Élections législatives Les expatriés français sont appelés aux urnes

Ils étaient nombreux samedi matin à franchir les portes du Centre Mont-Royal à Montréal pour aller glisser leur bulletin de vote dans l’urne à l’occasion du premier tour des élections législatives françaises.

« Quand il y a des élections, c’est important de voter, mais c’est sûr que là on sent véritablement une urgence cette fois-ci, explique Yves de Villeneuve, venu voter. On espère une prise de conscience des politiques en France. » Il déplore « l’absence d’alternatives » face aux extrêmes qui montent en popularité.

Yves de Villeneuve se dit « très inquiet » d’une possible arrivée au pouvoir du parti d’extrême droite. Selon lui, les conséquences d’un tel scénario pourraient concerner autant les Français en France que ceux vivant à l’étranger.

La peur des binationaux

Le positionnement du parti d’extrême droite à l’égard des Français binationaux inquiète de nombreux électeurs venus voter. Le Rassemblement national (RN) souhaite en effet limiter l’accès des personnes ayant deux nationalités à des emplois stratégiques. Cette position inquiète Muriel Claude, une Franco-québécoise de 77 ans.

« Ça envoie le message qu’on ne respecte pas notre culture, dit-elle. On a le droit de vouloir conserver sa culture et d’être binational. Mon fils est binational, mais il travaille pour une compagnie internationale. S’il travaillait encore à l’Institut national de la recherche scientifique, je serais inquiète pour lui. »

Muriel Claude craint les conséquences d’une potentielle arrivée au pouvoir de l’extrême droite. Il s’agirait du premier gouvernement d’extrême droite du pays depuis l’occupation nazie de la Seconde Guerre mondiale.

Adrien Simon a 28 ans et prévoit de demander la citoyenneté canadienne d’ici la fin de l’année et ainsi devenir binational.

« Ça me fait un peu peur parce que même si je ne pense pas avoir des postes à responsabilité en France, je pense qu’il y a des gens qui mériteraient d’avoir cette place-là et qui n’y auront pas accès, dit-il. C’est un peu flou pour moi ce qui va se passer pour nous si ce gouvernement passe. »

Des élections anticipées

Les expatriés français sont invités à se prononcer après que le président de la République française, Emmanuel Macron, a convoqué des élections anticipées au début du mois dans la foulée des élections européennes.

Lisez la chronique de Laura-Julie Perreault

Son parti a essuyé une défaite écrasante face à l’extrême droite lors du vote au Parlement européen.

Le Rassemblement national d’extrême droite se place en tête des sondages, suivi de la coalition du Nouveau Front populaire qui comprend le centre gauche, les verts et les forces d’extrême gauche et de l’alliance centriste du président Emmanuel Macron.

L’issue du scrutin, après le second tour du 7 juillet et une campagne électorale exceptionnellement brève, reste très incertaine alors que ces trois grands blocs politiques s’affrontent.

« Lors des dernières élections législatives de 2022, nous avons eu un taux de participation d’environ 25 %. Cette fois, nous nous sommes préparés à davantage… nous sommes prêts à accueillir un taux de participation d’environ 50 % », a déclaré la consule générale de France à Montréal, Marie Lapierre. Il y a une très forte mobilisation de la communauté française qui était vraiment prête à nous aider à organiser le vote. »

Le Québec compte 260 000 citoyens français, dont 200 000 à Montréal. Lors des dernières législatives de 2022, les Français expatriés en Amérique du Nord avaient élu au second tour le candidat du parti présidentiel Ensemble, Roland Lescure. Ce dernier avait obtenu 56 % des votes exprimés contre 44 % pour la candidate du parti de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), Florence Roger.

Le Rassemblement national avait quant à lui été disqualifié dès le premier tour en récoltant 2 % des votes.

Avec La Presse Canadienne