Ce qu’il reste de l’ouragan Béryl s’est fait sentir à Montréal, où se sont abattus mercredi jusqu’à 100 mm de pluie. Alors que certains s’inquiétaient pour leur maison à la vue de l’eau qui montait, d’autres, aux prises avec une heure de pointe cauchemardesque et des artères fermées, peinaient à regagner la leur.

Michel Baillargeon, résidant de l’arrondissement de Saint-Laurent, a eu toute une frousse quand il a vu l’eau monter, à l’angle de la rue Sainte-Croix et de l’avenue Lapointe. Toute une frousse, car ce n’est pas la première fois, dit-il, que le réseau d’égouts ne suffit pas à évacuer l’eau lors de fortes pluies.

« Ça fait plus qu’une fois qu’il y a de l’eau qui monte dans nos rues », a-t-il assuré. Heureusement, en soirée, lorsque joint par La Presse, M. Baillargeon a affirmé que la situation s’était résorbée et que l’eau qui avait menacé nombre de demeures avait été drainée.

PHOTO FOURNIE PAR JACINTHE MORISSETTE

Certaines rues résidentielles de l’arrondissement de Saint-Laurent ont été envahies par l’eau.

« J’ai passé l’après-midi à aider les voisins et à vider les sous-sols [remplis] d’eau », dit-il. Une maison a été particulièrement touchée, selon M. Baillargeon : « Il y avait environ un pouce d’eau à la grandeur du sous-sol. » Il aura fallu que le système de drainage se remette à fonctionner pour enfin nettoyer le tout.

M. Baillargeon se réjouit d’avoir été lui-même épargné – en partie grâce à des « clapets antiretour solides » –, mais il se désole de voir que des voisins ont été touchés. « La maison à côté, ça fait deux ans qu’ils sont là et c’est déjà leur quatrième inondation. » De plus, avec le refoulement des eaux, des voitures ont également été endommagées. « Il y avait de l’eau jusqu’aux sièges, et après, [les voitures] ne pouvaient pas démarrer », raconte-t-il.

La Ville de Montréal affirmait en après-midi « surveiller la situation de près ». Hugo Bourgoin, un porte-parole, a estimé qu’en raison des changements climatiques, les pluies « très intenses » étaient appelées à survenir « plus fréquemment ». Pour devenir « plus résiliente », la Ville investit notamment dans des parcs éponges, qui réduisent les risques d’inondation en recueillant l’eau s’accumulant lors de fortes précipitations.

Chaos sur les routes

Les précipitations ont également donné des maux de tête à de nombreux automobilistes et navetteurs, à l’heure du retour à la maison.

Vers 16 h 20, le ministère des Transports a annoncé la fermeture de l’autoroute 40, entre l’autoroute 13 et le boulevard Cavendish. L’autoroute 15 en direction sud était également à éviter puisque la bretelle permettant de rejoindre l’autoroute 40 a été fermée.

L’autoroute 15 en direction nord a également été partiellement fermée, et la Sûreté du Québec a dû aider à l’évacuation d’automobilistes coincés dans leurs véhicules.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

L’autoroute 15

Pour faire face à la situation, Québec avait ouvert mercredi le centre des mesures d’urgence pour la région de Montréal. Le gouvernement disait également dénombrer « plusieurs véhicules abandonnés, mais pas de blessés ».

La situation n’était pas forcément plus reluisante pour les personnes ayant opté pour les transports en commun, comme Alexandra Moledje. À bord de la ligne 174 est, qui circule sur le boulevard de la Côte-Vertu, le trajet qui lui prend d’ordinaire une vingtaine de minutes est vite devenu interminable. « Le bus avait 45 minutes de retard. […] Il était juste au coin de la rue, mais il n’arrivait pas à avancer », raconte-t-elle.

Une fois à bord, il lui a fallu « plus d’une heure » pour se rendre à destination, le tout alors que « l’eau entrait par le bas des portes » pour s’infiltrer dans l’autobus, qui roulait « très, très lentement ». « On passait à côté d’autos coincées dans l’eau », explique-t-elle encore.

La Société de transport de Montréal (STM) avait prévenu que certaines lignes de bus seraient déroutées et que des retards « pourraient survenir ».

Épisode « exceptionnel »

En soirée, Environnement Canada signalait des précipitations variant entre 50 et 80 mm dans ses stations montréalaises. Toutefois, selon la météorologue Catherine Vallières, Montréal pourrait avoir reçu jusqu’à 100 mm de pluie par endroits.

On peut dire que c’est quelque chose qui arrive assez rarement. Cent millimètres, à Montréal, c’est exceptionnel.

Catherine Vallières, météorologue chez Environnement Canada

Elle précise par ailleurs que ce n’est pas l’ouragan Béryl qui s’est abattu sur la métropole québécoise, mais bien les « vestiges » de celui-ci. « Ce n’est pas Béryl en tant que tel, car le système a perdu toutes ses caractéristiques d’ouragan. C’est plutôt un système qui s’est reformé à partir de la masse d’air gorgée d’humidité [qu’il transportait]. »

Plus au nord, dans Lanaudière, les précipitations ont été fortes, mais nettement moindres, avec quelque 35 mm relevés, un chiffre semblable à celui recensé à Vaudreuil.

Mais si le Grand Montréal a été la région la plus touchée, mercredi, le système devait se déplacer dans la nuit pour atteindre notamment la Vallée-du-Richelieu, Drummondville, l’Estrie et la Beauce, où il pourrait tomber de 30 à 40 mm de pluie. La menace d’averses planera encore ce jeudi, mais celles-ci s’annoncent « moins bien organisées ».

Le système devrait quitter les secteurs surveillés par Environnement Canada pour de bon vendredi.