La chaleur qui s’est installée ne trompe personne : c’est bel et bien le temps des vacances estivales qui sonne ces jours-ci pour 1,4 million d’élèves québécois. Retour sur une année scolaire parmi les plus mouvementées des dernières années.

Une année marquée par les grèves…

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Manifestation du Front commun à Montréal, en novembre dernier

Déjà à la rentrée, fin août, on sentait que cette année scolaire ne serait pas de tout repos. Les syndicats d’enseignants le disaient : s’il le fallait, ils feraient la grève pour faire valoir leurs revendications dans les négociations avec le gouvernement. C’est à l’automne que la tension a monté d’un cran : dès le 23 novembre, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) a déclenché une grève générale illimitée qui a duré 22 jours, mobilisé près de 66 000 profs et fait manquer un mois d’école à des centaines de milliers d’élèves. La FAE travaille toujours à faire un bilan de cette grève, qu’elle prévoit rendre public à la prochaine rentrée. Le Front commun, qui représentait les enseignants affiliés à la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE), mais aussi de nombreux autres travailleurs du réseau de l’éducation, n’aura finalement pas exercé le mandat de grève générale illimitée dont il disposait. Mais avant d’en arriver à une entente avec Québec, huit jours de grève ont été observés.

… et leurs conséquences

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville

À la signature des ententes, les profs obtiennent des augmentations de 17,4 % sur cinq ans, en plus d’augmentations selon leurs échelons salariaux, mais les syndicats restent sur leur faim : ils auraient aimé obtenir davantage de gains sur la composition des classes. « On ne pouvait pas leur donner ce que nous n’avons pas », dira le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville. Après le congé des Fêtes, en janvier, Québec annonce un plan de 300 millions pour venir en aide aux élèves qui ont souffert de la fermeture prolongée des écoles. En plus du tutorat et du report des examens ministériels, ce plan prévoit que les cours d’été seront gratuits pour les élèves de 4e et 5e secondaire ayant échoué dans une matière qui fait l’objet d’une de ces épreuves.

Ciel ! une éclipse !

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Des élèves de l’école primaire George-Étienne-Cartier, à Longueuil, regardent l'éclipse solaire le 8 avril dernier.

Fermer des écoles pour cause de tempête de neige ? Le Québec connaît. Mais fermer des écoles pour une histoire de Soleil et de Lune qui se rencontrent ? C’était du jamais vu ! La décision de certains centres de services scolaires de décréter une journée pédagogique pour l’éclipse solaire totale du 8 avril dernier n’a laissé personne indifférent. De nombreux profs ont dénoncé une décision qui privait les élèves d’une occasion d’apprentissage en or, le ministre Drainville a encouragé les écoles à rester ouvertes, mais la décision de fermer a été maintenue, à bien des endroits. Peu importe, l’éclipse a eu lieu…

Des indicateurs qui suscitent l’inquiétude

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Le décrochage scolaire, qui était en baisse depuis 20 ans au Québec, est remonté en 2021-2022.

On n’a pas fini de mesurer les conséquences de la pandémie : récemment, on a appris que le décrochage scolaire, qui était en baisse depuis 20 ans au Québec, est remonté en 2021-2022. De plus, les absences, un facteur prédicteur de décrochage, sont en hausse. En avril, près d’un élève sur dix n’était pas sur les bancs d’école.

Le cellulaire fait jaser

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Depuis janvier dernier, une directive de Québec décrète que le téléphone cellulaire en classe ne doit servir qu’à des fins pédagogiques, sinon il doit être rangé.

Depuis janvier dernier, une directive de Québec décrète que le téléphone cellulaire en classe ne doit servir qu’à des fins pédagogiques, sinon il doit être rangé. En théorie, donc, pas question pour un élève d’examiner discrètement son fil Snapchat pendant que la prof d’histoire parle de la rébellion des Patriotes. Mais dans les faits, c’est parfois autre chose, ont témoigné des enseignants à La Presse. Est-ce que l’interdiction complète du cellulaire dans les écoles sera la prochaine étape ? Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, presse le ministre de l’Éducation d’agir en ce sens, et Bernard Drainville dit être en « réflexion » sur ce sujet.

Une pénurie qui persiste

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

À deux semaines de la rentrée scolaire 2023, il restait plus de 8500 enseignants à trouver dans les classes de la province.

À deux semaines de la rentrée scolaire 2023, il restait plus de 8500 enseignants à trouver dans les classes de la province. Selon le tableau de bord du ministère de l’Éducation, en date du 15 avril (les dernières données disponibles), il manquait toujours 800 enseignants, soit moins de 1 % de l’ensemble des profs du Québec. Les nouvelles conventions collectives viendront-elles changer le portrait, en août prochain ? Le processus d’affectation des profs sera devancé, ce qui permettra, selon le ministre de l’Éducation, de mieux planifier la rentrée et de réduire le nombre de classes sans enseignant. C’est dans deux mois qu’on le saura.