L’arrivée de la nouvelle équipe professionnelle de soccer s’inscrit dans un contexte de véritable montée en puissance du sport féminin dans les dernières années.

« La mission de la ligue, ce n’est pas juste de développer les joueuses, soutient Jean-François Crevier, cofondateur du club de Montréal, devant La Presse. Mais tout le sport féminin. La structure autour. Donner des opportunités aux arbitres, aux coachs, aux professionnels de la direction sportive. »

« On aurait essayé de faire ça il y a cinq ans, je ne sais pas [si ça aurait fonctionné], ajoute sa partenaire Isabèle Chevalier, à ses côtés. Mais aujourd’hui, c’est le temps. On sent le momentum. Il y a un engouement, une réceptivité. Les gens sont prêts, ils ont envie de supporter, d’embarquer. »

Alors, ça se traduit de quelle façon, financièrement, ce projet ? Dans un autre texte, nous parlont du coût d’acquisition d’un million. Nous parlons de la contribution volontaire des partisans, dont le sondage pour connaître leur intérêt se met en branle ce mardi.

Diana Matheson, PDG de la ligue de six équipes qui verra le jour en avril 2025, affirme que chaque équipe aura une masse salariale de 1,5 million de dollars. C’est plus que le 1,2 million de la Première Ligue canadienne (PLC) de soccer masculin.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Diana Matheson

C’est, en revanche, un peu en deçà du 1,3 million US (1,7 million CAN) de la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF).

En NWSL, circuit américain de soccer féminin, la masse salariale est passée de 1,4 million US à 2,75 millions US (3,7 millions CAN) en 2024. La ligue ne fait que grandir depuis 2012, et peut ainsi inspirer son nouvel homologue canadien.

« On veut surtout créer de la valeur, indique M. Crevier. […] Pour que les femmes puissent bien gagner leur vie, et gagnent encore plus d’argent. On veut créer un modèle d’affaires qui fonctionne et qui est soutenable dans le futur. C’est ça, notre défi. C’est un peu ça qui nous a allumés avec le projet. »

À l’émission balado The Pivot, la semaine dernière, Mme Matheson a indiqué que les investissements, en plus du coût d’acquisition, devront être autour de 8 à 10 millions pour exploiter chacune des équipes au cours des cinq prochaines années.

« C’est un ballpark [une estimation] qui n’est pas très loin, confirme M. Crevier lorsqu’on l’interroge à ce sujet. Mais on garde quand même nos investissements confidentiels. »

« En avance de 10 ans »

En Amérique du Nord, selon Diana Matheson, il y a la dynamique Canada–États-Unis. La comparaison avec la NWSL lui est évoquée régulièrement. Mais l’ancienne joueuse estime que le Canada doit rivaliser avec tous les pays du globe pour ce sport mondial.

Si elle est bien consciente des « faiblesses » du marché canadien, elle en a aussi identifié les grandes « forces ».

« On n’a pas un marché médiatique qui paie très cher pour les droits de diffusion, actuellement », dit Matheson. Elle précise que la ligue s’occupera elle-même de la production pour la diffusion des matchs, puis trouvera des partenaires pour les diffuser « auprès du plus grand nombre de Canadiens possible ». Une annonce à ce sujet sera faite « dans les prochaines semaines ».

« Le pays est grand, il y a beaucoup de voyagement, continue-t-elle. Mais on a le troisième bassin de joueuses au monde. »

On a des commanditaires du milieu des affaires qui sont prêts à investir dans le sport féminin dès maintenant. C’est un grand atout pour nous. On est en avance de 10 ans sur le reste du monde là-dessus.

Diana Matheson

« Ce sont les investisseurs comme ces gens-là, dit-elle en regardant vers Chevalier et Crevier, ainsi que les commanditaires qui font que ça peut se mettre en branle. Il n’y a pas d’autres avenues. C’est par eux que ça passe. »

Pour Isabèle Chevalier, l’impression est que « tout est là », qu’il « faut juste le partir ». « C’est comme si on avait besoin d’attacher certaines ficelles pour que ça décolle. »

Une présidence et une direction sportive

Les deux cofondateurs du club montréalais n’ont pas encore fait d’« approche formelle » pour rapatrier des joueuses au Québec. Ce n’est donc pas aujourd’hui que vous lirez que l’attaquante Evelyne Viens, par exemple, s’en vient porter les couleurs montréalaises !

En revanche, ils sont dans un « processus avancé » pour annoncer la structure du club.

« Il va y avoir une présidence, confirme Jean-François Crevier. On va être capables d’annoncer la direction sportive dans les prochaines semaines. Il va y avoir la partie plus corporative, administrative. C’est une structure assez standard. On a travaillé avec des experts en soccer. »

Amy Walsh, ancienne joueuse du Canada aujourd’hui personnalité médiatique travaillant également avec l’académie féminine du CF Montréal, a été impliquée « personnellement » dans le projet, indique le communiqué publié ce mardi matin. Le conseiller Patrick Boivin a aussi pris part à la mise sur pied de la ligue et de l’équipe.

Vous aurez remarqué qu’il n’a toujours pas été question du nom et de l’identité du club. Ça viendra « dans les prochaines semaines », nous confirme-t-on.

De l’aide de Canada Soccer

Canada Soccer prévoit aider au financement de la ligue comme la fédération l’a fait pour la PLC, indique Diana Matheson. Et ce financement sera « équitable ». « Kevin Blue, dans son nouveau rôle de secrétaire général, a été fantastique, dit-elle. Ils ont dit qu’ils allaient nous aider, peu importe la façon. Blue travaille fort pour remettre cette organisation sur les rails et sur des bases solides. C’est un bon partenariat pour nous. »