Cas d’hypothermie, crise de panique : l’épreuve de natation du demi-IRONMAN du 23 juin dernier a tourné au chaos après que des rafales ont mis en danger de nombreux athlètes, forçant les organisateurs à mettre fin à la première épreuve.

Ce qu’il faut savoir

  • L’évènement sportif IRONMAN 70,3 Mont-Tremblant, aussi appelé demi-IRONMAN, comprend une distance de 1,9 km à la nage, puis 90 km en vélo et 21,1 km en course à pied.
  • L’épreuve de natation qui a eu lieu le 23 juin dernier a dû être arrêtée à cause des conditions météorologiques.
  • Plusieurs personnes ont dû être secourues, certaines ont été victimes de crise de panique et d’hypothermie.

Cela fait deux ans que Guillaume Giroux se prépare pour parcourir l’éprouvant parcours sportif du IRONMAN 70,3 au mont Tremblant. Ce dernier comprend 1,9 km à parcourir à la nage, suivi de 90 kilomètres en vélo et pour finir de 21,1 km à la course à pied.

Il est 5 h du matin quand l’athlète de 35 ans arrive aux abords de la plage d’où débute l’épreuve de natation. Ayant regardé les prévisions météorologiques tout au long de la semaine, Guillaume Giroux n’est pas surpris de voir le « déluge » qui a lieu au petit matin.

Mais vers 6 h 50, alors que l’épreuve est censée débuter, une annonce est faite aux athlètes. On les informe qu’ils devront attendre quelques minutes de plus avant de se jeter à l’eau et qu’aux vues des conditions météorologiques, la distance à parcourir sera réduite de 800 mètres.

Il en fallait plus pour décourager l’athlète qui n’en était pas à sa première nage en lac. Arrivé au moment de sa catégorie, Guillaume Giroux se jette à l’eau et nage en direction de la première bouée de contournement.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE L’ÉVÈNEMENT

Des participants s’alignent pour le départ de l’épreuve de natation, le 23 juin dernier.

« [Au début], tout semble vraiment bien, je nage vers la première bouée de contournement, ma respiration va bien et mon rythme va bien, dit-il. Tout est beau jusqu’à ce que j’arrive à la première bouée. »

Des kayakistes et des bateaux dépêchés

Après avoir contourné la bouée, tout est devenu « extrêmement chaotique ».

Il faisait extrêmement froid, il y avait beaucoup de vagues et je ne pouvais pas voir à plus de 100 mètres devant. J’ai avalé énormément d’eau et dès que j’ai tourné j’ai vu plein de gens crier à l’aide, dont certains qui pensaient qu’ils se noyaient.

Guillaume Giroux, participant du IRONMAN

Guillaume Giroux est ensuite pris d’une crise de panique, ce à quoi il n’est pas habitué.

Vers 7 h 50, près d’une heure après le début de l’épreuve, les organisateurs décident d’y mettre fin. Des kayakistes et des bateaux sont dépêchés sur l’eau pour venir en aide aux athlètes alors que certains se sont réfugiés sur une plateforme flottante.

« Il y avait des kayakistes qui se sont fait chavirer parce que trop de gens s’accrochaient à leur kayak, explique Guillaune Giroux. C’était chaotique et ça faisait peur […] si je vois que les conditions sont comme ça dans un prochain [triathlon], je vais peut-être me poser la question si je participe ou non. »

Sur le rivage, la peur envahit la femme de Guillaume, qui voit le temps défiler sans nouvelles du nageur dont le tracker indique qu’il se situe toujours au milieu du lac.

« Quand elle a entendu mon nom, elle s’est écroulée et a pleuré », ajoute-t-il. L’athlète souligne la rapidité à laquelle les conditions ont évolué, mais aussi celle des organisateurs à arrêter l’épreuve. Bien qu’épuisé, il a pu par la suite continuer le triathlon et enchaîner les épreuves de vélo et de course à pied.

Aucune alerte météo

Alain Ethier et Julie Chevalier ont également participé à l’épreuve du dimanche matin. Le couple a commencé la course au même moment et tous deux ont vécu « la même tourmente ».

Tous les deux ne jettent pas pour autant la pierre aux organisateurs de l’évènement. Ils se souviennent d’ailleurs que la compétition de l’an passé avait été annulée en raison des incendies de forêt rendant la qualité de l’air nuisible aux athlètes.

Personnellement, je ne pense pas que c’est IRONMAN qui a manqué à la tâche, c’est vraiment la météo minute par minute qui s’est empirée. C’est une fois qu’on a commencé à nager qu’il a commencé à y avoir du vent et des vagues.

Julie Chevalier, participante du IRONMAN

La directrice de course du IRONMAN Mont-Tremblant, Pauline Alix, explique avoir pris la décision d’arrêter l’épreuve de natation « au moment où il le fallait » et en fonction de ce que leur rapportaient les experts présents sur l’eau.

« Tout était beau pour le départ, donc on a donné le départ et il y a des rafales de vent qui sont arrivées d’on ne sait où, dit-elle. On travaille avec Accuweather, qui nous envoie des alertes [météo], et on n’a même pas eu d’alerte ce jour-là au niveau des rafales. »

Plusieurs cas d’hypothermie recensés

Pauline Alix affirme que plusieurs cas d’hypothermie ont été recensés, notamment auprès des personnes qui attendaient sur la rive avant de commencer la course. Elle explique cependant que des cas d’hypothermie arrivent régulièrement, et ce, même dans des conditions plus favorables.

« On a vraiment un protocole très établi et des plans d’action qui sont mis en place, car la sécurité des athlètes et de nos bénévoles est à l’avant-plan », explique Pauline Alix.

IRONMAN affirme que les athlètes qui ont effectué seulement la portion vélo et la course à pied seront considérés dans une catégorie à part et auront le droit de se qualifier aux championnats du monde et de recevoir leur trophée. Au total, 3700 triathloniens étaient attendus pour cette journée.

L’organisation explique être en communication avec les athlètes qui n’ont pas pu finir ou participer à l’épreuve de natation et réfléchir actuellement à ce qui pourrait être mis en place dans le futur.