(Ottawa) L’Alliance mondiale des institutions nationales des droits de l’homme, affiliée aux Nations Unies, affirme qu’elle examine la conformité de la Commission canadienne des droits de la personne (CCDP) aux principes internationaux.

Elle est en train de décider si la CCDP mérite toujours la note « A », qui lui permet de faire partie d’organismes comme le Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

L’examen de l’accréditation intervient après qu’une coalition d’organisations de défense des droits de l’homme a déposé une plainte pour de la discrimination contre les Noirs au sein de la CCDP.

Nicholas Marcus Thompson, directeur du Secrétariat du Recours collectif noir, dit que le Canada est désormais prévenu.

Il affirme que le pays ne peut pas prétendre être un leader mondial en matière de droits de la personne tout en « discriminant ses propres citoyens ».

Une coalition de syndicats et d’organisations fédérales représentant quelque 700 000 employés a déposé une plainte plus tôt cette année, affirmant que la Commission canadienne des droits de la personne viole le droit international en raison du traitement réservé aux employés noirs.

L’Alliance mondiale des institutions nationales des droits de l’homme (GANHRI) a reçu la requête et a écrit dans un rapport que les informations « soulèvent des inquiétudes quant au respect continu de la Commission des droits de l’homme avec les Principes de Paris, y compris sa capacité à mener son mandat de manière efficace et sa crédibilité perçue dans la lutte contre les violations systémiques des droits de l’homme. »

Pour cette raison, elle lance un « examen spécial ».

Un rapport du Comité sénatorial permanent des droits de la personne a détaillé en décembre dernier une « crise de confiance » au sein de la CCDP et remis en question sa capacité à traiter les plaintes de manière équitable.

L’étude a été motivée par des griefs contre la commission concernant le traitement réservé aux employés noirs et racisés.

Les sénateurs ont constaté que certains employés avaient subi un préjudice de la part de leur employeur, et le rapport a souligné que la discrimination sur le lieu de travail peut avoir des effets importants et durables.

« Cela n’est jamais acceptable, et pourtant c’est une réalité quotidienne pour de nombreuses personnes noires et racisées au Canada », indique le rapport.

La Commission canadienne des droits de la personne a déclaré dans un communiqué qu’elle continue d’opérer avec son statut « A » et que les examens spéciaux visent à répondre aux préoccupations en temps opportun.

« Nous soutenons pleinement le processus d’accréditation de la GANHRI et pensons que toutes [les institutions nationales des droits de la personne] doivent être tenues responsables de démontrer leur conformité continue aux Principes de Paris lorsque des préoccupations sont soulevées par la société », a affirmé la commission.

« Nous accueillons favorablement l’examen du sous-comité et sommes impatients de lui fournir des informations sur notre travail dans la lutte contre le racisme systémique envers les Noirs au sein de notre organisation en tant qu’employeur, dans notre fonction de traitement des plaintes et dans notre rôle de défense des droits en tant qu’institution nationale des droits de l’homme du Canada. »

La coalition, quant à elle, souhaite que la commission passe à un modèle d’accès direct et que le Canada accélère les réformes de la Loi sur l’équité en matière d’emploi.

Le ministre du Travail, Seamus O’Regan, qui a publié le rapport final du groupe de travail sur l’examen de la Loi sur l’équité en matière d’emploi à la fin de l’année dernière, a déclaré que son gouvernement s’efforcerait de reconnaître les personnes noires et LGBTQ+ dans deux nouveaux groupes désignés en vertu de la loi.

La législation à cet effet n’a pas encore été introduite, mais un porte-parole de son bureau a déclaré que M. O’Regan continue de rencontrer les communautés pour l’informer.

« Nous sommes impatients de déposer une loi gouvernementale qui répondra pleinement aux besoins des communautés marginalisées partout au Canada et qui éliminera les obstacles qui empêchent les gens de réaliser leur plein potentiel sur le lieu de travail », a écrit le bureau dans un communiqué.

La coalition souhaite également que le Canada nomme un commissaire à l’équité pour les Noirs qui agirait en tant que haut fonctionnaire indépendant du Parlement.

M. Thompson a affirmé que ce poste doit avoir le pouvoir de contrôler la fonction publique canadienne, la Commission canadienne des droits de la personne et tous les ordres de gouvernement.