Une baguette traîne au sol, devant le stade, autour des pieds de dizaines de milliers de partisans des Bleus. Oui, nous sommes bel et bien en France.

Il n’y avait pas de doute à avoir de toute façon. Les 40 000 fans du Tricolore (pas lui, l’autre) avaient déjà bien commencé à converger vers le stade Matmut Atlantique de Bordeaux, deux bonnes heures avant le match de préparation opposant le Canada à la France.

Le tramway était bondé de bleu, de blanc, de rouge, de « Mbappé » derrière les maillots, même si le talisman français, ennuyé par des maux de dos et de genou, n’allait pas entamer la rencontre.

Le parquet devant le stade grouillait de monde également. Des files s’étendaient sur des dizaines de mètres devant les coursives extérieures. À l’image de nos derniers jours passés dans le magnifique Bordeaux, les gens consommaient leurs bières et leurs dîners en formule pique-nique, sur le gazon ou pas.

  • L’ambiance autour du stade Matmut Atlantique

    PHOTO JEAN-FRANÇOIS TÉOTONIO, LA PRESSE

    L’ambiance autour du stade Matmut Atlantique

  • L’ambiance autour du stade Matmut Atlantique

    PHOTO JEAN-FRANÇOIS TÉOTONIO, LA PRESSE

    L’ambiance autour du stade Matmut Atlantique

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Oui, le « dîner ». Parce que ce match avait lieu à 21 h 15 locales, ici. Pourquoi si tard ? Non, ce n’était pas seulement pour accommoder les Français ayant l’habitude de souper tardivement. C’est qu’il y avait le vote des européennes, dimanche. Un scrutin qui permet d’élire, seulement en France, 81 députés de l’Union européenne.

Élections qui ont forcé Emmanuel Macron à déclarer des législatives en France. Son discours a même entraîné la diffusion du match à la télévision française en différé, avec un retard d’une quinzaine de minutes.

C’est chaud au Matmut Atlantique !

Le Matmut Atlantique a été inauguré en 2015, en prévision de l’Euro 2016. Avant dimanche, la France n’y avait joué qu’une seule fois, et n’avait disputé que sept rencontres dans son histoire dans cette ville du Sud-Ouest.

Il est 19 h 40. Nous entrons. La tribune de presse est au quatrième étage. Nous sortons de l’ascenseur et nous sommes complètement ébloui par le soleil. Presque autant que lorsque nous arrivons devant la splendide tribune de presse, le genre qui est toujours prête à accueillir des évènements d’envergure. Nous nous installons à notre poste en hauteur, non sans discuter rapidement avec le sympathique placier, qui nous apprend vouloir visiter le Québec cet été.

PHOTO JEAN-FRANÇOIS TÉOTONIO, LA PRESSE

La tribune de presse du stade Matmut Atlantique

À 45 minutes du coup d’envoi, les joueurs des deux équipes font graduellement leur entrée sur le terrain pour l’échauffement. Du côté du Canada, Maxime Crépeau, titulaire, entre le premier, et passe quelques secondes fin seul de son côté du terrain, devant une foule française de plus en plus nombreuse.

Celle-ci réserve évidemment ses plus grandes acclamations pour les Bleus, qui arrivent quelques minutes plus tard. Dont Mbappé, qui s’échauffe tranquillement, le sourire aux lèvres comme la plupart du temps. Nous le remarquons grâce à nos jumelles, bien pratiques lorsque nous sommes installé si haut au-dessus du terrain.

À ses côtés, tous ces grands joueurs que nous voyons à la télé chaque semaine, dans leurs grands championnats respectifs. Eduardo Camavinga, du Real Madrid. Antoine Griezmann, de l’Atlético Madrid. Olivier Giroud, de l’AC Milan. Marcus Thuram, du Bayern Munich. Jules Koundé, du FC Barcelone.

L’ambiance d’avant-match est sans pareil. On demande aux différentes sections du stade de faire du bruit, l’une après l’autre. Les supporters, qui n’ont pas besoin de se faire prier, s’exécutent. Les drapeaux de la France se font aller, partout.

Des artifices au centre des drapeaux des deux pays. Et tout à coup, les trois côtés du stade devant nous se remplissent respectivement de bleu, de blanc et de rouge. Le tifo du côté est est dévoilé.

« On n’y va pas à 25, mais à 68 millions. » En parlant de l’Euro, bien évidemment.

PHOTO ROMAIN PERROCHEAU, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des encouragements pour l’équipe de la France en prévision de l’Euro

Le Matmut Atlantique est déjà bouillant. Après l’hymne canadien, c’est l’heure de La Marseillaise. Si vous restez de glace devant tant de passion, c’est que vous êtes un réplicant issu de Blade Runner.

On appelle à une courte minute de silence pour rappeler les sacrifices des soldats débarqués en Normandie pour libérer l’Europe, il y a 80 ans. Elle n’est évidemment pas respectée. « Ta gueule ! », entend-on d’une extrémité du stade, une réponse tout à fait calibrée à ce que ressentaient les 40 000 partisans présents à ce moment.

« Allez, les Bleus, allez, les Bleus ! », scande-t-on. Allez, surtout, le match peut commencer.