Ses munitions offensives à sec, le CF Montréal a dû s’avouer vaincu 3-1 contre le Crew de Columbus, mercredi soir, au stade Saputo.

Difficile de rivaliser avec la puissante équipe de Wilfried Nancy lorsque même Mason Toye, ta dernière option en attaque entrée en deuxième mi-temps, doit sortir sur blessure après une seule course.

Il s’est ainsi ajouté à la longue liste d’artilleurs blessés chez le CFM. En plus de Matías Cóccaro, Josef Martínez, Kwadwo Opoku et Jules-Anthony Vilsaint – ce dernier était absent pour des raisons personnelles –, Sunusi Ibrahim est devenu le seul attaquant pouvant recevoir les services de ses coéquipiers en pointe mercredi.

« Il y a des questions qui doivent être posées, a lancé un Samuel Piette lucide et franc, après la rencontre. C’est difficile d’avoir autant de blessures. Et ça fait en sorte qu’on manque un peu de compétition à l’interne, qui permet de te pousser, de t’assurer que tu performes à ta hauteur et que tu mérites ta place quand arrive le jour de match. »

PHOTO ERIC BOLTE, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Samuel Piette

Piette a noté à plusieurs reprises un « manque d’engagement » de ses coéquipiers au cours de son allocution d’un peu moins de 10 minutes. « C’est dommage et frustrant », dit-il, parce qu’avec « un peu plus d’intensité », le CF Montréal aurait pu « faire mal » au Crew.

Est-ce que le manque de ressources offensives joue dans l’aspect mental des Montréalais, en ce sens que malgré tous leurs efforts, ils ont l’impression que la qualité n’y sera pas dans le dernier tiers ?

« Il y a peut-être ça », répond Piette, qui assure tout de même que son club « a confiance avec [ses] attaquants ».

« Trop souvent, il y a ce dernier geste qui manque, le centre, on ajuste mal la dernière passe, la frappe. »

Là-dessus, son entraîneur-chef Laurent Courtois est d’accord avec lui.

« On doit être un peu plus tueur, a avancé le Français. Est-ce que c’est de l’hésitation, ou un manque de reconnaissance, ou sur le moment un manque de qualité ? On va continuer de travailler pour insister là-dessus. »

« C’est ce qui me choque le plus »

Il y a bien Ariel Lassiter, formé en tant qu’ailier, qui peut dépanner à l’avant. Son occasion en or, un tir raté à la volée devant le gardien à la 11minute, aurait pu changer l’allure de la rencontre.

Mais sous Laurent Courtois, Lassiter est surtout utilisé comme latéral gauche. Avec le mandat de se replier en défense. Et on voit bien, depuis quelques matchs et encore plus mercredi, que ce n’est pas son point fort. Loin de là. Il a été battu à plusieurs reprises de cette façon, dont « bêtement » sur le deuxième but de Columbus, dixit Piette. Il ne l’a pas nommé, mais c’est pour ça qu’on est là.

« C’est ce qui me choque le plus », dit le capitaine, entré à la 58e. Le but du 2-1 a été marqué à la 59e.

« On perd [le ballon] sur un geste technique qui me semble quand même assez simple, et finalement, on doit revenir vers l’arrière. »

En voulant porter son équipe vers l’avant, Lassiter a envoyé le ballon sur un défenseur du Crew. S’en est suivie une contre-attaque létale qui a pris en défaut plusieurs Montréalais dont le repli défensif fera école pour les mauvaises raisons dans les prochains jours.

« Je trouve que ce sont des actions qui arrivent un peu trop souvent. […] Quand tu enchaînes ces erreurs techniques là, ça pèse sur le moral parce que tu dois revenir [et te dépenser] physiquement aussi. »

« C’est le talent qui parle »

Malgré tout, lorsque Mason Toye est sorti sur blessure après une course prometteuse à la 74e, les partisans montréalais ont eu droit à l’un des rares moments de réjouissances émanant de cette rencontre. Alessandro Biello, le fils de Mauro, a obtenu ses toutes premières minutes en MLS et au stade Saputo. Devant les yeux de son père, d’ailleurs, assis dans les gradins.

