À moins d’une semaine du 1er juillet, des organismes dans le domaine du logement, de l’itinérance et de la santé mentale lancent un cri d’alarme au gouvernement du Québec. Épuisés par l’ampleur de la crise du logement, ils demandent la mise sur pied d’un comité gouvernemental sur le logement.

« On met un pansement sur une hémorragie. Dans la situation actuelle, il n’y a aucune lumière au bout du tunnel à court, moyen ou long terme pour les personnes en situation d’itinérance », a indiqué Cédric Dussault, porte-parole du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec, lors d’une conférence de presse jeudi.

L’année passée, au lendemain du 1er juillet, les organismes n’ont pas connu d’accalmie. Les locataires qui craignent de se retrouver à la rue ont appelé toute l’année leur ligne téléphonique. Les organismes appréhendent que cette année soit pire. « Se retrouver dans la rue peut se faire en un jour, mais en sortir peut prendre des années », a expliqué Anne-Marie Boucher, co-coordonnatrice du Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec.

L’organisme PAS de la rue a aussi perçu une hausse de la demande. L’organisme a servi 40 % de repas de plus cette année. À pareille date l’année passée, il accueillait 63 personnes en moyenne chaque jour. Aujourd’hui, le chiffre s’élève plutôt à 89.

Même son de cloche du côté du Comité logement du Plateau Mont-Royal. Les locataires qui perdent leur logement peinent à retrouver un logement abordable non seulement dans l’arrondissement, mais aussi à Montréal, lorsqu’ils s’éloignent des grands centres.

Des organismes au bout du rouleau

Chez L’Oasis de Lotbinière, la crise est telle que l’organisme a recommandé des personnes pour des logements abordables ou d’urgence à Québec et à Lévis. Sorties de leur milieu, ces personnes perdent alors leur filet social. « C’est fatigant et épuisant de devoir faire des tours de magie quand on n’a pas de baguette magique pour faire apparaître des logements abordables ou sociaux pour les personnes à revenus limités », a témoigné Édith Lambert, directrice générale de l’organisme.

Les organismes ont tous témoigné d’équipes au bout du rouleau. « Depuis l’Action de grâce, on court un sprint et […] on ne voit pas de possibilité de s’arrêter pour prendre une pause », a dit Céline Duclap, coordonnatrice du PAS de la rue.

Les ressources débordent et les financements sont insuffisants, selon les organismes. À la suite de réductions de personnel, la tâche demeure la même. « On est épuisés parce qu’on fait le travail de cinq à trois. On ne peut pas toujours demander à nos équipes d’aller toujours plus loin », a conclu Roseline Hébert-Morin, du Comité logement du Plateau Mont-Royal.