(Atlanta) Le Québécois Moïse Bombito a été la cible d’attaques racistes sur les réseaux sociaux de la part de partisans argentins après le match de l’Albiceleste contre le Canada, jeudi soir.

À la source de cette haine – on parle du mot en N, de photos de singes –, un tacle sur Lionel Messi, à la 82minute de la première rencontre de la Copa América, disputée à Atlanta.

Bombito a touché le ballon en premier, l’envoyant loin de la portée de l’Argentin, avant d’entrer en contact solidement avec celui-ci. Messi a poursuivi l’action, puis s’est étendu au sol pendant quelques instants après l’arrêt subséquent de Maxime Crépeau. Il a terminé la rencontre sans problème apparent, et aucune faute n’a été appelée sur le jeu.

Canada Soccer a dénoncé les attaques envers son joueur, publiant un communiqué dans la nuit.

« Canada Soccer est conscient et profondément troublé par les commentaires racistes faits en ligne et adressés vers l’un des joueurs de notre équipe nationale masculine [à la suite du] match de ce soir. Nous sommes en contact avec la CONCACAF et la CONMEBOL à ce sujet. »

Pour dissiper tous les doutes au sujet de l’identité de ce joueur, Bombito a soumis ce message concis en story de son compte Instagram : « Mon beau Canada. Il n’y a pas de place pour cette merde [no room for that BS]. »

CAPTURE D’ÉCRAN DU COMPTE INSTAGRAM DE MOÏSE BOMBITO

La story tirée du compte Instagram de Moïse Bombito

La CONCACAF a aussi confirmé qu’elle se « joignait » à Canada Soccer pour « condamner les messages haineux postés sur les réseaux sociaux à l’encontre de Moïse Bombito ».

« Le racisme n’a pas sa place dans notre sport ni dans la société », ajoute la confédération, qui dit « travailler » avec la CONMEBOL et la FIFA pour « trouver des moyens d’enquêter sur les comptes » auteurs du « matériel raciste ».

Bombito, un défenseur central, connaît actuellement les balbutiements de sa carrière internationale, alors qu’il est en train d’éclore autant avec le Canada qu’avec les Rapids du Colorado, en MLS. Certaines rumeurs l’envoient déjà en Europe, s’il continue d’enfiler les belles performances pour l’unifolié, notamment à cette Copa.

À 24 ans, après un parcours sinueux jusqu’aux professionnels, le voilà homme de confiance du sélectionneur Jesse Marsch en défense, et il n’a pas mal paru du tout devant les champions du monde, jeudi soir.

Un terrain « inapte »

On vous avait parlé, plus tôt cette semaine, du terrain naturel installé en catastrophe par-dessus le synthétique habituel du Mercedes-Benz Stadium depuis le match de MLS de samedi dernier. Mercredi, à la veille de l’affrontement Argentine-Canada, les deux équipes étaient censées se familiariser avec le terrain. Mais l’activité a été annulée, probablement pour protéger la surface le plus possible.

Résultat : la première fois que les joueurs ont pu tester la pelouse, c’était dans l’échauffement d’avant-match. Après la rencontre, les deux équipes ont été critiques de la surface de jeu.

« Le terrain était un désastre, a lancé Emiliano Martinez, des propos rapportés par Associated Press. On aurait dit un tremplin, avec un ballon qui sautillait. Ils doivent corriger la situation. Sinon, la Copa América va toujours être à un niveau plus bas que l’Euro. »

« Une chance que nous avons gagné, a ajouté le sélectionneur argentin Lionel Scaloni. Sinon, ça aurait été une bien mauvaise excuse. […] Ils savaient depuis sept mois qu’on allait jouer ici, et ils ont installé la surface il y a quelques jours. Ce n’est pas une excuse, mais ce n’était pas un bon terrain. Il était inapte pour ces joueurs. »

Chez le Canada aussi, on s’en est plaint.

« On aurait dit que l’on marchait sur une scène, comme si c’était creux », a indiqué le défenseur Kamal Miller.

Crépeau « est devenu un homme »

PHOTO DALE ZANINE, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Lionel Messi tente de déjouer le gardien Maxime Crépeau.

On a abondamment fait état du brio de Maxime Crépeau, jeudi soir. Mais il y a une citation de Jesse Marsch qui n’a pas trouvé sa place dans notre compte rendu du match. Les partisans du CF Montréal seront probablement intéressés.

Nous avons interrogé l’entraîneur sur les récentes performances de son gardien, qui surviennent deux ans après la fracture de sa jambe en finale de la Coupe MLS. Mais Marsch nous ramène encore plus loin.

« Je connais bien Max, a-t-il dit en conférence de presse. J’étais avec l’Impact de Montréal quand on lui a fait signer son premier contrat professionnel à 18 ans. Il était un gars mature, à 18 ans. »

Vérification faite, les dates ne concordent pas parfaitement : Marsch a quitté le club en novembre 2012, et Crépeau a signé son entente en mars 2013. Mais on comprend qu’il a eu un rôle dans son cheminement vers le pacte.

« Et maintenant, il a 30 ans, une famille, des enfants, continue l’Américain. Et vous pouvez voir qu’il est devenu un homme. Même après la première conversation que j’ai eue avec lui, j’étais heureux de remarquer à quel point il avait grandi. À travers tous les défis que les gens vivent, la clé est d’en ressortir plus fort. »

Et dire que Rémi Garde et l’Impact se sont départis de Maxime Crépeau, un joueur formé au club au potentiel loin d’être atteint, pour la maigre somme de 50 000 $ d’argent d’allocation ciblée.

« On grandit »

Avec tout ça, malgré des performances encourageantes, c’est quand même trois matchs sans but pour le Canada sous Jesse Marsch. Mais le technicien ne s’en fait pas outre mesure, dit-il, en raison des occasions que son équipe se crée.

Davies, Eustáquio, David et Larin ont tous eu le ballon dans une belle position jeudi, sans parvenir soit à cadrer, soit à déjouer l’excellent Emiliano Martinez devant la cage argentine.

L’entrée de Jacob Shaffelburg à la 59e, en remplacement d’un Tajon Buchanan peu décisif sur l’aile droite, a en revanche fait « bouger l’aiguille » offensivement pour le Canada, selon l’entraîneur.

« Je sais qu’avec le temps, quand on a des chances de cette qualité, on va finir par marquer assez de buts. On a assez de talent sur le terrain pour ça. On doit plutôt se concentrer sur les détails, pour être plus précis, plus propres tactiquement, et ne pas offrir des occasions aussi faciles [à l’adversaire].

Et Marsch d’ajouter : « Nous sommes encore une jeune équipe en développement, et on veut s’assurer d’apprendre de nos erreurs, éviter d’être naïfs. On grandit. »

Dernière note, en terminant. Pour ceux qui se posent la question, c’est le capitaine du Canada Alphonso Davies qui a échangé son maillot avec Lionel Messi, jeudi soir. Belle pièce de collection, quand même.