Le CF Montréal, en cette fin juin, manque cruellement de leadership. Autant dans sa direction sportive que sur le terrain, avec les piliers de l’équipe en affectation internationale. Dans ce vacuum, Laurent Courtois s’impose, un peu malgré lui.

Depuis le départ d’Olivier Renard – et de son adjoint Vassili Cremanzidis –, aucune personne en position d’autorité, autre que l’entraîneur-chef, n’a pris la parole chez le CFM. On n’a aucun doute que Gabriel Gervais, à titre de président et directeur sportif par intérim, travaille fort dans les coulisses pour trouver le successeur de Renard et préparer le marché des transferts qui arrive à grands pas.

Mais malgré les demandes des médias, depuis maintenant plus d’un mois, seul Courtois brave la tempête. Ce qui laisse tout le monde dans un flou inconfortable sur la direction de ce club.

C’est beaucoup demander à l’entraîneur. Peut-être trop, même. Mais au moins, lorsqu’on lui parle, comme vendredi matin au Centre Nutrilait, il répond aux nombreuses questions des journalistes avec une franchise bienvenue, accompagnée d’une réserve que l’on comprend.

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Oliver Larraz (18) et Nathan Saliba (19), samedi dernier

À propos des performances décevantes de son équipe (1 victoire en 12 matchs en MLS), qu’il a lui-même expliquées en soulignant des « consignes non respectées » après la défaite de 4-1 contre les Rapids du Colorado, samedi dernier : « C’est frustrant. On a passé une première partie de saison où on se donnait le bénéfice du doute, ou l’autorisation à la naïveté, à l’erreur, à l’expérimentation. Et là, on arrive à un moment de la saison, surtout avec des joueurs un peu plus expérimentés, où ça y est, tu n’as plus d’excuse. Moi le premier. »

Peut-on, donc, en arriver à la conclusion qu’il existe une fracture entre le message qu’il lance à ses joueurs et la volonté de ceux-ci de le mettre en pratique ?

« Moi non [je ne vois pas de fracture]. Après, je laisse les autres faire leurs propres interprétations. Je dirais qu’il y a un manque de prise de responsabilité, individuelle et collective. »

Courtois regrette « l’inconstance » de son groupe, qui « n’est pas à l’abri » de lui-même « par moments ». En ce sens, il souhaiterait « retrouver des certitudes de prestation ».

Nous sommes passés la mi-saison. Cette inconstance, ça se règle en 2024, ou sur le long terme ?

« On peut toujours régler le présent, dit-il. On essaie d’être 1 % plus près de ce qu’on veut, que ce soit sur le terrain, dans le message, la culture. On sait aussi que ça commence maintenant, tous les jours, dès que tu mets le pied au Centre Nutrilait. Et il y a des choses qui n’arrivent pas le lendemain, donc ça va prendre des semaines, des mois. »

« On étudie nos options »

Matías Cóccaro a eu une pique de colère après une séquence de jeu à l’entraînement, mercredi. Depuis, Courtois assure que l’Uruguayen a « reconnu » son erreur et « s’est excusé auprès du groupe ». « On avance », dit-il.

« Mati, il a les qualités que l’on connaît. Il a aussi beaucoup, beaucoup d’efforts à faire pour qu’on soit sûrs qu’il est quelqu’un sur qui on peut compter quotidiennement. »

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Matías Cóccaro

Le moustachu s’est entraîné à l’écart du groupe, vendredi, ce qui installe le doute sur sa participation au match contre l’Union de Philadelphie, ce samedi, au stade Saputo.

Cóccaro et Josef Martínez, depuis leur retour de blessures à la mi-juin, ont tous les deux été blanchis. « On connaît leurs capacités, soumet Courtois. Pour l’instant, ils n’ont pas été en mesure, que ce soit par leur fitness ou en situation de match, de se mettre en valeur. »

Ces deux attaquants ont été les grosses prises de ce que l’on pouvait considérer, à ce moment, comme un excellent mercato d’hiver. Celui d’été s’ouvrira le 18 juillet prochain. Et le CF Montréal, club en grand besoin de renforts s’il en est, ne peut se permettre de rester immobile.

« On s’est assis avec la direction et le staff, affirme Courtois. On a évoqué quelques points, sur le présent et le moyen terme. Oui, on étudie nos options. On essaie toujours de prioriser les joueurs et l’effectif qu’on a […], mais c’est évident aussi qu’on travaille [pour améliorer l’équipe]. »

« Et moi, au niveau personnel, dans ma progression, je veux prendre part à ces discussions-là. C’est intéressant. Et ça me permet de connaître d’autres aspects du job que je ne connaissais pas. »

« Peut-être qu’il boudait »

Parlant de mercato, il commence à être évident que Victor Wanyama n’a plus sa place dans ce club. Le seul joueur désigné du CFM – et donc le joueur le mieux payé, et de loin, de l’équipe – n’a amassé que 269 minutes en MLS en 2024.

Et ce joueur, qui a justement démontré de cet important leadership au cours de son séjour de bientôt cinq ans à Montréal, a semblé refuser le brassard de capitaine des mains de Nathan Saliba lorsqu’il est entré en jeu face aux Red Bulls, il y a neuf jours.

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Victor Wanyama

Courtois avoue qu’il a « oublié » d’évoquer la chose avec le Kényan, ajoutant qu’il a une « relation très claire et transparente » avec le vétéran milieu de terrain.

« Je me dis qu’il n’a peut-être pas osé, puisque je ne l’avais pas précisé. Ou peut-être qu’il boudait. »

Peut-être qu’il boudait ?

« J’ai tellement de respect pour Victor, répond Courtois, après avoir noté sa grande carrière et son professionnalisme. Mais je ne peux pas lui demander d’être satisfait avec le fait que je ne lui donne pas assez de temps de jeu. Il pense qu’il mérite plus, et j’espère que chaque joueur qui n’a pas son temps de jeu pense qu’il mérite plus. »

De nos simples yeux d’observateur, Wanyama n’a pas semblé être en mesure de suivre la cadence lors des matchs MLS auxquels il a pris part récemment. Ceci explique probablement cela.

« C’est le choix de l’entraîneur [si Wanyama ne joue pas plus], explique Courtois. […] La partie qu’il ne contrôle pas, ce n’est pas sa faute, c’est le coach. »

Le CF Montréal affronte l’Union de Philadelphie au stade Saputo, ce samedi à 19 h 30. Le match est disponible sur Apple TV.