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Mathieu Choinière célèbre son but marqué lors de la première demie.

L’autre moment ? Le but sur penalty de Mathieu Choinière, à la toute fin de la première mi-temps. Une récompense gagnée au préalable par le défendeur Joaquín Sosa, qui a forcé le gardien Patrick Schulte à la faute avec une percée fulgurante en attaque, jumelée à une passe bien calibrée d’Ibrahim.

Après son tir réussi, le Québécois s’est caché les oreilles. Il s’est caché les yeux. Il s’est caché la bouche. Le confrère Nicolas Landry, de RDS, a remarqué la référence aux singes de la sagesse. « Ne pas voir le Mal, ne pas entendre le Mal, ne pas dire le Mal », dit la maxime.

« Tout ce que j’ai à dire, c’est que c’est le talent qui parle », a commenté Choinière devant les journalistes, ensuite.

C’était la première fois en trois semaines qu’il s’adressait aux médias, alors qu’il a été au centre d’une rumeur de demande de transaction du CF Montréal, le 1er mai dernier, que l’on présume en raison de négociations de contrat qui ont achoppé. A suivi le départ du directeur sportif Olivier Renard et une certaine crise à gérer chez le CF Montréal.

« J’ai envie de me donner à 100 % ici, pour tous les matchs que j’ai à jouer. On a tous vu ce qui s’est passé. Ce ne sont que des rumeurs. J’ai envie de tout donner pour le club. »

Nancy et le Crew, comme à leur habitude

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Aidan Morris (8) et l’entraîneur-chef du Crew Wilfried Nancy

À Montréal, Wilfried Nancy nous avait habitués à un style de jeu basé sur la possession. Ses équipes du CFM en engrangeaient toujours près de 60 %.

C’est exactement ce que le Crew est venu faire en visite dans la métropole québécoise, mercredi. Il faut aussi dire que Laurent Courtois avait opté pour une formation de rotation, alors que Montréal joue carrément tous les trois jours en mai. C’était le cas des visiteurs aussi, qui ont notamment reposé l’as buteur Cucho Hernández.

Et ça a porté ses fruits rapidement. Max Arfsten s’est emparé d’un retour dans la surface pour faire 1-0 à la 19minute.

Malgré quelques soubresauts montréalais ici et là, notamment en fin de match, la troupe de Nancy n’a pas été trop inquiétée. Jusqu’à marquer le but d’assurance, du pied de Marino Hinestroza, à la 89e.

Voilà donc le CF Montréal sur une seule victoire en neuf matchs, et sur trois défaites de suite. Et avec les matchs qui s’enchaînent, la tâche ne sera pas plus facile dans les prochaines semaines. Un derby intense contre le Toronto FC l’attend dès ce samedi, dans la Ville Reine.

« Connaissant John Herdman, note Piette, il va y avoir beaucoup d’émotions, beaucoup d’engagement. Nous, il va falloir répondre un peu plus présent. Dans les duels, dans la mentalité. »

C’est drôle que Piette parle de duel. Parce que récemment, il n’y a eu de la place que pour un seul shérif dans les villes où joue son club. Et ce n’est pas le CF Montréal.

En hausse : Dominic Iankov

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Dominic Iankov

On l’a trop peu vu depuis le début de la saison, mais Iankov, lorsqu’il est sur le terrain, montre des flashs offensifs intéressants. Il a obtenu le départ mercredi, et n’a pas mal paru, dans son rôle, malgré l’écart de talent béant de son groupe face aux adversaires. Le problème est qu’il peut fouler le terrain à peu près un match sur deux jusqu’à maintenant, si ce n’est pas moins.

En baisse : Rida Zouhir

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Rida Zouhir et Mathieu Choiniere

Pour un joueur qui cherche à obtenir plus de minutes et s’imposer avec le grand club, enfin, cette saison, il ne nous a pas semblé assoiffé de se porter vers l’avant et de faire le jeu clé, mercredi. Lorsqu’il a touché le ballon, il s’est satisfait de jogger sur quelques enjambées, et de repasser doucement vers les deux couloirs.