Un avocat de la défense d’expérience a été reconnu coupable au criminel pour avoir menacé une employée de Passeport Canada. Dans un inquiétant ultimatum, Franco Schiro lui a lancé qu’elle ferait mieux de contacter les policiers et l’armée si son passeport n’était pas prêt dans la journée.

Criminaliste bien connu au palais de justice de Montréal, Franco Schiro s’est retrouvé sur le banc des accusés dans les derniers mois. La juge Annie Vanasse l’a reconnu coupable cette semaine d’avoir proféré des menaces de causer la mort ou des blessures aux employés de Passeport Canada. Un chef déposé par procédure sommaire, donc de gravité moindre.

« Depuis le début, je clame mon innocence et je continuerai de le faire sachant n’avoir pas fait de menaces envers personne », a commenté par courriel Franco Schiro.

Juin 2023, Franco Schiro veut obtenir rapidement son passeport pour rencontrer des clients à Chicago. Son dossier est complexe. Son passeport avait été suspendu, car il ne payait pas de pension alimentaire. Il avait toutefois obtenu une ordonnance de la Cour supérieure pour ravoir son passeport le temps d’un voyage d’affaires.

L’accusé était « très agité et en colère »

Quand il appelle Passeport Canada le 6 juin, Franco Schiro est à cran. Quelques jours plus tôt, il a passé une journée à attendre dans les bureaux de Passeport Canada sans obtenir son passeport, ce qui lui a fait manquer un premier vol. Au téléphone, une employée du centre d’appels l’informe que son passeport n’est toujours pas disponible.

Franco Schiro est « très agité et en colère ». Il parle fort et très rapidement. Il se met à insulter les fonctionnaires. Il lance alors un ultimatum à l’employée : son passeport doit être prêt avant 13 h, sinon « il ira au bureau des passeports de Montréal » et « ils entendr[ont] parler de lui ».

« Il ajoute qu’ils feraient mieux de “contacter la police et aussi les militaires”, parce qu’ils auront besoin d’assistance physique et psychologique à la suite de ce qui se passerait. Selon l’agente, le défendeur affirme dans des termes peu courtois ce qu’il souhaite qu’il leur arrive s’ils allaient en prison », peut-on lire dans le jugement.

Franco Schiro poursuit ses menaces : il va « détruire légalement » les employés de Passeport Canada. Selon la victime, il utilise les expressions « bloody hell » ou « bloody mess » en fin de phrase, par exemple : « It’s gonna be a bloody hell [Ça va être un putain d’enfer]. »

Une policière, interpellée par une employée, repère l’homme dans la file d’attente du bureau des passeports et l’interpelle. Spontanément, il se présente comme avocat. Il est immédiatement menotté.

Pas de doute dans l’esprit de la juge

Au procès, Franco Schiro a nié avoir prononcé de telles paroles. Selon lui, il n’était ni fâché ni impatient. Une version qui n’a pas suscité de doute dans l’esprit de la juge.

« Le but d’une menace au sens du Code criminel est de faire craindre une personne pour sa sécurité ou celle d’autrui. C’est exactement ce que le défendeur crée par ses propos lors de cet appel », conclut la juge.

Dans un courriel envoyé à La Presse, Franco Schiro explique que la plaignante a « clairement admis qu’aucune menace ne lui a été faite ». De plus, la plaignante « ne portait pas attention à la conversation », selon lui. « Sa démarche de porter la plainte était dans l’optique de prévenir une situation hypothétique qu’elle envisageait dans son esprit et/ou dans sa tête », poursuit-il.

Les observations sur la peine auront lieu dans les prochaines semaines. MCatherine Bernard représente le ministère public.