(Saint-Jérôme) Un préposé aux bénéficiaires a profité de la vulnérabilité d’une patiente intoxiquée pour l’agresser sexuellement sur sa civière en plein corridor à l’hôpital de Saint-Eustache. Au procès, il a tenté de faire croire que la patiente l’avait suivi dans le stationnement pour l’enjôler.

Ce qu’il faut savoir

Un préposé aux bénéficiaires a agressé sexuellement une patiente vulnérable dans le corridor de l’hôpital de Saint-Eustache en 2021.

L’accusé a tenté de faire croire que la victime l’avait enjôlé pour avoir une relation consensuelle.

Jean-Élie Paul est accusé d’avoir agressé sexuellement une autre femme en 2023 et d’avoir épié des personnes âgées sous sa responsabilité.

Jean-Élie Paul a été reconnu coupable d’un chef d’agression sexuelle vendredi au palais de justice de Saint-Jérôme. Le résidant de Charlemagne de 46 ans n’en a pas fini avec la justice, puisqu’il est accusé de voyeurisme et d’agression sexuelle dans deux dossiers à Joliette. Il aurait notamment épié des « personnes âgées sous sa responsabilité » dans plusieurs villes de la couronne nord en 2021 et en 2022.

PHOTO FOURNIE PAR LA SÛRETÉ DU QUÉBEC

Jean-Élie Paul

La victime se retrouve à l’hôpital de Saint-Eustache en raison de sa consommation excessive d’alcool en septembre 2021. Son conjoint avait fait les démarches pour qu’elle s’y rende. La trentenaire est alors placée sur une civière, dans le corridor des urgences. Elle n’a qu’un rideau pour protéger son intimité.

Jean-Élie Paul, un préposé aux bénéficiaires, travaille dans un autre secteur de l’hôpital ce jour-là. Il s’arrête toutefois auprès de la victime pour lui parler. Il la touche une première fois à la poitrine de « manière déplacée ». Les souvenirs de la femme sont toutefois approximatifs en raison de son état d’ébriété.

Mais la femme se rappelle très bien l’agression. L’accusé monte sur elle, sur la civière, et l’agresse sexuellement. La femme est alors consciente, mais très faible et vulnérable. Elle dénonce la situation à une infirmière, qui n’a pas de réaction.

Plus tard, Jean-Élie Paul revient la voir sur la civière. Il lui demande de le suivre. Elle sort de l’hôpital en jaquette avec son agresseur en direction du stationnement. Elle pense que l’accusé va lui expliquer ce qui s’est passé. Mais Jean-Élie Paul lui dit plutôt de ne jamais en parler. Il insiste d’ailleurs pour répéter les gestes.

Le juge François Landry a retenu le témoignage « honnête et sincère » de la victime. Même si elle n’a pas beaucoup de souvenirs des évènements, elle se souvient bien du visage de l’accusé et de la pénétration, retient le juge.

Par ailleurs, la preuve d’ADN démontre qu’il y a eu relation sexuelle.

Un récit abracadabrant

Au contraire, le juge n’a pas cru le récit de Jean-Élie Paul. Selon sa version, la victime l’a interpellé dans le corridor pour lui demander de prendre de l’air. Il lui a dit qu’elle pouvait sortir. Quand l’accusé a terminé son quart de travail, la victime l’a suivi jusqu’à son véhicule pour discuter.

La suite de la version de Jean-Élie Paul est surprenante : la victime lui palpe les muscles et lui demande s’il pratique du sport. Entreprenante, la femme prend les mains de l’accusé pour les placer sur ses seins. Elle s’offre ensuite à lui en ouvrant les jambes et consent à une relation sexuelle sans condom dans le véhicule de l’accusé.

Cette version abracadabrante a toutefois été démontée par une caméra de surveillance.

L’accusé prétendait n’avoir vu la victime dans la foule que lorsqu’elle a agité ses bras en l’appelant par son nom. Or, sur les images, on peut voir la victime suivre de près l’accusé, alors qu’ils sont pratiquement seuls devant l’hôpital.

« Le Tribunal ne croit pas l’accusé que la plaignante l’a interpellé par son nom. Il est surprenant qu’un préposé aux bénéficiaires donne son nom à une patiente, et surprenant qu’elle ait retenu ça. Et la vidéo montre qu’il ne s’est jamais retourné », a analysé le juge.

Joint par La Presse, le Centre intégré de santé et de services sociaux des Laurentides précise que Jean-Élie Paul n’a jamais été employé du CISSS. On peut ainsi supposer que l’homme travaillait pour une agence.

Le dossier a été remis en septembre prochain en vue des observations sur la peine. Jean-Élie Paul demeure libre d’ici là. MCatherine Perreault pilote le dossier pour la Couronne, alors que MRaphaël Tassé-Gagnon défend le délinquant.

En juillet 2023, la Sûreté du Québec avait fait un appel au public pour rechercher d’autres victimes potentielles de Jean-Élie Paul. Le corps policier disait avoir des raisons de croire que l’homme ait pu faire des victimes à Montréal et dans la couronne nord. Toutefois, le communiqué ne faisait aucune mention de l’emploi de l’accusé.