Pour avoir sauvagement battu à mort un codétenu, Ali Ngarukiye a été condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 15 ans. Le jeune tueur n’a pas fini avec la justice : il pourrait être déclaré délinquant dangereux pour avoir tenté de tuer un policier montréalais.

André Lapierre n’était pas un criminel de carrière. C’était un homme de 57 ans qui se battait avec courage pour surmonter sa dépendance à la drogue. Un homme humble et drôle, selon ses proches. En juin 2021, il s’était retrouvé à la prison de Rivière-des-Prairies pour avoir échoué à un simple test de dépistage de drogue, rapportait La Presse à l’époque.

Relisez la chronique de Patrick Lagacé «  Pourquoi André Lapierre est-il mort ? »

Il a eu le malheur de partager sa cellule avec Ali Ngarukiye. Ce dernier était en attente de procès pour avoir tenté de tuer le policier montréalais Sanjay Vi. Un dossier connu comme « l’affaire Camara », puisqu’un automobiliste avait été erronément accusé. L’homme de 21 ans avait été radicalisé en Ontario et voulait se battre dans une « guerre islamique ».

PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE

André Lapierre

André Lapierre avait peur de son cochambreur. Il avait raison de l’être. Fâché par un prétendu vol de vêtements, Ali Ngarukiye a battu à mort André Lapierre. Il était sans défense, pris au piège dans une petite cellule. Ses blessures se comparaient à celles d’un piéton écrasé par une voiture. Du jamais vu selon la pathologiste.

Encore plus troublant : Ali Ngarukiye a écrit une phrase au stylo Bic sur la cuisse de la victime. « Vous ne pouvez pas créer une image d’une chose vivante », pouvait-on lire, en anglais. Sur l’autre cuisse, le défunt affichait un tatouage de femme nue.

Après le meurtre, Ali Ngarukiye répétait aux agents correctionnels que Lapierre était le « diable ». Selon l’expert de la défense, Ngarukiye souffrait de schizophrénie au moment du meurtre. Une thèse rejetée par l’experte de la Couronne. Si Ngarukiye était en psychose lors de l’agression, c’était probablement en raison de la consommation de cannabis.

Dans tous les cas, le jury a rejeté la défense de trouble mental et a reconnu coupable Ali Ngarukiye de meurtre au second degré en mai dernier. Il écopait donc de la prison à vie automatiquement. Le procureur de la Couronne, MJean-François Roy, réclamait une période d’inadmissibilité à la libération conditionnelle de 20 ans, contre 10 ans pour la défense, représentée par MSharon Sandiford.

Le 18 juin dernier, la juge Myriam Lachance a tranché en imposant une période d’inadmissibilité de 15 ans.

Dans un autre dossier, Ali Ngarukiye attend toujours de recevoir sa peine pour la tentative de meurtre à l’endroit du policier Vig. Il a été reconnu coupable en décembre dernier, mais le processus avait été mis en suspens.

La semaine dernière, la Couronne a demandé qu’Ali Ngarukiye soit évalué afin d’être déclaré délinquant à contrôler ou délinquant dangereux. Il pourrait en théorie être condamné à une peine à durée indéterminée.

Le dossier revient en cour en août prochain.