Clémence Beaulieu-Patry avait refusé les avances d’un ex-camarade de classe, Randy Tshilumba. Une semaine plus tard, il est entré dans le supermarché Maxi où travaillait la jeune femme et l’a poignardée à une vingtaine de reprises. Alors qu’il planifiait le meurtre, il a noté cette phrase lourde de sens : « Invente une histoire solide pour la police. »

C’est la thèse que la Couronne a présentée au jury lundi à l’ouverture du procès de Randy Tshilumba, un homme de 27 ans accusé du meurtre au premier degré de Clémence Beaulieu-Patry. Le juge Alexandre Bien-Aimé a indiqué au jury qu’il s’agissait du second procès. Il n’a pas donné plus de détails sur le premier procès.

Les parties admettent que Randy Tshilumba a causé la mort de Clémence Beaulieu-Patry dans un supermarché Maxi de Montréal, le 10 avril 2016. C’est donc l’« état d’esprit » de l’accusé au moment des faits et la préméditation alléguée qui seront au cœur du procès.

« Laissez-moi vous parler de Clémence », a amorcé le procureur de la Couronne Pierre-Olivier Bolduc.

La femme de 20 ans devait terminer son quart de travail à 20 h ce soir-là au Maxi. Elle avait toutefois accepté de faire une heure de plus pour dépanner sa gérante. C’est malheureusement à ce moment-là que Randy Tshilumba est entré dans le commerce pour tuer son ex-camarade de classe. Il lui a donné 20 coups de couteau. Il portait des gants.

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Clémence Beaulieu-Patry

Selon la Couronne, Randy Tshilumba a ensuite pris la fuite pour se cacher pendant des heures dans les toilettes des femmes d’un restaurant Tim Hortons. Il s’est alors changé avec des vêtements qu’il avait apportés dans son sac. Au petit matin, il a pris l’autobus jusqu’au cégep André-Laurendeau et il a caché ses vêtements souillés et son couteau de chasse dans un casier.

« Pourquoi des vêtements de rechange ? Pourquoi les mettre dans un casier ? Pourquoi cacher son couteau ? Pourquoi avoir apporté des gants ? Et surtout, pourquoi avoir apporté tout ça au Maxi un dimanche soir ? », s’est interrogé MBolduc, qui fait équipe avec MClaude Berlinguette-Auger.

Randy Tshilumba connaissait à peine Clémence Beaulieu-Patry. Ils étaient de vagues connaissances de l’école secondaire et ne s’étaient jamais côtoyés. Pourtant, une semaine avant le meurtre, Randy Tshilumba est allé voir Clémence au Maxi. Il a alors tenté d’obtenir un rendez-vous avec elle et lui a demandé son numéro de téléphone. Mais Clémence a refusé.

Pendant cette période, Randy Tshilumba s’est d’ailleurs rendu au Maxi à trois reprises sans jamais rien acheter. « C’est son choix. Sa volonté », a insisté MBolduc.

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Des proches de Clémence Beaulieu-Patry au palais de justice de Montréal

Autre élément important dans la preuve de la poursuite : le contenu du téléphone cellulaire de l’accusé. Selon la Couronne, Randy Tshilumba a fait plusieurs recherches après le meurtre. Il a aussi pris des notes, dissimulées dans des brouillons de courriels. Dans l’une d’elles, il écrit devoir « inventer une histoire solide pour la police ».

Des amies de la victime ont commencé à témoigner lundi. « Vous verrez l’importance de ces témoignages dans l’histoire », a affirmé MBolduc.

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Les procureurs de la Couronne, MPierre-Olivier Bolduc (à gauche) et MClaude Berlinguette Auger (à droite)

MGuy Poupart et MJulie Harinen défendent l’accusé.