Il y a une équipe de soccer à Montréal qui vit une année 2024 haute en couleur, et ce n’est pas celle que vous croyez. Le CS Saint-Laurent, club semi-pro évoluant en Ligue1 Québec, traverse ce mercredi la frontière américaine pour y disputer la Coupe d’Érable contre le Green du Vermont, à Burlington.

Il y a beaucoup d’informations inédites dans cette amorce, on en convient. N’ayez crainte, chers lecteurs, nous passerons en revue chacun de ces éléments.

Commençons par la plus singulière : la Coupe d’Érable, c’est quoi ?

Il s’agit d’un trophée remis au vainqueur d’un match amical unique, dont le nom rappelle les industries du sirop d’érable du Québec et du Vermont. Qui fait le meilleur sirop, qui est meilleur au foot ? L’enjeu est grand, aucun doute là-dessus.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE X DU GREEN DU VERMONT

L’affiche de la Coupe d’Érable

Ce mercredi sera disputée la toute première édition de cette coupe, qui met aux prises le champion 2023 de la ligue de soccer du Québec et l’équipe de Burlington. Le Green joue en USL2, essentiellement la troisième division américaine, un niveau qui se compare au semi-pro canadien et québécois.

Ce club, fondé en 2022, se distingue par sa mission environnementale et ses valeurs ancrées dans la justice sociale, qui se retrouvent au centre de ses décisions et activités. C’est aussi, en grande partie, ce qui explique un niveau de soutien passionnel de la part de ses supporteurs n’existant nulle part ailleurs dans le circuit américain de la USL2. Nous y reviendrons dans un article publié plus tard cette semaine.

Le but de la Coupe d’Érable, c’est de « mettre en vitrine les joueurs du Québec », nous indique Rocco Placentino, directeur technique du CS Saint-Laurent. Pour la perpétuité, il aimerait aussi que « chaque gagnant de la Ligue1, chaque année, joue ce match-là » l’année suivante.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE X DU GREEN DU VERMONT

La coupe d’Érable

Lorsqu’on lui en a parlé pour la première fois, au mois de mai dernier, Placentino avançait même vouloir « amener ça à un autre niveau ». « Pourquoi ne pas jouer contre eux, ici, au mois d’août ? Pourquoi ne pas faire un évènement de ça ? »

Rien n’a encore été annoncé à cet effet.

« C’est vraiment d’accroître notre visibilité, ajoute Nicholas Razzaghi, entraîneur-chef de St-Lo, lors d’une conversation téléphonique avec La Presse la veille du match. Jouer contre une bonne équipe, créer une relation avec eux et, en même temps, montrer la qualité des joueurs qu’on a. En plus, un de nos anciens joueurs, Yann Toualy, joue là-bas. Ça tombe bien. »

« Une fierté pour tout le monde »

Yann Toualy s’est entendu avec le Green le 4 juin dernier. Après quatre matchs, l’attaquant de 24 ans a déjà marqué deux buts.

« C’est beaucoup d’émotions, nous a-t-il dit au bout du fil, mardi, lorsqu’on l’a interrogé sur l’idée d’affronter son ancienne équipe. [Saint-Laurent] est un club qui m’a tout donné, c’est mon premier club. J’ai fait au total 10 ans là-bas. »

« Wesley [Wandje], le capitaine, on joue ensemble depuis qu’on a 15 ans. On a toujours été dans les mêmes équipes. Pour la première fois, on va jouer contre. Ça va être bizarre. »

Toualy porte au Vermont le numéro 64, un rappel de la ligne de bus qui traverse Saint-Laurent jusqu’à Cartierville. Une zone riche au chapitre du foot, selon le Québécois.

« Beaucoup de talent qui vient de Montréal est sorti de là, assure-t-il. Moïse Bombito, Safwane [Mlah], ce sont des gars qui ont grandi là-bas. »

Bombito, qui est en train d’éclore avec les Rapids du Colorado en MLS et avec l’équipe canadienne de Jesse Marsch, on commence à bien le connaître. Mlah, tout comme l’attaquant Loïc Kwemi, sont deux joueurs de Saint-Laurent qui viennent tout juste de se trouver du boulot en Première Ligue canadienne (PLC), avec le Valour FC de Winnipeg. Un troisième du club, Jefferson Alphonse, a signé un premier contrat professionnel tant rêvé avec les Wanderers de Halifax.

Tout ce beau monde a profité de la belle plateforme obtenue grâce à l’année 2024 étincelante du club piloté par Placentino. Dans ces pages, vous avez amplement entendu parler du beau parcours du CS Saint-Laurent en Championnat canadien, en mai dernier. Il a commencé par battre les Wanderers de Halifax dans la phase préliminaire… ce qui lui a donné rendez-vous avec le Toronto FC en quarts de finale. Un affrontement qui s’est conclu par la marque combinée de 11-1, au total des buts. Nonobstant le résultat, difficile de faire mieux en matière de vitrine.

Ça a été un gros travail pendant deux ans […] De voir les résultats, c’est une fierté pour tout le monde.

Nicholas Razzaghi, entraîneur-chef du CS Saint-Laurent

Concrètement, en quoi a consisté ce travail ?

« À la base, on espérait que certains de nos joueurs allaient signer [chez les pros, dans les dernières années]. Mais personne n’a signé. Donc on s’est retrouvé avec une équipe incroyable ! On a gagné la ligue en premier [en 2023]. On a eu des résultats historiques. Après, on s’est préparés pour le Championnat canadien. […] On a trouvé le moyen de battre Halifax. De là, toutes les portes se sont ouvertes. »

Un engouement « unique »

Pour le Green, Saint-Laurent représente l’un des plus gros défis de sa saison de deux mois. Parlez-en au Montréalais Daniel Pacella, un ancien de l’Académie de l’Impact qui joue à Burlington depuis quatre ans, ce qui inclut une première année à l’Université du Vermont (UVM). Pour l’anecdote, il y a également un troisième Québécois engagé avec l’équipe au sud de la frontière : Nathan Siméon, un défenseur montréalais de 24 ans, notamment passé dans le système de jeunes d’Orlando City.

PHOTO TIRÉE DU SITE DU GREEN DU VERMONT

Daniel Pacella

« Ce sera l’une des meilleures équipes qu’on va affronter pendant l’année, nous a dit Pacella, mardi. On va prendre ça au sérieux. Les résultats qu’ils ont eus en Championnat canadien, c’est bon pour nous aussi, ça nous aide à avoir un peu plus de visibilité dans ce match-là. On veut vraiment gagner la Coupe pour les partisans et pour les propriétaires, qui ont donné beaucoup pour faire un évènement comme ça. »

L’équipe joue ses matchs au Virtue Field de l’UVM, justement. Une enceinte de 2600 places faisant souvent salle comble pour le Green. Un engouement des partisans « unique » en USL2, selon le milieu de terrain de 24 ans.

« Quand on va aux matchs à l’extérieur, tu le vois, dit-il. Il n’y a personne. C’est fou d’avoir chaque match à guichets fermés ici. »

Celui de mercredi ne devrait pas y faire exception : on annonce une salle comble. Il y a quand même la suprématie du sirop d’érable à l’enjeu.

Le match sera diffusé ce mercredi à 18 h sur la chaîne YouTube du Green du Vermont.