Cinq minutes de lamentations et de hurlements insoutenables. Un appel 911 à glacer le sang a été présenté au jury lundi au procès de Hosea Amorus Puhya, accusé du meurtre de son ex-femme. Un meurtre commis alors que la victime installait ses enfants dans l’auto.

Ce qu’il faut savoir

  • Hosea Amorus Puhya est accusé du meurtre au premier degré de son ex-femme.
  • Gisèle Itale Betondi était en train d’installer ses enfants dans l’auto quand elle a été poignardée.
  • Avant de mourir, la victime a confié à une voisine que l’assaillant était son mari.

Saly Bessem Ba Maah s’est absentée quelques secondes pour aller chercher un verre d’eau. Quelques secondes fatales. À son retour, son amie Gisèle Itale Betondi était en train d’être poignardée par un homme cagoulé. Son ex-mari sorti de prison, selon la Couronne. Une scène bouleversante racontée au jury lundi au palais de justice de Montréal.

La veille du meurtre, Gisèle Itale Betondi avait confié à sa voisine et compatriote camerounaise avoir vu son ex-mari, Hosea Amorus Puhya, à l’arrêt d’autobus, près de leur immeuble de l’arrondissement de LaSalle. Une vision terrifiante, puisque l’homme était en prison depuis quelques mois.

Dans le passé, Hosea Amorus Puhya avait menacé de tuer Gisèle Itale Betondi, relate la voisine. « [Il lui avait dit] : je vais te trouver et je vais te tuer », soutient Saly Bessem Ba Maah. La victime lui avait déjà confié être déménagée à LaSalle après avoir été « abusée » par l’accusé. Il ignorait donc sa nouvelle adresse.

Le lendemain matin, Saly Bessem Ba Maah attend l’appel de son amie. Elle lui avait proposé de s’occuper de ses enfants. Mais Gisèle Itale Betondi refuse finalement l’offre et se rend seule dans le stationnement. « Que fais-tu dehors ? Ce n’est pas sécuritaire », lance la voisine à son amie en l’apercevant. « Je ne veux pas le laisser contrôler ma vie. Je vais appeler la police si je le vois », répond la victime.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Saly Bessem Ba Maah, au centre, a vu le meurtre de son amie.

Gisèle Itale Betondi place ses enfants dans la voiture quand son amie retourne chez elle – tout près – pour boire de l’eau. Elle reçoit un appel au même moment. Quelques secondes plus tard, un hurlement retentit. « J’ai vu un homme habillé noir sur noir en train de poignarder Gisèle. Elle luttait. J’ai hurlé », témoigne la voisine en mimant les coups de couteau.

« L’homme a fui, mais est revenu pour la poignarder encore. J’ai vu un gros couteau. Il est parti en courant », poursuit-elle, en sanglotant.

Mais Gisèle Itale Betondi n’était pas morte. Pas encore. Elle s’est relevée et a marché jusqu’à son amie. Elle a alors prononcé des mots cruciaux dans sa langue natale, le pidgin : « C’est mon mari. Appelle le 911. » La victime s’est ensuite effondrée dans les bras de son amie qui a immédiatement appelé les secours.

PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE BETONDI

Gisèle Itale Betondi

Pendant l’écoute de l’appel 911 au procès, les proches de la victime et la témoin sanglotaient, alors que l’accusé restait de marbre.

« Mon amie ! Mon amie ! », hurlait la voisine. Après quatre minutes de cris, l’employé du 911 finit par demander à la femme de se calmer et de se concentrer sur la situation. « C’est son mari ! Il l’a poignardée ! », a hurlé la femme.

La Couronne a présenté au jury des vidéos de surveillance du métro de Montréal, la veille du meurtre. On peut voir un homme qui ressemble à l’accusé sortir à la station Angrignon, vers 19 h 50.

Selon la théorie de la poursuite, Hosea Amorus Puhya avait appelé la victime seulement quatre jours avant le meurtre. « Il l’a blâmée pour avoir couché avec un autre homme. Il lui a dit que la prochaine fois qu’il va la voir, il va la tuer. Nous allons entendre cette conversation », a souligné MJade Coderre la semaine dernière dans son exposé introductif.

Hosea Amorus Puhya avait du mal à accepter sa rupture avec la victime en janvier 2022, selon la Couronne, et lui avait lancé cette menace : « Je vais te tuer, je vais mettre un couteau dans ton ventre et tu vas mourir. »

MAntonio Cabral défend l’accusé. Le procès se poursuit mardi devant la juge Catherine Perreault.