Un garçon joue dans le stationnement pendant que sa mère place le bébé dans l’auto. Une banale scène matinale. Puis, l’horreur. Un homme surgit et poignarde la mère. Il s’acharne sur elle. Encore et encore. D’une violence extrême, la vidéo du meurtre de Gisèle Itale Betondi a été présentée au jury mardi au procès de Hosea Amorus Puhya.

L’histoire jusqu’ici

7 septembre 2022 : un homme rôde devant la résidence de la victime. Il s’agit de l’accusé, selon elle.

8 septembre 2022 : Gisèle Itale Betondi est poignardée à mort devant chez elle.

23 mai 2024 : Début du procès de Hosea Amorus Puhya, accusé du meurtre au premier degré de son ex-femme

Un lourd silence régnait dans la salle d’audience. Dans le box, l’accusé était de marbre, presque blasé. À l’écran, de longues secondes d’horreur. Le meurtre d’une jeune mère en train d’attacher ses enfants dans la voiture pour les conduire à la garderie. La Couronne a présenté mardi cette preuve clé au procès de Hosea Amorus Puhya, accusé du meurtre au premier degré de son ex-femme.

Selon la théorie de la Couronne, Hosea Amorus Puhya a traqué, épié et assassiné son ex-femme, après sa sortie de prison, le 8 septembre 2022 dans l’arrondissement de LaSalle à Montréal. Quelques jours plus tôt, il l’avait menacée de la tuer. En début d’année, avant d’être incarcéré, il avait lancé une menace similaire. « Je vais mettre un couteau dans ton ventre et tu vas mourir », aurait-il dit.

Des vidéos de surveillance de la Société de transport de Montréal présentées au jury mardi permettent de suivre à la trace le parcours d’un homme qui serait Hosea Amorus Puhya. La veille du meurtre, on peut voir l’homme sortir à la station Angrignon, puis prendre un autobus en direction de LaSalle. On voit ensuite l’homme rôder le soir dans le stationnement de l’immeuble de la victime.

Ce soir-là, Gisèle Itale Betondi a confié à sa voisine avoir aperçu son ex-mari près de chez elle.

PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE BETONDI

Gisèle Itale Betondi a été tuée en septembre 2022 à Montréal. Son ex-mari Hosea Amorus Puhya est accusé de meurtre au premier degré.

Le lendemain matin, un homme emprunte le même parcours. Sur les images, on le suit dans le métro et dans l’autobus à travers la ville. La caméra se tourne ensuite vers Gisèle Itale Betondi. La femme sort de chez elle vers 8 h 40 avec ses deux enfants. Elle tient un bambin dans ses bras. Elle devait confier ses enfants à sa voisine, mais elle a décidé de prendre sa vie en main ce jour-là.

« Que fais-tu dehors ? Ce n’est pas sécuritaire », lance la voisine à son amie. « Je ne veux pas le laisser contrôler ma vie. Je vais appeler la police si je le vois », répond Gisèle, selon le témoignage de la voisine lundi.

Gisèle Itale Betondi attache son garçon dans l’auto, du côté droit du véhicule. Elle fait dos au stationnement. Soudain, un homme surgit d’une zone boisée, à gauche de la caméra. Vêtu de noir, l’assaillant jogge vers sa proie. La victime ne le voit pas arriver.

La scène est insoutenable. Gisèle réussit presque à se défaire de son emprise, mais son bourreau la retient. Il s’acharne sur elle. Les violents coups de couteau sont bien visibles. La voisine apparaît à l’écran à mi-chemin. Elle assiste à la scène avec effroi. L’assaillant semble sur le point de partir, mais revient pour poursuivre sa boucherie. Il s’enfuit finalement.

Puis, une scène quasi miraculeuse : Gisèle Itale Betondi se relève et court en direction de l’immeuble. Elle vient pourtant d’être poignardée à une vingtaine de reprises. On ne la voit plus sur les images, mais Gisèle s’effondre dans les bras de sa voisine. Elle a le temps d’identifier son assaillant : « C’est mon mari. Appelle le 911. »

PHOTO DÉPOSÉE EN PREUVE

Hosea Amorus Puhya

Cet appel effroyable a été diffusé lundi dans la salle d’audience. Des proches de la victime sanglotaient pendant l’appel ponctué de cris insoutenables. « Mon amie ! Mon amie ! », hurlait la voisine.

Après le meurtre, le jury a pu voir le parcours emprunté par l’assaillant. D’abord, il court dans une rue adjacente, avant de ralentir le pas et de marcher rapidement jusqu’au boulevard Newman dans LaSalle. Quelques minutes plus tard, il monte dans un autobus vers la station de métro Angrignon. Il patiente ensuite dans la queue pour s’acheter un billet de métro, des écouteurs sur les oreilles.

MJade Coderre et MPhilippe Vallières-Roland représentent le ministère public, alors que MAntonio Cabral et MVanessa Sadler défendent l’accusé.