Les 75 travailleurs du Centre l’Entre-Toit, un organisme venant en aide aux personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale, seront en grève jusqu’à vendredi, eux qui sont en pleine négociation pour le renouvellement de leur convention collective, échue depuis plus d’un an.

Les travailleurs – majoritairement des intervenants, mais aussi du personnel d’entretien et d’alimentation – avaient déjà rejeté la dernière offre de l’employeur à 97 % et s’étaient dotés d’un mandat de grève de 16 jours avec une proportion similaire, il y a une dizaine de jours.

L’Entre-Toit est un organisme communautaire qui a pour mission la stabilisation et la réinsertion sociale de personnes aux prises avec une double problématique de santé mentale et de démêlés judiciaires ou de toxicomanie.

L’organisme compte quatre points de service : trois à Montréal (dans les quartiers Notre-Dame-de-Grâce, Saint-Henri et Montréal-Nord) et un à Saint-Jérôme.

« Si on fait la grève aujourd’hui, c’est pour nous donner les moyens d’assurer la mission de l’organisme », déclare Mary-Christine Urizar-Ladouceur, présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs en intervention communautaire (STTIC–CSN), par voie de communiqué.

En raison de nos salaires qui sont en bas de la moyenne de ceux du secteur, nous avons bien du mal à recruter et à garder notre personnel. Cela a un impact sur les usagers en plus de peser sur les épaules des travailleurs.

Mary-Christine Urizar-Ladouceur, présidente du STTIC

Puisque l’Entre-Toit est considéré comme un « service essentiel », les portes de l’organisme demeureront ouvertes et les usagers continueront de recevoir les services qui leur sont normalement offerts, malgré la grève.

Flexibilité et rémunération

Les employés demandent notamment plus de flexibilité au travail, en particulier considérant le contexte de la clientèle avec laquelle ils doivent interagir : réinsertion, toxicomanie, santé mentale, etc.

Lucie Longchamp, vice-présidente des secteurs parapublics et privés à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), déplore d’ailleurs ce qu’elle décrit comme un manque de « marge de manœuvre pour tenter d’y arriver émotivement et psychologiquement ».

Une meilleure rémunération est l’autre principale demande du syndicat.

Le salaire de base des intervenants versé par l’employeur est de 20,50 $ l’heure, « alors qu’en moyenne à Montréal, c’est entre 25 et 30 $ », selon la partie syndicale, qui insiste sur la formation des employés. « Ce ne sont pas des gens qui tout à coup sont devenus des intervenants ! La plupart ont un bac. »

Ils veulent sauver la mission. Ils savent que c’est important ce qu’ils font, mais on les traite encore comme du cheap labor !

Lucie Longchamp, vice-présidente des secteurs parapublics et privés à la FSSS

Enfin, le syndicat décrit l’employeur comme fort « difficile » et comme travaillant « à l’envers ». Mme Longchamp souligne d’ailleurs que plus de la moitié des litiges des 15 établissements communautaires dont le personnel est représenté par la FSSS proviennent du Centre l’Entre-Toit.

Ce renouvellement de convention collective est le premier pour les travailleurs de l’Entre-Toit, qui se sont syndiqués pour la première fois en novembre 2019.