L’enjeu n’était pas de vie ou de mort pour le CF Montréal, samedi soir. Mais à ce moment-ci d’une saison en dents de scie, il se devait de pivoter vers l’autre sens du tableau. En ce sens, une victoire contre un adversaire en difficulté était primordiale.

Et elle a été acquise, non sans peine. Montréal l’a emporté 4-2 face à l’Union de Philadelphie, au stade Saputo, notamment grâce aux buts de Dominic Iankov et de Ruan en toute fin de rencontre. Deux filets qui ont dénoué une impasse de 2-2, décevante jusqu’à la 89minute, et qui ont confirmé l’ascendant des locaux en deuxième période.

Parce que la première – au terme de laquelle le Bleu-blanc-noir était retourné au vestiaire sur un déficit de 2-1 – avait été compliquée.

« On s’était dit qu’on voulait changer le scénario du match à la mi-temps, a affirmé Laurent Courtois. Les gars ont fait les ajustements, et ils ont pu être efficaces dans la zone de finition. »

Le résultat positif n’a pas fait sortir Courtois de son calme habituel, et on le comprend un peu : il ne s’agissait quand même que de la deuxième victoire en 15 matchs pour son groupe, toutes compétitions confondues. Contre un Union qui n’en a maintenant qu’une seule en 14 sorties, on ne parle pas non plus ici d’un exploit.

« C’est sûr que c’est un soulagement, convient néanmoins le technicien. Ça fait plaisir pour les gars qui étaient de retour. »

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Josef Martínez a marqué à la 36minute pour faire 1-1.

Josef Martínez fait partie de ce lot, lui qui a été blanchi depuis qu’il est revenu de blessure à la mi-juin. Et samedi soir, entre autres grâce à son but égalisateur du 1-1 à la 36e, le Vénézuélien a « attiré le groupe vers le haut », a analysé son entraîneur.

Courtois a notamment louangé le « langage corporel » de Martínez, « communicatif » dans son « énergie positive depuis un moment déjà ».

L’attaque débloque

Le leadership de Martínez a aidé le CF Montréal dans cette rencontre, certes. Mais vous seriez en train de lire un tout autre texte si Iankov, arrivé en substitut à la 76e, n’avait pas enfilé l’aiguille après la belle passe de Raheem Edwards jusque dans la surface.

Ou si Ruan n’avait pas fait dévier le joli centre de Lassi Lappalainen à la 92e pour compléter la remontée avec brio.

Ou si Bryce Duke n’avait pas joué de chance sur le but égalisateur du 2-2 à la 56e, quand son coup franc a déjoué tout le monde, notamment le jeune gardien Andrew Rick, et trouvé son chemin jusque dans la cage de l’Union.

Un défenseur des visiteurs y a mis le pied à la fin, causant une certaine incertitude quant à l’auteur officiel du but, mais c’est Duke qui en est crédité au moment où nous écrivons ceci. Comble du but bizarre : Martínez a presque frôlé le cuir, lui qui rôdait devant le geôlier.

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Les joueurs du CF Montréal célèbrent le but inscrit par Bryce Duke.

« Je le compte comme mon but ! lance l’Américain lorsqu’on lui demande, à la blague, si la trajectoire de sa frappe était prévue. […] Au début, sur le terrain, je m’obstinais un peu avec Josef pour savoir si c’était le mien ou le sien. Je me disais : faites juste me le donner, il en a déjà assez ! »

Martínez est devenu le huitième buteur de l’histoire de la MLS avec son 108e, samedi.

Quant à Ruan, il a sorti un masque du superhéros Flash de sa poche lorsqu’il a marqué. Geste qui a causé l’hilarité chez les joueurs du CFM absents de la feuille de match, assis à la droite de la tribune de presse. Mason Toye, notamment, ne pouvait s’arrêter de rire.

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Même Flash a participé à la fête offensive en deuxième demie.

Depuis combien de temps ce masque était-il dissimulé ?

« Je n’en avais aucune idée ! lance Duke. Il est allé fouiller dans ses poches, et je me demandais bien ce qu’il allait en sortir. Il a gardé ça secret. »

En attendant les retours

Le CFM doit composer avec les absences de ses piliers Joel Waterman, Samuel Piette, Mathieu Choinière et Ariel Lassiter, tous à la Copa América. Mais samedi, Matías Cóccaro était aussi absent, sans apparaître sur la liste des blessés. Était-il puni pour sa crisette de mercredi, à l’entraînement ?

« Une punition, non, a répondu Courtois. J’essaie d’être juste. J’essaie d’être le plus transparent possible en général. Il a beaucoup, beaucoup de travail à fournir, et un peu à faire pour venir vers les autres. Il n’y a pas que nous qui devons aller vers lui. »

Il s’agit là quand même d’une grosse affirmation d’autorité de la part de l’entraîneur-chef recrue. Et pendant longtemps dans ce match, elle a paru risquée.

La première mi-temps a été soporifique de part et d’autre, jusqu’à ce que Quinn Sullivan, à la demi-heure de jeu, allume la première étincelle de la rencontre en marquant le 1-0. Martínez s’est levé pour enfiler une jolie frappe de la tête à la 36e puis son équipe s’est rendue coupable de moult cafouillages sur un jeu catastrophique en tentant de défendre un corner. Jesús Bueno en a finalement profité, et les hommes de Jim Curtin ont repris les devants 2-1.

Au retour des vestiaires, la possession du ballon a été plus nette, plus efficace. Jusqu’à lui permettre de marquer trois buts d’affilée pour revenir de l’arrière, d’ajouter trois points à sa récolte, et de retrouver la 10position au classement, à deux unités d’une place en séries. Ce gain peut-il devenir l’assise sur laquelle bâtir la deuxième moitié de la saison ?

« Il y a la version où vous écoutez, vous appliquez, vous vous serrez les coudes, a dit Courtois devant les médias, comme s’il parlait à ses joueurs. Et il y a la version où on hésite, où on oublie, où on s’endort et on a des difficultés. […] Vous choisissez la première ou la deuxième mi-temps ? »

EN HAUSSE

Nathan Saliba

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Nathan Saliba

À nouveau avec le brassard de capitaine, Saliba commence à retrouver ses belles sensations de 2023. Il a été influent en tant que milieu relayeur, samedi, réussissant 92 % de ses 71 passes. Il aura fort à faire pour déloger Samuel Piette ou Mathieu Choinière à leur retour de la Copa, et c’est exactement ce dont son entraîneur a besoin : que ses joueurs aient de la compétition à leurs postes.

EN BAISSE

Jules-Anthony Vilsaint

Les dernières semaines ont été difficiles pour l’attaquant québécois, avec la mort inattendue d’un proche, alors nous serons doux avec lui. Mais samedi, malgré une titularisation, il n’a pas été sur son X, avec 60 % de passes réussies et des touches indécises dans la surface. Il aura besoin d’un peu plus de constance pour s’imposer, surtout avec les retours en santé des attaquants du club.