Depuis que Dahia Khellaf et ses deux fils ont été assassinés dans le secteur de Pointe-aux-Trembles en 2019, plusieurs changements ont été faits pour mieux protéger les victimes de violence conjugale. Du travail reste à faire, notamment pour sensibiliser les nouveaux arrivants, souligne toutefois la coroner Andrée Kronström dans son rapport d’enquête publié mercredi.

« Depuis 2019, des avancées significatives ont été faites pour protéger les victimes de violence conjugale […] Cependant, du chemin reste à parcourir », conclut la coroner, MAndrée Kronström, dans son rapport d’enquête d’une trentaine de pages.

Dahia Khellaf et ses deux fils, Aksil, 2 ans, et Adam, 4 ans, ont été retrouvés étranglés à leur domicile de Pointe-aux-Trembles le 11 décembre 2019. Le jour précédent, l’ex-conjoint de Mme Khellaf et père des enfants, Nabil Yssaad, s’était suicidé en se jetant du sixième étage d’un immeuble de Joliette.

« Il s’agit d’un féminicide dans un contexte de violence conjugale s’identifiant à un familicide », avait conclu un premier rapport de coroner, en juin 2022. L’enquête publique avait été ordonnée le mois suivant par la coroner en chef, MPascale Descary.

Depuis, le rapport Rebâtir la confiance, assorti de 190 recommandations, est devenu « le point tournant d’une profonde transformation », souligne MKronström.

« La trajectoire de Mme Khellaf, de M. Yssaad et de leurs enfants trouve écho dans plusieurs constats tirés de ce rapport », note d’ailleurs la coroner.

Par exemple, « aucun centre intégré de services ou projet similaire n’existait à Montréal ni ailleurs au Québec » en 2019, de sorte que « Mme Khellaf a fait ses démarches à la pièce ».

De plus, « la dangerosité de M. Yssaad n’avait pas été évaluée ou très peu ».

Il faut cependant que les outils disponibles pour « les victimes, les enfants et les auteurs de violence conjugale » soient connus de la population, « particulièrement à Montréal », écrit la coroner.

Pour aller à la source du problème, les jeunes et les nouveaux arrivants doivent être sensibilisés à la violence conjugale, aussi désignée violence entre partenaires intimes et associée au contrôle coercitif.

MAndrée Kronström

La coroner a présenté une vingtaine de recommandations visant une dizaine d’entités. Le tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et de violence conjugale prévu à Montréal, la formation des enquêteurs de l’École nationale de police du Québec ainsi que la section spécialisée en violence conjugale du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) sont notamment visés.

Lisez « Une enquête publique sur le féminicide de Dahia Khellaf » Consultez le rapport d’enquête