« C’est un cheval de bataille qui n’est pas juste le nôtre. C’est un cheval de bataille que notre sport doit embrasser et prendre à bras le corps. » Le Grand Prix du Canada, et plus largement le sport automobile, agit afin de réduire son impact environnemental, assure le promoteur de l’épreuve canadienne, François Dumontier. Discussion en quatre chapitres.

Comme chaque année, quelques jours avant le Grand Prix du Canada, La Presse passe un coup de fil à François Dumontier. On parle des améliorations et des nouveautés, qu’elles soient sur le circuit, dans les gradins ou en arrière-scène.

Cette année, Dumontier a beaucoup de choses à nous dire en matière d’environnement et de développement durable. « C’est un sujet qui est discuté au quotidien, soutient-il. Quand on pense à quelque chose, qu’on prend des décisions, maintenant, ça en fait partie. »

« Au niveau de la Fédération internationale de l’automobile (FIA), il existe des programmes d’étoiles octroyées à des évènements sanctionnés par la FIA, explique-t-il. Nous, on a travaillé en fonction d’un des programmes et on devrait obtenir, avant l’évènement, deux étoiles de la FIA [sur une possibilité de trois]. »

En matière d’améliorations récentes, le promoteur note la réduction du nombre de génératrices utilisées sur le site du Grand Prix.

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François Dumontier, promoteur du Grand Prix du Canada

« Dans le passé, il y avait des zones sur le site qui n’étaient pas desservies par l’hydroélectricité, donc ça prenait une génératrice, note-t-il. Et en plus, il faut toujours mettre en contexte qu’on travaille au niveau international. Les équipements de la F1 qui font le tour du monde et qui arrivent ici ont du courant européen. »

Dans la zone publique du circuit Gilles-Villeneuve, où circulent les quelques centaines de milliers de spectateurs, les différents équipements – kiosques, jeux, simulateurs, etc. – ont notamment longtemps fonctionné avec le courant européen.

« Étant donné qu’on a plusieurs courses en Amérique du Nord, il y a maintenant un kit nord-américain pour les partisans sur le site. On a réussi à couper plusieurs génératrices à ce chapitre-là. »

Le Grand Prix du Canada continue également ses efforts en ce qui concerne le gaspillage alimentaire. Tout au long de l’évènement, la Tablée des chefs sillonne le paddock, les loges et les concessions afin de récupérer les surplus de nourriture et de les offrir à des organismes communautaires locaux. La Presse avait d’ailleurs accompagné l’équipe de la Tablée des chefs lors de sa tournée matinale l’année dernière.

« On essaie de s’améliorer chaque année », affirme Dumontier. Il note également l’ajout de stations permettant aux visiteurs de remplir leur gourde d’eau, ainsi que de zones d’ombre sur le site.

Lueur contre l’exploitation sexuelle

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Le Grand Prix du Canada a fait appel au programme Lueur du Phare des AffranchiEs.

Chaque année, le Grand Prix du Canada suscite des discussions sur la prostitution, un phénomène exacerbé lors de cette fin de semaine du calendrier. À ce sujet, François Dumontier insiste : « Comme organisation, on est opposé à toute forme d’exploitation sexuelle. Je le dis juste au sens large, mais que ce soit la violence, le harcèlement… on est contre ça. Nous, comme organisation, on est concentrés au circuit Gilles-Villeneuve. Nous, on organise la course. C’est sûr que ce n’est pas dans nos valeurs d’encourager ça. »

Afin de fournir sa part d’efforts dans la lutte contre l’exploitation sexuelle, le Grand Prix a fait appel au programme Lueur du Phare des AffranchiEs, mis en place à la demande du ministère du Tourisme du Québec. Avec des formations gratuites, il vise à sensibiliser le personnel et les bénévoles à la question de l’exploitation sexuelle. Le programme est accessible aux promoteurs de festivals et d’évènements touristiques depuis le mois de mai.

« Tous les employés vont suivre ce programme-là, dit le promoteur. On va faire une mise à jour chaque année. […] Si on voit quelque chose, qu’on constate quelque chose, comment on réagit ? Nous, on contrôle l’île. Je sais que l’association des hôtels du Grand Montréal suit le même programme que nous pour essayer d’enrayer ce phénomène-là.

« On a aussi eu des discussions en amont cette année avec le ministre de la Sécurité publique, la ministre du Tourisme, la police de Montréal… »

Léger changement

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Le circuit Gilles-Villeneuve à Montréal

Selon François Dumontier, la préparation du site s’est bien déroulée cette année. Certains travaux d’asphaltage ont été nécessaires à l’automne, alors que des bassins de rétention ont été ajoutés « un peu partout autour du circuit » afin d’éviter les accumulations d’eau.

Sur le circuit, il n’y a eu qu’un seul changement, qui n’aura cependant aucun impact pour les pilotes. À la demande de la FIA, la ligne droite précédant le virage sous le pont de la Concorde a été abaissée afin d’agrandir l’écart entre la piste et le dessous du pont.

« On est allé chercher l’écart qu’on voulait sous le pont, mais il a fallu qu’on abaisse le circuit d’environ un demi-mètre sur environ 1,1 km [en amont du pont]. On roule dessus et on ne s’en aperçoit pas. »

Dans le cas où une collision devait survenir dans la zone de freinage, et qu’une voiture devait être projetée dans les airs, elle aurait ainsi moins de risques de toucher le dessous du pont.

La prédiction de Dumontier

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Oscar Piastri au Grand Prix de Monaco

Le Grand Prix du Canada est à pleine capacité encore cette année. En date de vendredi, il ne restait que quelques billets en admission générale pour les essais libres du vendredi et les qualifications du samedi. « On a des partisans vraiment fidèles », souligne Dumontier.

Le spectacle devrait être intéressant pour cette 9e course de 24, considérant l’écart qui s’est resserré au championnat des constructeurs au cours des dernières épreuves.

« Quand tu regardes l’histoire, le circuit a produit de belles courses. Il y a des choses qui se sont passées à Montréal qui sont arrivées juste à Montréal. […] Dans l’histoire, on a quand même six pilotes qui ont gagné leur première victoire à vie à Montréal, à commencer avec Gilles. »

Il y a eu Gilles Villeneuve en 1978, Thierry Boutsen en 1989, Jean Alesi en 1995, Lewis Hamilton en 2007, Robert Kubica en 2008 et Daniel Ricciardo en 2014. Pourrait-il y en avoir un septième en 2024 ?

« Si tu demandes ma prédiction, je vais y aller avec Oscar Piastri », lâche Dumontier.