(Ottawa) Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, n’exclut pas de protéger d’autres hardes de caribous au Québec en plus des trois qui font l’objet d’un décret d’urgence depuis la semaine dernière. La Cour supérieure a récemment ordonné au gouvernement du Québec de mener un processus de consultation distinct des Premières Nations innues d’Essipit et de Pekuakamiulnuatsh qui s’inquiètent de la disparition du caribou forestier sur leurs territoires respectifs.

« J’attends les recommandations pour les autres populations de caribou de la part des experts du Ministère », a-t-il répondu en conférence de presse en marge d’une rencontre des ministres fédéraux, provinciaux et territoriaux sur la conservation et la biodiversité.

Si ces experts du ministère de l’Environnement et du Service canadien de la faune recommandent de protéger d’autres hardes de caribous au Québec, il y aurait alors un nouveau décret.

Des consultations doivent débuter bientôt sur celui émis la semaine dernière par le gouvernement Trudeau pour protéger trois hardes de caribous du Québec, soit celles de Val-d’Or, de Charlevoix et du réservoir Pipmuacan, qui est à cheval sur la Côte-Nord et le Saguenay–Lac-Saint-Jean. Ces trois hardes comptent respectivement 9, 30 et moins de 300 individus.

Le décret n’inclut pas les hardes que veulent protéger les Premières Nations innues d’Essipit sur la Côte-Nord et de Pekuakamiulnuatsh au Lac-Saint-Jean.

« Ça envoie quand même le signal qu’on exige du Québec de prendre des décisions », a réagi le chef de la Première Nation de Pekuakamiulnuatsh, Gilbert Dominique. « Il y a une urgence d’agir. »

Il s’est réjoui qu’un récent jugement de la Cour supérieure reconnaisse cette urgence en ordonnant au gouvernement québécois de lancer un processus de consultations distinct sur sa stratégie pour protéger les caribous forestiers et montagnards d’ici le 30 septembre. Cette stratégie est promise depuis 2016.

« Pour que les droits ancestraux et les revendications des Premières Nations demanderesses puissent réellement être protégés, il faudra donner un “coup de barre” important dans les mesures de protection, tant la situation du caribou sur le territoire québécois et son habitat sur Nitassinan est déplorable », écrit la juge Marie Cossette.

« C’est un grand pas vers la reconnaissance et la protection de nos droits », a constaté le chef Dominique.

Le ministre québécois de l’Environnement, Benoit Charette, qui ne participait pas à la rencontre fédérale-provinciale à Ottawa, n’a pas réagi au jugement. « Nous avons pris connaissance de la décision rendue par la Cour supérieure, que nous allons étudier avant de commenter davantage », a fait savoir son cabinet.

Le gouvernement du Québec craint l’impact négatif des mesures de protection du caribou sur l’industrie forestière. Il estimait, la semaine dernière, que le décret fédéral pourrait entraîner la perte de 2400 à 30 000 emplois directs et indirects, selon l’ampleur du territoire qui serait protégé. Le ministre Guilbeault avait qualifié ces chiffres d’exagérés.

Avec Jean-Thomas Léveillé, La Presse