Au fond, il n’y a pas de « nouvelle » crise à la Fondation DJulien. C’est plutôt la même, jamais vraiment résorbée, qui refait surface aujourd’hui.

En avril 2018, une lettre anonyme avait mis le feu aux poudres. Des employés se disaient victimes d’intimidation de la part de la directrice générale de l’époque, Hélène Sioui Trudel. La femme du DJulien avait dû remettre sa démission sur-le-champ.

Par la suite, les choses s’étaient envenimées. Pour le DJulien, cette lettre anonyme était « un couteau dans le dos ». L’ambiance était particulièrement lourde à la Ruelle d’Hochelaga – qui s’appelait, à l’époque, Assistance aux enfants en difficulté (AED).

« À un moment donné, on a passé proche de mettre la clé sous la porte tellement ç’a été lourd, m’avait confié le DJulien quelques mois plus tard. Tout le monde se méfiait de tout le monde. Même moi, j’arrivais à AED et j’avais des nausées. Je n’avais pas le goût de rentrer là. »

Aujourd’hui, le centre de pédiatrie sociale du quartier Hochelaga a changé de nom, mais l’harmonie n’a pas été rétablie pour autant. Au contraire, pendant six ans, les tensions ont couvé.

« On dirait qu’ils n’en sont jamais revenus de ce qui s’est passé en 2018, raconte une employée de longue date récemment emportée dans la tourmente. Il y avait des fantômes dans les murs, énormément d’animosité par rapport à la Ruelle. Ils ont identifié cette équipe comme étant responsable de ce qui s’était passé. »

Ça devenait très difficile de travailler dans ce contexte-là, parce que tout ce que nous faisons était remis en doute. Ça changeait de direction du jour au lendemain, c’était très instable.

Une employée ayant requis l’anonymat

Pendant ce temps, dans les bureaux de la Fondation DJulien, l’ambiance n’était guère plus gaie.

En juin 2023, par exemple, une gestionnaire s’est plainte par courriel du traitement que lui réservaient le DJulien et MSioui Trudel. « Je subis clairement un acharnement non justifié de la part des cofondateurs, et sans aucun motif apparent. […] Je me questionne sur les impacts et enjeux sur ma santé mentale et sur l’emprise psychique que les cofondateurs exercent sur moi », s’est inquiétée cette gestionnaire auprès de sa collègue aux ressources humaines.

La première a depuis quitté l’organisation ; la seconde est en arrêt de travail.

« J’ai vu des directions tomber, partir, raconte une autre employée de la Fondation, également en congé de maladie. Leur silence a été acheté. C’est de l’argent qui ne va pas aux enfants. Je trouve ça consternant, vraiment… »

Lors de la crise de 2018, quatre directeurs démissionnaires avaient signé des ententes de confidentialité les empêchant de raconter leur histoire. Cette fois, au moins deux ententes semblables ont été conclues, selon des sources bien au fait du dossier.

L’employée s’indigne : « Les centres de pédiatrie sociale manquent cruellement de financement pendant que [les cofondateurs] paient des firmes externes pour éteindre des feux qu’ils allument eux-mêmes… »