(Ottawa) Un nouveau collectif pour dénoncer les problèmes de sécurité publique à Kanesatake envisage de bloquer une route à Oka pour empêcher des camions de se rendre sur le territoire. Le dépotoir de G&R Recyclage n’est pas le seul site où des poids lourds provenant de chantiers de construction déversent leur contenu. Le ras-le-bol face à l’inaction des autorités, d’abord exprimé par des Mohawks, se fait également sentir parmi les citoyens d’Oka.

« Ça prend un plan pour qu’il y ait une sécurité complète, une surveillance sur le territoire », lance la porte-parole du collectif, Julie Tremblay-Cloutier, qui réside dans la municipalité.

Le groupe allochtone formé de citoyens de la région et de militants pour l’environnement exige une réunion publique avec le ministre québécois de la Sécurité publique, François Bonnardel, et son homologue du fédéral, Dominique LeBlanc, sans quoi il se dit prêt à bloquer une route à Oka pour empêcher les camions de se rendre à Kanesatake afin d’y déverser des sols potentiellement contaminés. Le geste serait accompli par solidarité avec d’autres barrages routiers sur le territoire mohawk. Des formations au blocage de route seraient données dès le mois d’août, selon nos informations.

« C’est vraiment un signal d’exaspération complète d’être obligé de poser un geste comme ça », a fait valoir Mme Tremblay-Cloutier, ex-candidate à la mairie d’Oka qui s’était inclinée en 2021 face à Pascal Quevillon. Elle est également poursuivie par la municipalité pour des publications sur Facebook qui auraient porté atteinte à la réputation des élus.

Un autre collectif regroupant des Mohawks de Kanesatake avait dénoncé pour la deuxième fois en un an l’inaction des autorités face aux problèmes de sécurité publique dans leur communauté. Ils estiment que les dépotoirs illégaux sur le territoire ne sont que le symptôme de cet « état de non-droit ».

144 fois la limite jugée sûre

Le site de G&R Recyclage avait fait les manchettes l’an dernier lorsque La Presse avait révélé qu’une eau toxique dépassant de 144 fois la concentration de sulfures jugée sûre pour la survie des poissons polluait les cours d’eau environnants. Il appartient aux frères Robert et Gary Gabriel, qui traînent tous deux un lourd passé criminel. La Presse avait constaté en juin le déversement de sols en provenance de chantiers par l’entreprise Construction Nexus sur la bande riveraine d’un autre site. Le média anglophone The Rover avançait récemment avoir documenté 14 autres dépotoirs illégaux dans la communauté.

« Il y a près d’un million d’habitants qui s’abreuvent dans cette eau-là », souligne la directrice générale d’Eau Secours, Rébecca Pétrin, qui fait également partie du collectif. « Toutes les municipalités sur le bord de la rivière des Mille-Îles ou du lac des Deux Montagnes puisent leur eau dans le lac des Deux Montagnes, donc si on laisse des actions de contamination comme ça arriver, on a un enjeu d’eau potable. »

L’organisme a lancé une pétition signée par plus de 1000 personnes à ce jour pour presser les gouvernements provincial et fédéral d’agir.

Le mois dernier, Québec et Ottawa assuraient que les canaux de communication étaient ouverts tant sur la question du site de G&R Recyclage que sur celle de la sécurité publique, tout en insistant sur le rôle de la Sûreté du Québec. Le corps policier avait alors assuré qu’il patrouillait régulièrement sur le territoire.