Être beau ou belle, mince, avoir des dents blanches et une belle peau… La campagne Être au-delà du paraître, organisée par l’organisme ÉquiLibre et se déroulant du 10 au 14 juin, nous invite à prendre conscience des pressions à se conformer aux normes sociales de beauté.

Même si l’ancienne Journée sans maquillage a connu du succès depuis sa création en 2010, l’organisme à but non lucratif ÉquiLibre, qui a pour mission de favoriser le développement d’une image corporelle positive, souhaite être plus inclusif et a reformulé le titre de sa campagne. « L’objectif est le même : faire réfléchir sur la place qu’on accorde à l’apparence, une place qui est souvent démesurée dans notre société. Être au-delà du paraître, c’est se rendre compte que les pressions liées à l’apparence ne se limitent pas au maquillage, elles incluent le contrôle du poids, les vêtements à la mode, la chirurgie esthétique », explique Andrée-Ann Dufour Bouchard, nutritionniste et cheffe de projets chez ÉquiLibre.

La comédienne et animatrice Marie Soleil Dion, porte-parole d’ÉquiLibre, estime que l’espace mental qu’occupe l’apparence est encore trop grand dans notre quotidien, car la beauté ne se résume pas au physique. « Notre apparence ne doit pas nous définir, c’est un des éléments qui font partie de nous, mais on a tellement d’autres caractéristiques, on a une personnalité, des qualités, des intérêts, des passions, des goûts, des amis, et l’apparence fait partie de cet ensemble. Il faut essayer d’y accorder moins d’importance », estime-t-elle. Pour s’en convaincre, on peut se demander ce qu’on apprécie chez les autres. « Leur apparence ? Leur peau ? Leur corps ? Non ! On apprécie chez nos amis leur personnalité, leur générosité, leur sens de l’humour, c’est ce qu’il faut se rappeler ! », affirme-t-elle.

L’impossible perfection

Selon un sondage Léger commandé par ÉquiLibre et réalisé en 2023, 76 % des Québécois sont d’accord pour dire que les standards de beauté véhiculés dans les médias sont irréalistes. Pourtant, 29 % des 18-34 ans ressentent souvent ou toujours de la pression pour ressembler aux standards de beauté. « Même si on sait que ce n’est pas réaliste, on a tendance à vouloir ressembler à cet idéal de beauté : avoir un corps musclé, les cheveux bien coiffés, les dents blanches, la peau jeune et lisse, alors que ça peut nuire à l’estime de soi et à notre bien-être », analyse Andrée-Ann Dufour Bouchard.

La conception de la beauté a évolué, mais il reste encore beaucoup de travail de conscientisation. « Les préjugés grossophobes sont davantage dénoncés tout comme les commentaires déplacés sur le poids, il y a plus de diversité corporelle, mais il reste que l’image représentée dans les films, les médias et les séries, ça n’a pas tant évolué que ça. C’est encore une personne jeune, mince, bien habillée et ça contribue à entretenir l’illusion de perfection », constate Andrée-Ann Dufour Bouchard.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Marie Soleil Dion

Les réseaux sociaux contribuent également à cette obsession. « On est bombardé, au quotidien, d’images retouchées où des filtres ont été utilisés et on veut ressembler à une image qui n’existe pas », se désole Marie Soleil Dion. « Et en plus on parle de plus en plus tôt de chirurgie esthétique et de Botox, dès l’âge de 20 ans », ajoute-t-elle.

La campagne Être au-delà du paraître propose la vidéo de sensibilisation Sois toi, où il est question de se libérer des pressions liées à l’apparence en restant soi-même. Il est aussi possible d’écouter l’épisode de la balado Miser sur l’être plutôt que le paraître : oui mais comment ? où Marie Soleil Dion et la psychologue Janick Coutu donnent leur point de vue sur la question de l’apparence.

« J’ai 40 ans et je me dis qu’il faut que les jeunes se libèrent de cette pression ! Peut-être qu’on gâche des moments de notre vie parce que nous avons cette obsession de la beauté, où on se dit : oh je ne me sens pas assez beau ou assez belle ? C’est beaucoup trop d’énergie et de temps qu’on consacre à notre apparence alors qu’on pourrait faire autre chose de plus productif ! », conclut Marie Soleil Dion.

Consultez le site d’ÉquiLibre