Terrebonne et Deux-Montagnes doivent composer avec l’homme d’affaires déchu à propos de développement immobilier

À peine sorti du pénitencier, Tony Accurso se retrouve à nouveau au cœur de grosses discussions sur ses propriétés dans deux villes de la couronne nord de Montréal. Terrebonne tente tant bien que mal d’éviter de lui payer des millions de dollars pour exproprier son entreprise d’un terrain inclus dans son « Corridor de la biodiversité ». Et à Deux-Montagnes, son fils veut profiter du nouveau zonage pour construire 10 immeubles résidentiels de 3 à 15 étages, en lieu et place du vaste domaine familial au bord du lac.

Jusqu’en février, Accurso purgeait sa peine pour corruption. Pour sortir de prison, il a promis qu’il ne toucherait plus aux contrats publics et assuré n’avoir « aucune intention d’exploiter une entreprise ». La Commission des libérations conditionnelles lui a toutefois accordé une exception de taille : il peut « conseiller » ses enfants et gérer les vastes propriétés qu’il possède déjà, qui totalisent 47 millions de dollars en évaluation municipale.

Stratégiquement situées, ces propriétés lui appartiennent toujours, à lui-même ou à ses entreprises. Au terme de longues et complexes procédures d’insolvabilité, l’ex-magnat de la construction a réussi à les préserver des griffes de ses créanciers, Québec, Ottawa et les villes de Montréal et de Laval, qui lui réclamaient 139 millions au total.

Aujourd’hui, Tony Accurso, 72 ans, compte les revendre, avec la bénédiction de la Commission des libérations conditionnelles.

La Presse a tenté de s’entretenir avec Tony Accurso ou son fils Giovanni, 35 ans, dans le cadre de ce reportage. Ils ont décliné nos demandes par l’entremise des avocats du patriarche.

Sauvé par un ex-associé

Tony Accurso a réussi à conserver le gros de ses propriétés grâce à un ancien associé, Walter Martinello, ex-président de son ancienne entreprise Louisbourg Pipelines. C’est lui qui lui a prêté tout près de 50 millions pour rembourser ses créanciers publics, à travers une fiducie anonyme, rapportait La Presse en octobre 2023.

Les gouvernements réclamaient presque trois fois plus, mais ils ont accepté cette somme pour éviter d’avoir à poursuivre de coûteuses procédures judiciaires pour prouver leurs créances.

Aujourd’hui, Accurso doit toutefois trouver l’argent pour rembourser son ancien partenaire.

Terrains du Quartier chinois

En plus des terrains de Terrebonne et de Deux-Montagnes qui se retrouvent au cœur des discussions avec ces deux municipalités, ces actifs sauvés de la faillite incluent un lieu de choix à Montréal, à l’angle des boulevards Saint-Laurent et René-Lévesque, au pied de la tour d’Hydro-Québec.

La société en commandite 1111 Saint-Laurent d’Accurso l’a mis sur le marché, mais la Ville a inscrit un droit de préemption sur les terrains, « aux fins d’habitation, notamment de logement abordable ».

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Le terrain vague du Quartier chinois qu’une société de Tony Accurso tente de vendre

La municipalité n’a toutefois aucun plan précis pour les lots, qu’elle évalue à 15 millions. « La Ville ne fait pas de planification spécifique sur les immeubles visés par le droit de préemption, explique le porte-parole Hugo Bourgoin. La Ville analyse les opportunités au moment où cette transaction lui est soumise. »

Il précise également que l’arrondissement de Ville-Marie n’a reçu « aucune demande de permis, ni présentation de projet » pour les lots.

Avec la collaboration de Louis-Samuel Perron, La Presse