Les Québécois mettront le cap sur l’étranger en grand nombre, mais ils ne déserteront pas pour autant leurs régions cet été. La saison estivale s’annonce bonne aux quatre coins du Québec, malgré l’inflation qui gruge le budget vacances.

L’enthousiasme en baisse

L’enthousiasme des Québécois pour visiter le Québec est en baisse. La part de ceux qui passeront leurs vacances au Québec est passée de 74 % en 2022 à 58 % en 2023 et à 54 % cet été, selon un sondage de la Chaire de tourisme Transat de l’Université du Québec à Montréal. Après le confinement pandémique qui a limité les voyages, il s’agit d’un retour à la normale attendu, estime Mitchel Dion, directeur général de Tourisme Charlevoix. « On ne retrouvera pas le nombre de visiteurs de 2021-2022, mais ça se présente très bien quand même pour cette année. » La région de Charlevoix est la deuxième destination de choix des touristes québécois en 2024, derrière Québec qui trône au sommet.

Des séjours plus courts

L’impact de l’inflation sur le revenu disponible des ménages québécois est perceptible dans l’industrie du tourisme. « On sent que les gens veulent réduire leurs dépenses, dit Lysandre Michaud-Verreault, de Tourisme Cantons-de-l’Est, notamment en choisissant des séjours plus courts. Les réservations de dernière minute sont aussi en hausse, parce que la météo joue un rôle important dans la décision de venir dans une région où les activités de plein air et l’agrotourisme abondent. « Tout coûte plus cher, renchérit Stéphanie Thibaud, de Tourisme Gaspésie, alors on fait des propositions de plus courts séjours. »

Moins de monde aux Îles

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

L’archipel reçoit en moyenne 60 000 visiteurs pendant l’été, un nombre qui avait grimpé à 72 000 en 2022.

Les Îles-de-la-Madeleine restent une destination prisée des Québécois, mais le nombre de réservations sur le traversier qui permet d’accéder à l’archipel est en baisse comparativement à l’an dernier. Les réservations sont en baisse de 6 % pour le mois de juillet comparativement à la même période l’an dernier, indique Claudia Delaney, directrice des communications et du marketing du transporteur maritime CTMA. « Pour les mois de juin à septembre inclusivement, on note une baisse d’achalandage globale d’environ 3 % à l’heure actuelle, en comparaison à la même période l’an dernier. » L’archipel reçoit en moyenne 60 000 visiteurs pendant l’été, un nombre qui avait grimpé à 72 000 en 2022. Les élus municipaux ont jonglé avec l’idée d’imposer une redevance de 30 $ par visiteur pour faire face à l’afflux touristique, une idée qui a été transformée en contribution volontaire.

Un budget de 1214 $

Le coût élevé des vacances au Québec est une des principales raisons invoquées par les Québécois pour prendre leurs vacances ailleurs. Selon la Chaire de tourisme Transat, les Québécois prévoient dépenser en moyenne 1214 $ pour leurs vacances au Québec. Les destinations de proximité sont avantagées dans le contexte économique actuel, estime Lysandre Michaud-Verreault, porte-parole de Tourisme Cantons-de-l’Est, qui a augmenté aussi son offre d’activités gratuites. La région a vécu un été avant l’heure avec l’éclipse solaire du 8 avril, qui a fait affluer les visiteurs de partout, notamment des États-Unis. « C’est une clientèle qui nous a découverts, qui dépense plus et qui va revenir », dit la porte-parole.

Des vedettes durables

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Les réservations pour les croisières aux baleines sont stables.

Les prêts-à-camper de la SEPAQ, pris d’assaut pendant la pandémie, sont toujours aussi populaires. Plus de 60 % des hébergements de ce type dans le réseau étaient déjà réservés à la fin de juin, a fait savoir la porte-parole Olivia Jacques. La SEPAQ s’attend à une saison meilleure que la précédente, qui a été perturbée par des incendies de forêt et des inondations sur le territoire. De même, des activités comme les croisières aux baleines à Tadoussac ne semblent pas touchées par le contexte économique, selon Lucie Charland, vice-présidente de Croisières AML. « Les réservations sont assez comparables à celles de l’année dernière », indique-t-elle. Les touristes iront peut-être moins au restaurant et ils raccourciront leur séjour, mais ils iront voir les baleines parce qu’il s’agit d’un produit d’exception, estime-t-elle.