Longs voyages aux quatre coins du monde, désagréments et fatigue liés au décalage horaire, nombreux moments loin de la famille et des amis, mais en revanche la chance inouïe de faire partie de l’élite mondiale du tennis de table et de prendre part aux plus importantes compétitions. Voilà la nouvelle réalité du jeune Edward Ly, 22 ans, troisième pongiste québécois, après Pierre-Luc Hinse et Marie-Christine Roussy, à avoir l’honneur de participer aux Jeux olympiques.

C’est à l’âge de 8 ans qu’Edward Ly découvre le tennis de table, lorsque sa cousine, membre de l’équipe nationale junior, connaît de beaux succès. Il n’aime au départ pas trop le sport, en fait, il assiste aux tournois de sa cousine parce que ses parents l’y obligent. Mais la passion finit par le gagner.

C’est en 2011, dans le cadre du Trois-Rivières Open, qu’il goûte à la compétition pour la première fois. Les Jeux de Montréal, les Jeux du Québec, les Jeux du Canada, les Jeux du Commonwealth et la Coupe panaméricaine, en janvier dernier, s’enchaînent ensuite. C’est à cette même Coupe qu’il remporte la médaille d’or alors qu’il ne devait même pas y prendre part. Cette victoire lui permet de se qualifier pour les Jeux olympiques et de faire un bond de plusieurs places au classement mondial, atteignant ainsi le 36échelon. « C’est le plus haut classement québécois et le 2classement canadien après Johnny Huang, qui, à son sommet, était 11e. Mais il est venu de la Chine à 21 ans au Canada. »

Qu’est-ce qui est donc si passionnant dans ce sport où la petite balle blanche file parfois à des vitesses hallucinantes ? « Tu as la chance de voyager beaucoup. Se promener au Québec à un si jeune âge, c’est cool. C’est aussi le processus de travailler fort, avec les hauts et les bas, et d’y arriver un jour. Et là, tu sens que tous tes efforts ont payé. »

Préparation en vue des JO

Parlons-en, de ses efforts, parce que des sacrifices, Edward a eu à en faire beaucoup. Éloigné de sa famille depuis les deux dernières années, alors que sa carrière a pris son envol, il s’entraîne la plupart du temps en Asie où il dispose d’un entraîneur privé. Les entraînements, d’ailleurs, se sont intensifiés à l’approche des Jeux, avec un total de quatre à cinq heures par jour, six jours par semaine. En plus de la préparation physique. Mais comme il le dit si bien : « Tu as tes objectifs, tu sais pourquoi tu fais ça. »

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM D’EDWARD LY

Edward Ly (au centre) a remporté la médaille d’or à la Coupe panaméricaine en janvier dernier. On le voit aux côtés de Nicolas Burgos du Chili (à gauche) et d’Alberto Mino de l’Équateur (à droite).

Quels sont ses objectifs pour les Jeux ? Est-il possible de contrer la domination chinoise alors que le pays compte les quatre meilleurs joueurs au monde, que les hommes et les femmes ont remporté l’or et l’argent aux derniers JO ?

Les objectifs d’Edward Ly demeurent réalistes. Pour la compétition par équipes, il espère « juste faire de son mieux », tandis qu’en simple, en raison de son classement, il n’aura pas à jouer la première ronde et passera automatiquement dans la ronde des 48.

« Si je peux être capable de faire un top 32, ce serait bien. Mais ça dépend du tirage. Présentement, j’espère juste pouvoir augmenter mon niveau pour pouvoir remporter un match ou deux. C’est les Jeux olympiques, tu as les meilleurs au monde, mais si tu t’entraînes fort, que tu te donnes à 100 %, que tu dépasses tes propres limites, on ne sait pas ce qu’il peut arriver. »

Ces talentueux Chinois

Edward Ly sait de quoi il parle : il a pu se frotter au médaillé d’or olympique Ma Long à la dernière Coupe du monde tenue à Macao à la mi-avril.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM D’EDWARD LY

Edward Ly et Ma Long à la Coupe du monde à Macao, à la mi-avril

Malgré le stress d’avoir à se mesurer à l’un des meilleurs de tous les temps, sur le sol chinois devant une foule si imposante de partisans, Edward Ly a réussi à mener 3-0 au début de la deuxième manche. Ma Long s’est cependant vite repris et a imposé son rythme pour remporter le match.

Lorsqu’il m’a serré la main, j’ai senti quelque chose que je n’avais jamais senti avant. Il m’a regardé dans les yeux avec un regard qui m’a affecté. Pendant l’échauffement de deux minutes, j’étais hyper tendu. Mais quand le match a commencé, je me suis dit : “Oublie ça, ça commence maintenant.”

Edward Ly

Pourquoi les Chinois sont-ils si dominants ? Est-ce seulement parce qu’il s’agit de leur sport national ? L’ex-élève en sport-études au Collège de Montréal affirme que la culture, sévère, y est pour beaucoup. Les entraîneurs mettent beaucoup de pression sur les joueurs et si le rendement ne suit pas, ils peuvent être remerciés. Ces entraîneurs, souvent d’anciens médaillés olympiques ou d’ex-champions du monde, se retrouvent dans de grosses équipes afin de « transmettre la connaissance de génération en génération ». Enfin, le système de compétition chinois fait en sorte que les joueurs débutent jeunes et que la concurrence est féroce en raison du grand nombre de joueurs. Chacun doit donc se battre pour faire sa place.

Celui qui poursuit ses études collégiales en sport-études virtuellement ne sait pas encore ce qu’il fera après les Jeux, mais il aimerait aller à l’université. Devenir entraîneur à l’Académie de tennis de table Ly – LYTTA, le club de tennis de table fondé par son père, là où il a lui-même pu se perfectionner ? Aider son jeune frère Kenny Ly, qui suit ses traces, à progresser encore davantage ?

« J’espère avoir plus de temps dans le futur pour pouvoir l’aider avec sa carrière. Mais je suis déjà vraiment fier de lui, de ce qu’il a accompli. Parce que je trouve qu’il est vraiment passionné. » Verrons-nous un jour les deux frères Ly aux Jeux olympiques ? L’avenir nous le dira !

La cote des frères Ly*

  • Cote d’Edward Ly : 3332
  • Cote de Kenny Ly : 2471

* Cote mise à jour le 6 juin 2024