Le Bureau de la sécurité des transports (BST) a déployé vendredi une équipe d’enquêteurs à la suite d’une collision impliquant la navette fluviale Faucon Millénium de l’entreprise Navark et un bateau de plaisance qui naviguait à très haute vitesse, jeudi, près de Longueuil. L’accident a fait huit blessés mineurs, dont un enfant.

Ce qu’il faut savoir

Une navette fluviale reliant Boucherville au Vieux-Port de Montréal a été percutée à haute vitesse jeudi par un bateau de plaisance.

Les ambulanciers ont dû faire une opération de triage à bord, lorsque le bateau a pu accoster. Huit personnes ont été transportées à l’hôpital, pour des blessures mineures.

Le conducteur de l’embarcation de plaisance fautive a possiblement commis un délit de fuite.

L’accident est survenu vers 15 h 30, près de l’île Charron, un endroit très fréquenté par les plaisanciers.

« C’est un bateau de type cigarette-boat qui a frappé notre navette, selon ce que j’ai compris du témoignage de notre capitaine et du matelot », affirme Isabelle Saulnier, porte-parole de Navark, l’entreprise qui assure le lien fluvial entre le Vieux-Port de Montréal et Boucherville. Les deux employés ont été rencontrés par la police et par Transports Canada. « Ce qui en ressort, c’est que l’embarcation de plaisance avait une vitesse impressionnante », ajoute Mme Saulnier.

Les données GPS enregistrées en temps réel par l’entreprise montrent, selon Mme Saulnier, que la navette avançait sur son tracé habituel, à sa vitesse habituelle, sauf à la toute fin, lorsqu’elle s’est écartée pour tenter d’éviter l’autre embarcation.

Ça s’est passé vite, mais notre capitaine a témoigné qu’il n’était même pas certain d’avoir vu quelqu’un aux commandes de l’embarcation de plaisance.

Isabelle Saulnier, porte-parole de Navark

Aucune limite de vitesse n’est imposée à cet endroit, comme c’est le cas de la plupart des endroits sur fleuve. « C’est un secteur difficile, où on trouve toutes sortes d’embarcations, avec des gens qui ne connaissent pas nécessairement les règles de navigation et qui ne sont parfois pas en état de conduire une embarcation », constate Mme Saulnier.

Près d’une quarantaine de passagers se trouvaient à bord de la navette fluviale, qui a été secouée par l’impact, selon Mme Saulnier. Les passagers qui ont été blessés se trouvaient possiblement sur le pont avant du navire et ont été projetés au sol. « Ça a donné un coup assez fort, indique Mme Saulnier. Il y a aussi eu une ou deux personnes qui ont eu des malaises à l’intérieur. »

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Près d’une quarantaine de passagers se trouvaient à bord de la navette fluviale.

Endommagée au-dessus de sa ligne de flottaison, côté bâbord, la navette commerciale a été en mesure de s’amarrer au quai de la marina de Longueuil, où des ambulanciers de la Coopérative des techniciens ambulanciers de la Montérégie (CETAM) ont effectué un processus de triage à bord.

Sept femmes âgées de 30 à 50 ans ainsi qu’un enfant de 6 ans ont été transportés à l’hôpital à bord de quatre ambulances, pour des blessures jugées mineures. « On ne craint pas pour leur vie », précise le porte-parole de la CETAM, Renaud Pilon. « On craignait pour des commotions », témoigne Mme Saulnier.

Des policiers et des pompiers ont prêté main-forte aux ambulanciers pour évacuer les passagers du bateau. « Ce n’est pas le genre d’opération qu’on fait tous les jours », souligne M. Pilon.

Possible délit de fuite

Le pilote de l’embarcation qui a percuté la navette aurait poursuivi son chemin sans s’arrêter, indique M. Pilon. Selon Mme Saulnier, un autre bateau de Navark qui se trouvait dans les parages aurait suivi l’embarcation, qui se dirigeait vers l’est et aurait possiblement eu une communication radio avec son capitaine.

La Sûreté du Québec dit avoir localisé l’embarcation de plaisance et rencontré une personne en lien avec l’accident, mais n’était pas en mesure de donner plus de détails vendredi. « Des reconstitutionnistes ont été dépêchés sur place », indique le porte-parole Adam Marineau.

Le Bureau de la sécurité des transports, agence fédérale responsable d’enquêter sur les accidents aériens, ferroviaires et maritimes, mènera au cours des prochains jours des entrevues avec les témoins. Ses enquêteurs devaient se rendre sur place vendredi après-midi, a indiqué le porte-parole Hugo Fontaine.

Le rôle du BST est de déterminer les causes d’un accident et de faire des recommandations, et non d’attribuer les responsabilités civiles ou pénales des acteurs impliqués.

Le Faucon Millénium, d’une capacité de 47 passagers, ne pourra pas être réparé tant que l’enquête n’aura pas été complétée. Navark, qui possède une vingtaine de bateaux, assure toutefois que l’accident n’a pas d’impact sur le service de navette entre le Vieux-Port et Boucherville. L’entreprise souligne avoir contacté un organisme pour offrir de l’aide psychologique aux passagers concernés. « C’est la première fois qu’on vit quelque chose du genre en près de 30 années de navigation. Nous avons des pensées très fortes pour nos passagers », insiste Mme Saulnier.