En pleine tourmente, la Fondation DJulien se cherche donc un président-directeur général. Mais attention, le candidat idéal ne doit surtout pas faire preuve d’ambition.

Le 28 mai, le DGilles Julien prévient les employés réunis dans un local du quartier Hochelaga qu’il faudra du temps pour trouver la perle rare. « C’est pour ça que la mobilisation des équipes, entre-temps, est fondamentale. On souhaite que personne ne nous quitte. Il y en a assez qui ont quitté » l’organisation…

Une employée lui fait remarquer que les équipes sont mobilisées ; le problème n’est pas là. « Quand les choses se mettent à chirer, c’est parce qu’il y a un bogue au niveau de ce qui se passe au-dessus de nos têtes. Tous les gens, ici, croient en la mission. Nous sommes les survivors qui ne sont pas partis dans les derniers mois… »

Une collègue renchérit : « Pourquoi, de façon chronique, ça se termine par un gros coup d’éclat, les gens claquent les portes, ça sort, c’est rough, c’est intense ? » Les employés n’ont rien à voir avec ces crises successives, ajoute-t-elle. « Est-ce qu’on n’a pas, comme organisation, à se poser la question : qu’est-ce qu’on fait pour changer cela ? »

Le président sortant du C.A., François Morin, se contente de répondre que les trois derniers directeurs généraux n’ont pas fait l’affaire. « Par trois fois, je pensais qu’on avait recruté la bonne personne. On s’est trompés trois fois. »

« Ça nous montre, rétorque l’employée, que ça ne dépend peut-être pas des personnes… »

« Ce qu’il faut comprendre de la Fondation, pour y avoir été associé pendant six ans, c’est que, lorsqu’un DG est nommé, il ne le sait pas, mais il est là par intérim, ironise Laurent Blanchard. C’est toujours pareil, à un moment donné, on apprend qu’il est parti relever de nouveaux défis… »

Ce roulement perpétuel ne date pas d’hier. Bien avant la crise de 2018, d’anciens directeurs généraux avaient formé un « club des ex », sorte de groupe de soutien pour gestionnaires tombés en disgrâce aux yeux du père de la pédiatrie sociale.

Chaque fois, le DJulien croyait avoir trouvé un sauveur. Chaque fois, les choses finissaient en eau de boudin. Comme si la Fondation DJulien n’attirait jamais que des dirigeants incompétents et assoiffés de pouvoir.

Et malgré les assurances données au gouvernement après la dernière crise, ça n’a pas changé.

À la réunion du 28 mai, MMorin annonce que la Fondation a retenu les services d’un chasseur de têtes. « Il faut qu’on apprenne de nos erreurs », reconnaît-il. Le futur PDG sera quelqu’un d’expérience, faisant preuve de maturité et d’une bonne écoute.

« Mais surtout, conclut-il, quelqu’un qui est rendu dans son plan de carrière à ne pas vouloir accomplir quelque chose… bref, à ne pas nécessairement [vouloir] s’accomplir ici, mais [à vouloir] accomplir une mission. »