Véronique Manceaux réclame un nouveau procès. Elle porte en appel son verdict de culpabilité pour le meurtre au premier degré de Jimmy Méthot. La défense reproche au juge d’avoir commis plusieurs erreurs pendant le procès, dont la présentation du témoignage de l’autre meurtrier.

Jimmy Méthot a été séquestré, poignardé et torturé par ses bourreaux, une nuit de septembre 2021 dans la résidence de Véronique Manceaux dans l’arrondissement de LaSalle à Montréal. Selon un jury, la femme de 28 ans a participé activement au meurtre du jeune homme, tué devant plusieurs témoins et complices. Tout le monde aurait ensuite nettoyé la scène pendant des jours.

Début mai, le juge Daniel Royer a condamné Véronique Manceaux à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans, comme le prescrit la Loi. Mais dans une intervention inusitée, le juge Royer a écorché la qualité de la preuve de la Couronne. Il a souligné la preuve peu convaincante de préméditation et les témoins à la « moralité douteuse ».

La preuve de la Couronne reposait essentiellement sur deux témoins très imparfaits. D’abord, la copine de la victime et amie de l’accusée, une femme en attente d’être jugée pour ses crimes. Son témoignage était confus au procès. Le second témoin : un adolescent de 17 ans qui a plaidé coupable à un chef de meurtre au premier degré en chambre de la Jeunesse. Il a causé la commotion au procès en refusant de témoigner. Il disait même ne pas connaître le nom de sa victime.

C’est donc son témoignage antérieur à l’enquête préliminaire qui a été présenté au jury. Un témoignage déterminant, puisque le témoin jetait presque tout le blâme sur Véronique Manceaux. Dans l’avis d’appel déposé lundi à la Cour d’appel du Québec, MFanie Lacroix reproche au juge Royer d’avoir permis le dépôt en preuve de ce témoignage.

« Le juge […] a erré en droit dans ses directives en permettant au jury de conclure à une condamnation basée sur un témoignage non crédible non confirmé par les éléments de preuve matérielle, causant un verdict déraisonnable », écrit l’appelante.

D’ailleurs, au moment d’imposer la sentence, le juge Royer a lâché que la preuve de la Couronne était « non confirmée » et provenait de témoins ayant participé au crime ou qui témoignaient alors qu’ils étaient en attente de procès.

La défense reproche aussi au juge d’avoir autorisé une preuve de mauvais caractère et d’avoir résumé « majoritairement une preuve disculpatoire » dans ses directives au jury. Autre motif d’appel : l’exclusion partielle de la preuve obtenue dans le cadre de l’arrestation de Véronique Manceaux.

En première instance, MCarl Devost faisait équipe avec MFanie Lacroix. MMarie-Claude Bourassa et MJasmine Guillaume ont représenté le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP).