(Québec) Une poignée de personnes ont bravé la pluie et se sont présentées sur les plaines d’Abraham pour assister au grand concert de la fête nationale. Peu avant 21 h, heure prévue du début du spectacle, une toute petite partie du devant de la scène seulement était occupée par des gens brandissant leur drapeau fleurdelisé.

Tout en avant, au pied de l’immense scène, se trouvaient Antoine Brasseur, Olivier Bertrand, Charles Boucher, Félix-Alexandre Colin et Pascal Migabo. « On voulait être devant, c’est pour ça qu’on est arrivés tôt », a dit Pascal Migabo, qui était en poste un peu avant 20 h et qui faisait du bruit avec sa bande.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Antoine Brasseur, Olivier Bertrand, Charles Boucher, Félix-Alexandre Colin et Pascal Migabo ont tenu à assister au spectacle.

« Si ça finit à minuit, on va partir à minuit, si ça finit à deux heures du matin, on va partir à deux heures du matin », a-t-il ajouté. « Vive le Québec ! », ont crié en chœur ses amis pour montrer leur motivation.

Un peu plus loin, Simon Bruneau, sa conjointe Joanie Laflamme ainsi que leurs fils Olivier et Thomas se promenaient vêtus d’imperméables. Ils étaient venus de Trois-Rivières et n’ont pas songé à changer leurs plans, même si le temps risquait de virer au déluge.

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Simon Bruneau, Joanie Laflamme ainsi que leurs fils Olivier et Thomas

« On dort à l’hôtel, c’est une occasion, un cadeau de fin d’année », a expliqué Simon Bruneau. Les garçons ne savaient pas que la virée à Québec incluait le spectacle de la fête nationale. « Surprise ! », s’est exclamée Joanie Laflamme, en souriant, pour souligner l’absurdité de la situation. Le couple faisait contre mauvaise fortune bon cœur : il savait que la famille allait dormir au chaud et avait même monté le chauffage pour faire sécher les vêtements au moment du dodo…

Un spectacle écourté

La bande de Pascal Migabo n’allait pas avoir à veiller jusqu’aux petites heures. En raison des conditions météorologiques difficiles, les organisateurs avaient décidé avant que la première note ne soit jouée que le spectacle serait amputé de 30 minutes. Il allait donc durer 90 minutes plutôt que les deux heures initialement prévues.

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Malgré les intempéries, la foule venue assister au spectacle de la fête nationale sur les plaines d’Abraham était enthousiaste.

La pluie tombait généreusement lorsque Mara Tremblay, qui faisait office d’animatrice et de point d’ancrage, a lancé le numéro d’ouverture cent pour cent féminin dans lequel sont apparues Marie-Annick Lépine, le groupe trad Galant, tu perds ton temps et la chanteuse inuk Beatrice Deer. Il s’est conclu avec l’arrivée de Laurence Nerbonne, qui avait sorti son violon pour en jouer avec Mara et Marie-Annick.

Il a fallu un petit moment pour que le spectacle prenne son erre d’aller. Après Tout nue avec toi de Mara Tremblay, Patrice Michaud, Aiza et Les Louanges se sont succédé au micro. L’énergie est toutefois montée d’un cran lorsque Mara a accueilli Ariane Roy. Ensemble, elles ont rocké Tu voulais parler, une chanson d’Ariane Roy, jeune artiste au charisme incontestable. Mitsou, venue un peu plus tard, a offert l’autre moment fort de la première partie du spectacle en faisant Dis-moi, dis-moi. Un numéro étoffé, livré sous des jeux de lumière remarquables, comme ils le furent tout au long de la soirée.

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Mitsou

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Double hommage

Benoit McGinnis, porte-parole de la fête nationale cette année, a livré un discours où il a évoqué la résistance de la nation québécoise, ainsi que des valeurs d’accueil et d’équité. Son texte était aussi truffé de références à des chansons de Jean-Pierre Ferland, disparu en avril, à qui tous les artistes invités ont rendu hommage en se succédant au micro pour chanter des extraits de nombre de ses chansons.

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Le porte-parole de la fête nationale cette année, Benoit McGinnis

Benoit McGinnis lui-même a amorcé ce beau segment du spectacle en entonnant Avant de m’assagir. Des extraits de Les fleurs de macadam, Envoye à maison, Je reviens chez nous, Le soleil emmène au soleil et quelques autres. À chaque nouvelle chanson, un groupe de deux ou trois interprètes s’ajoutaient, jusqu’à ce qu’ils se retrouvent tous sur scène au moment de conclure avec Le petit roi.

Zébulon, dont la prestation prévue en début de soirée a été annulée en raison du mauvais temps, a ensuite eu droit à un tour de piste. Marc Déry et les siens ont chanté Marie-Louise.

La pluie avait presque cessé lorsqu’un portrait géant de Karl Tremblay est apparu. Marie-Annick Lépine a foulé la scène au même moment, rappelant que la dernière fois qu’elle s’était retrouvée au même endroit, c’était le 17 juillet dernier. Avec Les Cowboys Fringants.

Ce soir-là, Karl Tremblay, alors très malade du cancer, avait dû s’asseoir un moment pour reprendre des forces. Il avait chanté Sur mon épaule. Chanson que la foule immense avait entonnée avec lui. Les images de ce moment qui ont abondamment circulé sur l’internet avaient ému le Québec.

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Marie-Annick Lépine avec un chœur d'enfants sur scène

Marie-Annick Lépine a souligné que la vague d’amour survenue après la mort de son amoureux lui avait fait comprendre que la grande famille des Cowboys Fringants, c’était tout le peuple québécois. Elle a fait sa touchante chanson Les cheveux blancs, où elle s’adresse à ses filles. Après un autre passage de Patrice Michaud, Marie-Annick est revenue au micro avec Mara Tremblay pour chanter Les étoiles filantes. C’est sur cette chanson d’espoir tristounette, comme un hommage à Karl Tremblay, que s’est terminé le spectacle.

Pour la seule fois du spectacle, les artistes sur scène n’étaient pas les seuls à chanter. La foule, bien que mouillée et sans doute frigorifiée en raison d’une chute assez subite de la température, s’est réchauffé le cœur en chantant elle aussi.