOTO FOURNIE PAR LE COMITÉ ORGANISATEUR DES FESTIVITÉS DE LA FÊTE NATIONALE À SAINT-AIMÉ/MASSUEVILLE

L’an dernier, 275 personnes étaient réunies dans la halle de Massueville et Saint-Aimé pour la fête nationale.

Dans une halle aux allures de vieille grange à l’orée de Sorel-Tracy, l’« Ode au bingo » des Belles-sœurs prend vie chaque jeudi précédant la fête nationale. Enfants de 8 ans, jeunes adultes amusés et aînés déjà férus du boulier : l’an dernier, ils étaient 275 à espérer entendre le numéro qui les ferait célébrer.

Dans les petites municipalités de Saint-Aimé et de Massueville, on compte environ 1000 habitants. En 2023, plus du quart d’entre eux tamponnaient des numéros sur leur carte de bingo à l’occasion de la fête nationale.

« Il a fallu qu’on cherche des tables et des chaises parce qu’il y avait trop de monde », se rappelle en riant Luc Nadeau, membre de l’organisation locale des festivités de la fête nationale.

Décoration de vélos pour les enfants, tournoi de pétanque, rallye automobile, course de boîtes à savon, défilés : le bingo marque le point de départ d’une trentaine d’activités sur quatre jours.

« Au camping de Massueville, il y a du monde, année après année, qui appelle pour demander c’est quand, notre Saint-Jean, et pour réserver après ! », ajoute M. Nadeau.

Nager dans le fleuve

PHOTO FOURNIE PAR LE DÉFI NATATION DE BERTHIER-SUR-MER

L’édition 2023 du Défi natation de Berthier-sur-Mer

Depuis 18 ans, la famille St-Pierre de Berthier-sur-Mer organise une course de natation amicale dans le fleuve Saint-Laurent. Chaque année, ce sont quelques dizaines de participants qui parcourent 2,5 km à la nage, en eau libre.

Dans les années 1970, une activité de natation avait lieu dans le village. « Quelques membres de la famille se rappelaient ce qu’ils faisaient dans le bon vieux temps », témoigne Béatrice St-Pierre, une des organisatrices de la course, en racontant l’origine de l’évènement. Cent nageurs y participeront cette année, un record pour le Défi.

Béatrice St-Pierre se souvient d’un adage de son père, selon qui l’eau n’était pas bonne pour se baigner avant le 24 juin, et que c’était même « dangereux de le faire ».

Bien que l’activité soit de plus grande ampleur que d’habitude, cela reste une course amicale au sein du village. « Le but, c’est que les eaux soient accessibles. […] C’est vraiment pour mettre en valeur le fleuve », explique-t-elle.

Un rave aux sons du Québec

PHOTO FOURNIE PAR MONSIEUR NOKTURN

Le DJ Monsieur Nokturn performe depuis 15 ans.

Assez de la danse en ligne ? Essayez la musique électronique… à la québécoise. Depuis cinq ans, le 21 juin, quelque part entre Percé et Gaspé, se tient un rave.

Pourquoi le 21 juin ? L’origine de la fête nationale du Québec réside dans les célébrations du solstice d’été.

Pour ElecTree Soundsystem, l’organisme artistique derrière l’évènement, c’est une occasion de mettre de l’avant à la fois des artistes québécois, des artistes autochtones, mais aussi ceux qui ont fait de la province leur terre d’accueil.

« Je pense que c’est ça qui est bien d’une fête nationale, c’est de se rappeler qu’il y a plusieurs nationalités dans un groupe, et qu’il y a plusieurs manières de la fêter », explique le DJ Monsieur Nokturn, président de l’organisme.

De 100 à 300 personnes assistent généralement aux festivités. Fidèle à la culture du rave, l’organisation ne divulgue les détails de l’évènement que 12 heures avant à ceux qui s’y sont inscrits. Ces dernières années, le rave s’est tenu dans des lieux atypiques de la pointe gaspésienne, comme un grand champ ou un hangar.

Un marathon d’Elvis Gratton

PHOTO FOURNIE PAR WILLIAM JULIEN

Le Johannais William Julien au Club de golf du Mont-Orford, où il se rend chaque année avec ses amis pour la fête nationale.

« Think big, stie ! » William Julien a hâte de prononcer cette phrase chaque année avec son père. Depuis au moins 12 ans, les deux amateurs originaires de Saint-Jean-sur-Richelieu se retrouvent dans la semaine de la fête nationale pour regarder les mythiques films d’Elvis Gratton.

« C’est ma fête préférée, avec Noël ! », lance le fervent défenseur de la culture québécoise et de la langue française.

La veille de la fête nationale, William Julien passe à un autre classique québécois, mais cette fois-ci entre amis : Les boys.

Et pas juste un film. Les quatre.

C’est depuis 2016 que cette tradition leur permet de fêter – parfois jusqu’à très tard – avec les grands Rémy Girard, Marc Messier, Luc Guérin, Pierre Lebeau et Paul Houde. Le lendemain, mal en point ou non, les amis partagent une partie de golf.

« On songe à se faire un trophée, ajoute-t-il. C’est comme notre Masters… Notre Tournoi des Maîtres ! », se reprend l’entraîneur de football de profession, qui se fait un plaisir au quotidien de traduire les termes en anglais utilisés dans le monde du sport.