La négociation de contrat n’est ni le champ d’expertise ni du ressort de Laurent Courtois. En revanche, l’entraîneur-chef du CF Montréal a bien fait comprendre où il se tient dans l’affaire Mathieu Choinière, vendredi.

« Il mérite d’être valorisé à sa valeur », a-t-il répondu à l’une des nombreuses questions portant sur ce sujet, avant l’entraînement au Centre Nutrilait.

« Je ne sais pas sa situation contractuelle, ça ne me regarde pas. Ou je la savais, et je l’ai oubliée, parce que ce n’est pas ça qui m’intéresse. »

Rappelons-la, à vous comme à Courtois, s’il nous lit.

En 2022, Mathieu Choinière a signé une prolongation de contrat jusqu’en 2024, assortie d’une année d’option le liant potentiellement au club jusqu’en 2025. À l’époque, il peinait encore à faire sa place dans le onze partant de Wilfried Nancy. Les chiffres de la saison dernière, que l’association des joueurs publie deux fois par année, montrent que le Québécois obtenait un salaire d’environ 275 000 $.

Choinière est aujourd’hui un partant indiscutable de l’équipe, le joueur par excellence du club en 2023, en plus d’être sélectionné pour le match des Étoiles.

Dans la ligue, ce type de joueur obtient, en général, de 500 000 $ à 800 000 $, et certains sont même des joueurs désignés avec des compensations dépassant le million de dollars.

Ce qui nous amène à mercredi dernier. L’histoire est sortie comme une bombe : le journaliste Tom Bogert, de The Athletic, a révélé que le milieu de terrain québécois aurait demandé un échange du CF Montréal. Bogert, l’informateur le mieux branché de la MLS, a ajouté que les discussions étaient au point mort depuis des mois. Il faut toutefois noter, à nouveau, que le contrat de Choinière ne vient à échéance qu’en 2025.

D’ailleurs, alors que l’entraînement se mettait en branle vendredi, la journaliste Christine Roger, de Radio-Canada, a indiqué sur X que les demandes contractuelles de Mathieu Choinière étaient de 600 000 $, alors que le club lui a offert 350 000 $ en 2024.

Donc voilà. Interrogé là-dessus vendredi, Courtois a soutenu que ces tergiversations ont lieu mondialement dans le soccer professionnel.

« Des discussions entre joueurs et club pour améliorer leur situation contractuelle, ça arrive partout, dit-il. Ça n’a pas besoin d’être toujours sur la place publique. Je ne sais pas la véracité de l’exacte rumeur qui est sortie. Moi, le club ne m’a rien dit. Mathieu ne m’a rien dit. Je discute avec les deux tous les jours. »

PHOTO JEFF DEAN, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

L’entraîneur-chef Laurent Courtois, lors d’un match contre le Crew de Columbus, le 27 avril dernier

On lui demande s’il pense que Choinière veut réellement quitter le club, ou s’il ne s’agit effectivement que d’une tactique de négociation.

« Tu connais la réponse, rétorque-t-il à La Presse en riant. Tout le monde aime Mathieu, tout le monde veut qu’il soit valorisé, tout le monde veut qu’il reste ici. »

« Il n’a pas envie… » On se doute que Courtois était sur le point de dire que Choinière n’avait pas réellement envie de quitter Montréal, mais il s’arrête juste avant. Et s’esclaffe de nouveau.

« Ne me fais pas dire de connerie, parce que je vais la dire ! rigole-t-il. Pourquoi tu fais ça ? »

Plus sérieusement, l’entraîneur-chef estime que son milieu de terrain est « clairement très, très important pour [lui], pour le club, pour la ville ».

« Si mes gars sont valorisés à leur propre valeur, ça veut dire qu’on travaille bien, et c’est ce que je souhaite pour eux. »

« 100 % professionnel »

Choinière a été l’un des premiers à fouler la pelouse du Centre Nutrilait, vendredi matin. Il a tranquillement jonglé avec le ballon avant d’aller faire quelques tirs en solo, puis d’aller rejoindre ses coéquipiers pour s’activer physiquement. Rien d’anormal.

Ses coéquipiers n’ont rien ressenti de différent de sa part non plus depuis les derniers jours.

« Je ne pense pas que c’est le genre de joueur qui va changer la façon dont il se comporte sur et hors du terrain, a indiqué Ariel Lassiter. Encore moins avec les gars. Il est 100 % professionnel dans tout ce qu’il fait. »

Courtois a remarqué la même chose.

Mathieu, ça ne va rien changer. Il va courir partout tout le temps. Il va râler et s’amuser toujours comme un enfant. Et je veux qu’il reste comme ça.

Laurent Courtois, entraîneur-chef du CF Montréal

George Campbell l’a quant à lui décrit comme une « machine ».

« Il peut toujours jouer les matchs au complet, couvrir du terrain, souligne le défenseur. Tout le monde aime jouer avec lui. C’est l’un des joueurs les plus importants que l’on a. »

« Peu importe ce que l’avenir lui réserve, j’espère que ce sera le mieux pour lui à la fin, ajoute Lassiter. C’est ce type de business. Ce ne sont pas tous les joueurs qui peuvent rester à un seul club pour toute leur carrière. C’est assez rare. »