La Presse vous propose chaque semaine un témoignage qui vise à illustrer ce qui se passe réellement derrière la porte de la chambre à coucher, dans l’intimité, loin, bien loin des statistiques et des normes.

Marlène* vit depuis quelques mois une grande passion, un pur « cadeau », dont elle profite à fond. Entretien joyeux avec une femme de 70 ans qui s’éclate comme jamais.

« J’ai l’impression que je n’ai jamais fait l’amour de ma vie avant lui ! », déclare d’entrée de jeu notre interlocutrice émerveillée, rencontrée récemment pour partager sa joie, raconter son bonheur et oser quelques réflexions. Le sourire accroché au visage, elle est ravie de se confier et ça se voit. « Il faut vivre ses passions, affirme-t-elle. La vie est courte ! »

Avis à tous ceux qui lui ont dit que ça ne se pouvait pas, que les hommes ne désirent que des femmes plus jeunes, et autres commentaires rabat-joie : son amoureux a 15 ans de moins qu’elle et ça ne lui fait pas un pli. « L’amour n’a pas d’âge ! rayonne-t-elle. Abolissons les préjugés ! Prenons-nous comme on est et éclatons-nous ! Aimez-vous ! »

Optimiste, notre interlocutrice ? Affirmatif. Pourtant, la vie est loin de lui avoir toujours souri. Elle revient sur ses souvenirs sans se faire prier, même si c’est surtout du présent qu’elle a envie de parler. Mariée au début de la vingtaine, son premier compagnon cesse de la désirer assez vite merci, au bout de quelques années à peine. « Je me promenais nue devant lui et il ne réagissait pas ! Ça m’a un peu bouleversée… », se souvient-elle. « Je voyais que ça ne fonctionnait pas. » Ils finissent par divorcer vers la fin vingtaine, après quoi Marlène part en voyage. « Je récupère ma vie perdue, oubliée ou jamais connue », résume-t-elle avec philosophie.

À l’étranger, elle se fait quelques amants, dont un qui la suit jusqu’à Montréal. Elle s’en souvient encore, et dresse plusieurs parallèles avec son amoureux actuel. « On ne faisait que ça ! dit-elle en riant. Il avait plein d’idées, il était imaginatif, moins routinier, romantique. On quittait la tradition. »

Et c’est un peu ce que je vis là ! L’éclatement ! La monotonie, ça tue !

Marlène, 70 ans

Certes, « il n’y a pas cent mille positions, concède-t-elle. Mais il y a d’autres choses : présentement, mon chum me réveille la nuit ! », illustre-t-elle, en sautant allègrement du passé au présent.

Début trentaine, on présente à Marlène un autre homme, qui deviendra son deuxième mari. La relation s’étire sur près de 40 ans, jusqu’à sa mort, tout récemment. En gros : « Les 15 premières années, ça fonctionnait. Et après, ça n’a plus fonctionné », résume-t-elle laconiquement. Ils ne se touchaient carrément plus, des mois durant. « Aujourd’hui, je crierais ! Mais à l’époque, je me disais : c’est mon mari. Ma mère m’a toujours dit : “Il ne fume pas, il ne boit pas, il est fidèle.” C’était ça, la clé du succès ! On ne parlait pas de sexualité à l’époque ! »

Sautant à nouveau dans le présent, notre interlocutrice ajoute avec enthousiasme : « Je vous le dis, quand j’ai rencontré l’homme avec qui je suis, ça faisait dix ans que je n’avais pas fait l’amour ! »

Elle réfléchit tout haut. « Le désir, c’est difficile de le garder avec les années, ça prend toute une chimie. Mon chum dit que moi et lui, c’est un fit parfait ! »

Voilà qu’il y a deux ans, son (ex-) mari meurt des suites d’une longue maladie. Veuve, Marlène part quelques semaines après en vacances. Et c’est là que tout à fait par hasard, elle rencontre un autre homme, celui-là même qui deviendra, un an plus tard, son amoureux actuel. Nous y voilà.

Ils échangent brièvement sur une plage, puis reconnectent virtuellement. « Moi qui déteste les réseaux sociaux, pouffe-t-elle de rire. Si ça n’avait pas été de ça, jamais ça ne se serait fait ! »

En ligne, monsieur la charme rapidement. Il est gentil, encourageant, doux. « Juste ça, pour moi, ça a été un coup de cœur ! » Cela prend tout de même de nombreux mois avant qu’ils se revoient, et de manière tout à fait chaste, pour commencer, faut-il le signaler. « Il ne m’a pas sauté dessus, rien ! Il ne se passait rien, mais on se parlait sans arrêt ! »

À nouveau, la conversation la charme. Monsieur est à l’écoute. Sympathique. Empathique. Elle finit par l’inviter chez elle. « J’en pouvais plus, confie-t-elle, on a regardé un film, collés, collés, puis on s’est mis à s’embrasser passionnément ! »

Ça faisait tellement longtemps, je pense que j’étais en manque !

Marlène, 70 ans

C’était l’automne dernier.

Depuis ? « Je pense que je suis vraiment en amour ! nous dit Marlène, tout sourire. Je lui donnerais la lune ! » Il la comble visiblement de joie, dans la vie en général, et au lit, en particulier. « Je me suis toujours sentie femme, mais avec lui, encore plus ! […] Dès le début, ça pouvait durer toute la nuit ! C’est intense, je n’ai jamais vécu ça ! »

Elle remercie la vie d’avoir mis cet homme sur son chemin. « Dieu merci ! Sinon, j’aurais manqué une étape ! »

Elle n’a jamais connu un homme aussi attentionné, gentil, et porté sur la chose, on l’aura compris. Elle n’aurait surtout jamais pensé vivre une vie un jour aussi épanouie. Si vous voulez tout savoir, glisse-t-elle, « il me réveille à 4 h du matin en me masturbant. Je n’ai jamais vécu ça ! ». Si elle apprécie ? « J’adore ça ! » Bien sûr, ce n’est pas de tout repos, dit-elle en riant. « Des fois, ça me prend deux jours pour m’en remettre, mais ce n’est pas grave ! C’est fou, et j’aime cette folie, et lui aussi ! » Des anecdotes du genre, petits gestes coquins et autres caresses sensuelles inédites, elle en a à la pelle. « Je pourrais en raconter toute la journée ! »

À noter que non, ils ne vivent pas ensemble, et elle n’en a pas la moindre intention. « Je ne veux pas. Je suis toujours dans le désir de le revoir, mais je suis une personne très autonome. J’aime être deux ou trois jours chez moi, j’aime faire mes affaires plates toute seule. […] Je ne veux que le meilleur avec lui. » Philosophe de nouveau, elle ajoute : « J’ai 70 ans, je ne cherche pas un père pour mes enfants. Je ne cherche pas un homme riche… » Elle ne cherche que le bon temps.

Et elle ne se concentre que sur le bon, justement. « Je l’aime comme il est, insiste-t-elle. Il n’est pas parfait, et je ne veux pas le changer. J’ai d’autres choses à faire dans la vie ! »

« Personne ne croit à ce que je vis, ajoute-t-elle. J’ai des amies qui cherchent depuis dix ans. J’ai des amies qui cherchent l’impossible surtout ! Moi, il me plaît, il me convient, et il n’est pas parfait. Et puis si ça ne marche plus, ce que j’ai vécu va me nourrir jusqu’à la fin de mes jours ! », conclut-elle, en souriant toujours.

* Prénom fictif, pour protéger son anonymat.