À la suite de la période des déménagements du 1er juillet, 1667 ménages québécois sont toujours sans logis ou à risque de le devenir dans les prochaines semaines, dont 204 à Montréal. Une situation qui ne peut être réglée que par la construction d’un plus grand nombre de logements sociaux, selon des militants.

« Des appartements à louer, il y en a, mais un trois et demie dans Griffintown à 2500 $, ça ne correspond pas à la capacité de payer des ménages locataires, dont le revenu médian est de 24 000 $ par année », dénonce la porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme, qui présentait jeudi son bilan des conséquences de la crise du logement.

Selon les données recueillies par le FRAPRU auprès de la Société d’habitation du Québec, la crise frappe dans toutes les régions.

Parmi les ménages ayant perdu leur logement le 1er juillet sans en avoir trouvé un nouveau, certains sont hébergés à l’hôtel. C’est le cas de 39 ménages à Montréal, 21 en Mauricie, 15 à Québec, 15 en Montérégie et 14 en Estrie, notamment.

Les autres familles touchées sont hébergées par des proches ou ont encore un bail, qui se termine dans les prochains mois.

« Les chiffres sont encore plus frappants sachant que beaucoup moins de locataires ont déménagé cette année », souligne Mme Laflamme. En cinq ans, le taux de rotation [les ménages qui changent d’appartement] au Québec est passé de 18,6 % à 10,4 %, selon des données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement.

Évictions en hausse

Depuis le début de l’année, 9519 ménages locataires ont dû faire appel à un service d’aide à la recherche de logement, de crainte de ne rien trouver. Le quart d’entre eux devaient se reloger parce qu’ils étaient victimes d’une éviction.

Le FRAPRU dénonce « le cercle vicieux des annonces budgétaires insuffisantes chaque année ». Selon l’organisme, le gouvernement du Québec doit viser la construction d’au moins 10 000 logements sociaux et communautaires par année, sur 15 ans, afin que la part occupée par le logement social dans le parc locatif atteigne au moins 20 %.

Le FRAPRU espère notamment la mise sur pied d’un programme de logements publics de type HLM et d’un programme québécois d’acquisition de logements locatifs privés pour les retirer du marché spéculatif.

« Le Programme d’habitation abordable Québec ne se suffit pas à lui-même et semble avoir été pensé pour le privé, et non pour réaliser du logement social. Il n’est en effet pas adapté pour permettre le développement des projets sans but lucratif portés par les communautés », souligne Véronique Laflamme.

« Pour éviter que des locataires ne soient déracinés de leurs quartiers et que chaque 1er juillet ne fragilise davantage les communautés, pour que les locataires cessent de compromettre leur bien-être au profit des investisseurs immobiliers, il faut que l’alternative du logement social se généralise », conclut-elle.

On demande également l’amélioration du Programme de supplément au loyer, qui permet aux locataires de payer un loyer qui correspond à 25 % de leur revenu, l’interdiction des locations à court terme de type Airbnb, une taxe sur les logements vacants, un contrôle par le Tribunal administratif du logement des évictions et des reprises de logements, la fin des pénalités pour les bénéficiaires de l’aide sociale qui vivent en colocation et l’abolition de la clause F dans les baux, qui permet les hausses de loyer sans justification dans les immeubles construits il y a moins de cinq ans.