Annie Larouche et Marinette Pichon ont reçu le mandat de bâtir les fondations de l’équipe de Montréal dans la Super Ligue du Nord (SLN). Déjà, leur objectif est clair : créer un environnement attrayant pour les joueuses et qui convaincra les partisans de se joindre à l’aventure.

La formation montréalaise de la SLN, ce nouveau circuit de soccer professionnel féminin qui amorcera ses activités en 2025, a annoncé mercredi la nomination d’Annie Larouche à titre de présidente du club, tandis que l’ex-gloire du soccer français Marinette Pichon en sera la directrice sportive.

Dans un communiqué, les cofondateurs de l’équipe, Isabèle Chevalier et Jean-François Crevier, se sont réjouis que les deux femmes « écrivent avec [eux] cette page d’histoire du sport féminin québécois, et contribuent à la vision du club de s’établir comme modèle d’innovation dans le football canadien grâce à une implication active dans la communauté ».

Les principales intéressées, de leur côté, se disent déterminées à édifier une organisation qui saura rapidement tirer son épingle du jeu, tant sur le plan athlétique que dans un écosystème sportif montréalais fort contingenté.

« Évidemment, on veut une équipe gagnante et compétitive sur le terrain, mais on veut offrir aux partisans une expérience incroyable du moment qu’ils mettent les pieds dans le stade. Qu’ils aient du plaisir et qu’ils aient envie de revenir, et assurer la pérennité de l’équipe », a expliqué Annie Larouche en entrevue avec La Presse.

« On veut construire une équipe compétitive sur la première et la deuxième année, un beau groupe homogène. On veut rendre cette équipe accessible aux partisans et créer un lien avec eux », renchérit Marinette Pichon, qui était jusqu’en 2020 la meilleure buteuse de l’histoire de l’équipe nationale de France (81 buts en 112 sélections), hommes et femmes confondus.

Du pain sur la planche

Les chantiers sont nombreux et le délai pour les réaliser, beaucoup plus court qu’il n’y paraît.

D’abord, sur le plan purement technique, il y aura environ huit postes à pourvoir, dont celui d’entraîneur-chef. De préférence, une femme serait nommée à ce titre.

Il faudra ensuite trouver des athlètes à envoyer sur la pelouse, et pour ce faire, une importante opération de dépistage national et international sera mise en branle. « On va essayer d’aller chercher des joueuses de renom pour construire l’équipe, avec les profils requis par rapport à la philosophie de jeu qu’on va mettre en place », détaille Marinette Pichon.

« On veut les rendre les plus performantes possible sur le terrain et les accompagner en dehors », enchaîne-t-elle.

Et où ces joueuses iront-elles s’entraîner ? Où disputeront-elles leurs matchs locaux ? La recherche pour dénicher les lieux idéaux est déjà bien entamée, signale Annie Larouche.

« C’est une équipe professionnelle où on veut que les filles se concentrent sur ce qu’elles ont à faire, sur le jeu. À nous de leur procurer les outils et les installations de qualité internationale pour qu’elles puissent s’épanouir là-dedans », fait-elle valoir.

Un choix déchirant

Annie Larouche a été pressentie dès les balbutiements du projet visant à établir un club de la SLN dans la métropole. Son embauche s’est finalement concrétisée au mois de mai.

Présidente de l’Alliance de Montréal depuis l’an dernier, elle avait d’abord été nommée vice-présidente aux opérations de l’équipe lors de sa fondation en 2021, après avoir passé 25 ans au sein des Alouettes, dans diverses fonctions.

Elle admet que la décision de quitter cette organisation qu’elle a contribué à construire fut déchirante. Mais l’occasion de « donner une chance égale aux femmes » au soccer professionnel était trop belle pour qu’elle la laisse filer.

« Dans mon cheminement, j’étais rendue là. On fait la place aux femmes et je suis très fière de ça », explique-t-elle. Précisons qu’elle demeurera avec l’Alliance jusqu’à la fin de la saison, après le tournoi final en août, avant de prendre officiellement les commandes de sa nouvelle équipe.

« Avec l’Alliance, j’aime prendre l’image que j’ai parti le feu dans le foyer, ajoute la présidente. J’ai la bonne équipe en place. Maintenant, il faut juste lancer une couple de bûches de temps en temps. La base est solide, les partisans sont incroyables. Ils sont entre bonnes mains. Ils seront capables de poursuivre la mission. »

C’est maintenant les braises d’une équipe de soccer qu’elle tisonnera, de concert avec Marinette Pichon. Et toutes deux espèrent livrer sous peu un produit qui saura enflammer la foule et la ville.