Après avoir tenté d’éviter l’inévitable pendant six mois, trois dirigeants de l’un des plus gros réseaux de production de GHB au pays ont finalement reçu leur peine de détention vendredi. Les criminels de la couronne nord de Montréal ont multiplié les requêtes toute l’année dans l’espoir de retirer leur plaidoyer de culpabilité.

« C’est le retour à la case départ », a illustré le procureur de la Couronne MSteve Baribeau vendredi matin, au palais de justice de Saint-Jérôme, devant la juge Kathlyn Gauthier.

La case départ, c’était le 29 janvier dernier. Jean-Philippe Robitaille (peine de 5 ans), Éric Matte (6 ans) et Sébastien Turcotte (7 ans) devaient alors être condamnés à des peines de cinq à sept ans de pénitencier. Ce règlement avait été conclu deux mois plus tôt. Les trois trafiquants avaient reconnu leur culpabilité à plusieurs chefs en échange de cette suggestion commune de peine.

Or, les trois hommes – alors en liberté – ont fait volte-face ce matin de janvier. Ils ont congédié leurs avocats et ont demandé le retrait de leur plaidoyer de culpabilité. Mais un juge les a quand même envoyés en prison, au grand dam de leurs nouveaux avocats. Pendant six mois, les accusés ont tout fait pour tenter de revenir en arrière. Un juge s’est même récusé de l’affaire, tandis qu’un avocat a demandé à un autre juge de faire de même.

En mai dernier, la juge Kathlyn Gauthier a finalement refusé aux accusés de retirer leur plaidoyer de culpabilité, puisque les accusés étaient « pleinement conscients » de leur décision à l’époque. Essentiellement, les trois hommes contestaient la validité des certificats d’analyse de Santé Canada. Un argument qui n’a pas été retenu par la juge.

À ce stade, la défense avait toujours le choix de renier l’entente initiale fixant la peine. Cela aurait toutefois permis à la Couronne de réclamer des peines plus sévères. Un pari risqué. Les parties se sont finalement entendues vendredi pour conserver l’entente initiale, fixant des peines de cinq à sept ans de détention.

Sébastien Turcotte, 44 ans, Éric Matte, 43 ans, et Jean-Philippe Robitaille, 46 ans, faisaient le trafic de quantités très importantes de GHB, mieux connu comme la « drogue du viol ». Leur laboratoire de production à Terrebonne avait une capacité de production substantielle.

Selon la preuve présentée à l’enquête sur remise en liberté, les hommes auraient pu produire de 14 à 43 millions de doses de GHB avec la quantité de produits chimiques achetés pendant la durée de l’enquête policière. La juge Sophie Lavergne avait d’ailleurs rappelé que le GHB faisait des « ravages dans la société ».

Le dossier revient en cour à l’automne pour conclure certains détails au sujet de la confiscation des biens.

Les avocats de la défense étaient MSamuel Cozak, MCarl Devost Fortin et Me Mathieu Giroux. MAlexis Marcotte Bélanger représentait le ministère public avec MBaribeau.