L’Université de Waterloo a intenté une poursuite contre les manifestants qui ont installé un campement propalestinien sur le campus, alléguant que celui-ci a porté atteinte à la réputation de l’école et endommagé ses propriétés.

Dans une requête déposée la semaine dernière, l’université indique qu’elle réclame 1,5 million de dommages et intérêts pour réparations de propriétés, perturbations opérationnelles, diminution de la valeur des propriétés et atteinte à la réputation à la suite de l’installation du campement, le 13 mai.

L’établissement allègue que les manifestants « se sont livrés à des actions délibérées visant à nuire à l’université, à ses biens, à sa réputation et à la bonne volonté de la communauté ».

« Cet effort concerté visant à perturber les opérations, le leadership et la stabilité financière de l’université avait pour objectif de causer, et a effectivement causé, un préjudice, affectant la capacité de l’université à fonctionner efficacement et à maintenir sa position dans la communauté universitaire », écrit l’Université de Waterloo dans un communiqué de presse.

Ces allégations n’ont cependant pas été testées devant les tribunaux.

La poursuite nomme plusieurs manifestants qui se sont identifiés comme des représentants du campement, ainsi que des personnes non identifiées impliquées dans les manifestations.

L’université cherche également à obtenir une ordonnance pour démanteler le campement et permettre à la police d’arrêter et d’expulser les personnes qui refusent de partir.

Les manifestants ont dénoncé la requête sur les réseaux sociaux, la qualifiant de tentative d’intimidation des étudiants, alors que celle-ci évoque la possibilité de lourdes amendes qu’ils n’ont pas les moyens de payer.

« Les tactiques d’intimidation et les poursuites judiciaires exorbitantes de l’université ne parviendront pas à étouffer le droit des étudiants à la liberté d’expression et leur détermination à lutter pour la justice », ont-ils affirmé.

Les manifestants soutiennent que les poursuites judiciaires ciblent les étudiants privés de leurs droits, dont beaucoup pleurent la perte de leurs proches à Gaza.

L’Association canadienne des professeures et professeurs d’université (ACPPU) a également critiqué la décision.

« Les actions de l’administration constituent une tentative brutale d’intimider les étudiants qui soutiennent le campement », a déclaré David Robinson, directeur général de l’ACPPU.

« L’université doit faire preuve de la plus grande prudence et de la plus grande retenue lorsqu’il s’agit de questions de réunion pacifique et de liberté d’expression. Les universités et collèges ne doivent jamais restreindre ces droits à moins qu’il existe des preuves claires et démontrables qu’une manifestation présente un danger imminent pour les personnes, de graves violations de la loi ou un obstacle aux opérations essentielles. »

L’université a nié les allégations selon lesquelles elle chercherait à réprimer des voix dissidentes.

« Le but de cette action en justice est de mettre fin au campement sur le campus de l’université. Son objectif principal ne porte pas sur les dommages ou le fait de punir ceux qui se trouvent sur le terrain de l’établissement. »

L’Université de Waterloo a déjà envoyé deux avis d’intrusion aux participants.