Entre sa participation – et sa victoire ! – à une émission de téléréalité et sa tentative de qualification aux Jeux olympiques de Paris, Cédric Fofana a eu une année mouvementée. La Presse est allée aux nouvelles.

Cédric Fofana n’a pas l’habitude de se faire reconnaître dans la rue. C’est un peu plus fréquent récemment. « C’est arrivé à l’épicerie, au Piknic Électronik… », lâche le plongeur au bout du fil.

Cette popularité soudaine est attribuable à sa récente participation à la première édition québécoise de l’émission Les Traîtres, à Noovo. Le concept : 20 invités de domaines d’emploi variés sont réunis dans un manoir et doivent identifier qui, parmi eux, sont les traîtres. Le tournage, qui a eu lieu à l’été 2023, a duré 12 jours. Et Fofana fait partie des trois gagnants.

« J’étais vraiment là pour vivre l’expérience, nous explique l’athlète. […] Que je sorte en premier, en deuxième ou en dernier, pour moi, ce n’était vraiment pas grave. J’étais juste là pour le fun. En plus, ça adonnait que c’était pendant mes vacances de plongeon. Je me disais : je vais le faire, pourquoi pas ? »

Fofana s’est lié d’amitié avec d’autres participants et, lentement mais sûrement, il a pris sa place autour de la table ronde – moment où les joueurs devaient s’éliminer entre eux – jusqu’à atteindre la fin du jeu.

Les trois gagnants se sont séparé une cagnotte de 92 500 $. Le plongeur compte utiliser une partie de sa part pour payer des dépenses reliées à son sport ; le reste a été placé. À 20 ans, il entame sa vie d’adulte avec quelque 30 000 $ bien investis.

Comme bien des Québécois, Fofana a visionné les épisodes au cours des dernières semaines. Et il a aimé ce qu’il a vu.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Cédric Fofana

« Je suis très content parce que c’est vraiment la personne que je suis. J’aurais pu commencer à me donner en spectacle, mais pas du tout. Ce n’est pas dans ma nature. Ça me vient naturellement de sortir de ma coquille. Que ça ait pris un peu plus de temps, ça me va aussi. »

« Je trouve que je parais quand même bien aussi ! enchaîne-t-il. La caméra aurait pu me donner un troisième œil, mais non ! Finalement, je suis content de ce qui est ressorti, autant personnellement que physiquement. »

Fofana n’a pas participé à cette expérience dans le but d’en ressortir grandi, dit-il, mais il a tout de même appris qu’« être soi-même, c’est payant ». « J’apprends vraiment que même si on te met dans des circonstances extrêmes, c’est ta vraie nature qui ressort et tu ne peux pas agir contre ça. »

Le parcours inversé

Les plus à l’affût se souviendront peut-être de la participation de Cédric Fofana aux Jeux olympiques de Tokyo, en 2021. Le plongeur, qui n’avait que 17 ans à l’époque, s’est retrouvé sans entraîneur en raison d’un problème administratif. Il a paniqué et raté la plupart de ses plongeons, concluant au tout dernier rang.

Cette déconvenue survenue au pire moment, devant toute la planète, l’a affecté bien au-delà des Olympiques…

« Avant, c’était comme un fardeau. Chaque fois que j’allais à une compétition, je pensais juste à ça. […] Qu’est-ce qui arrive si je refais la même chose ? C’était tellement out of this world que tu ne peux quasiment pas faire pire. Voyons ! Plongeons manqués, tout enchaîner les flops… Ça m’a pris quand même longtemps me sortir de ça. »

PHOTO ANTONIO BRONIC, ARCHIVES REUTERS

Cédric Fofana aux Jeux olympiques de Tokyo, en 2021

En 2022, aux Jeux du Commonwealth, il se crispait quand venait le temps de plonger. Les pensées étaient incontrôlables. Puis, au début de l’été 2023, lors d’une compétition en Italie, il a enfin réussi à passer à autre chose. « J’étais comme : heille, c’est poche, mais passe à autre chose. »

Ce qu’il faut comprendre, c’est que Fofana n’a pas eu un parcours de plongeur typique. « J’ai tout fait à l’envers », lâche-t-il.

À 17 ans, quand il a fait sa place aux Jeux olympiques, il n’avait pas encore participé aux Jeux du Commonwealth, aux Jeux panaméricains ou aux Championnats du monde. Des compétitions d’envergure auxquelles prennent normalement part les athlètes avant d’aller aux Olympiques.

« C’est sûr que ça m’a fait grandir à une vitesse folle. Mon coach me dit tout le temps ça : t’es passé du primaire à l’université directement. »

« Un vent de fraîcheur »

Depuis Tokyo, Fofana a repris le parcours normal d’un plongeur de haut niveau.

En décembre, il a pris part aux Championnats nationaux à Winnipeg. Sa deuxième place lui a valu une qualification pour les Championnats du monde à Doha, au Qatar.

Le plongeur s’y est rendu dans l’espoir d’obtenir sa place aux Jeux olympiques de Paris. Sauf qu’il s’agissait de ses premiers Mondiaux. Il n’a pas mal fait, mais sa 32place ne lui a pas permis de décrocher son billet pour la capitale française.

« Je suis allé aux Jeux à 17 ans, donc techniquement, je serais censé être dans la game un peu plus, mais je reste vraiment nouveau là-dedans. À 20 ans, d’habitude, soit t’es en train de cheminer pour aller aux Jeux, mais tu n’y es pas encore allé, ou t’as fait d’autres compétitions [internationales] avant. »

Le Montréalais était déçu, évidemment, mais il sait très bien qu’il a encore beaucoup de temps devant lui. La saison 2023-2024 a été comme « un vent de fraîcheur ». Tranquillement, il commence à « faire [sa] place à l’international ». « J’avais juste besoin de vivre d’autres compétitions internationales avant d’aller directement à la plus grande. »

La « rédemption » viendra, et elle ne sera que plus savoureuse.