Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, dénonce l’inaction de la Ville de Montréal devant la multiplication des campements sur son territoire. « Nous commençons à voir les conséquences de cette approche passive », a-t-il déploré, réagissant à un acte de vandalisme qui visait le siège de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Ce qu’il faut savoir

  • Le siège de la Caisse de dépôt et placement du Québec a été la cible d’un acte de vandalisme.
  • Le ministre québécois de la Sécurité publique, François Bonnardel, a dénoncé l’inaction de la Ville de Montréal face aux campements.
  • Dans une réponse cinglante, la Ville a rappelé qu’elle gérait des « crises sociales tous les jours ».

« On s’attend à ce que tous les leaders politiques dénoncent les débordements et les actions d’occupation du territoire public », a déclaré François Bonnardel sur les réseaux sociaux.

La ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, a appuyé sa sortie. « L’attentisme de [la Ville de Montréal] a assez duré, les campements doivent être démantelés », a-t-elle renchéri, interpellant également l’Université McGill, où un campement propalestinien est installé depuis plus de deux mois.

Dans une réponse cinglante, un responsable de la Ville de Montréal a rappelé qu’elle gérait des « crises sociales tous les jours ».

C’est un acte de vandalisme visant le siège de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) qui a déclenché la prise de bec. La devanture de l’immeuble avait été aspergée de peinture rouge, déclenchant une enquête du Service de police de la Ville de Montréal.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Un employé nettoie les dégâts causés par un acte de vandalisme ayant visé le siège de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Sur les réseaux sociaux, le ministre François Bonnardel a fait le lien avec le campement propalestinien situé à proximité.

Fin juin, des manifestants propalestiniens ont planté leurs tentes au square Victoria, exigeant que l’institution retire ses investissements dans des entreprises « complices de l’occupation israélienne ».

Au même moment, un nouveau campement est apparu au parc des Faubourgs, dans le quartier Centre-Sud à Montréal, cette fois pour s’opposer au démantèlement des campements pour personnes en situation d’itinérance.

« Je suis surpris de ne pas entendre davantage la Ville de Montréal sur l’enjeu des campements. De notre côté, nous avons fait connaître clairement notre position dès le début », a poursuivi M. Bonnardel, qui a plus d’une fois réclamé leur démantèlement.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Le ministre québécois de la Sécurité publique, François Bonnardel

Piqué au vif, le responsable de l’itinérance au comité exécutif de la Ville de Montréal, Robert Beaudry, a réagi aux critiques sur les réseaux sociaux.

« Si l’on veut parler de passivité, parlons de vos actions en matière de crise des opioïdes, de crise du logement, de crise des vulnérabilités et de crise du financement du transport collectif », a-t-il rétorqué.

Franchement ! La Ville de Montréal gère des crises sociales tous les jours. Moins de tweets et plus de soutien seraient appréciés. Le SPVM fait un travail colossal pour maintenir le caractère sécuritaire de Montréal dans un contexte international difficile.

Robert Beaudry, conseiller municipal, sur X

« Il ne faut pas s’étonner »

Une manifestation réunissant une vingtaine de personnes a convergé vers le square Victoria mercredi. Safa Chebbi, une porte-parole du campement propalestinien, a affirmé ne pas connaître l’auteur de l’acte de vandalisme, ajoutant qu’il ne « faut pas s’étonner de voir ce genre de choses ».

« Nous comprenons qu’il y ait une forme d’indignation envers cette institution qui a une part de complicité dans le génocide », a expliqué Safa Chebbi.

En conférence de presse, les organisateurs du campement propalestinien ont sollicité une rencontre « d’urgence » avec le président et directeur général de la CDPQ, Charles Emond.

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Charles Emond, président et directeur général de la CDPQ

Il n’y a pas eu de dialogue avec l’institution depuis le début de l’occupation, a déploré Safa Chebbi. « On aimerait qu’ils prennent au sérieux le campement », a-t-elle fait valoir.

Les manifestants ont par ailleurs dénoncé l’arrestation du principal porte-parole du campement, Benoit Allard. Celui-ci a été arrêté lundi dernier, alors qu’il marchait à proximité du campement, selon Mme Chebbi.

« On considère que ça a été fait de manière ciblée. C’est une forme de profilage et de répression politique », a-t-elle dénoncé.

Avec la collaboration d’Isabelle Ducas, La Presse