(Ottawa) Trois chefs régionaux représentant près de la moitié des Premières Nations au Canada affirment qu’une association nationale outrepasse son mandat en prenant des décisions qui affecteront directement leurs enfants et leurs familles sans consentement.

Ils accusent également l’Assemblée des Premières Nations d’avoir tenté de mettre à l’écart une organisation en partie responsable de l’obtention d’un accord de 40 milliards pour résoudre le problème.

Les chefs, représentant les Premières Nations de la Saskatchewan, de la Colombie-Britannique et du Québec-Labrador, affirment dans une lettre que l’Assemblée des Premières Nations (APN) ne fait pas preuve de transparence dans ses négociations en vue d’un accord de règlement final avec le Canada sur les services à l’enfance et à la famille des Premières Nations.

Les chefs Bobby Cameron, Terry Teegee et Ghislain Picard ont aussi déclaré dans la lettre que les conseillers juridiques de l’APN tentent d’exclure complètement la Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières Nations du processus.

Les deux organisations ont déposé conjointement une plainte en matière de droits de la personne concernant le sous-financement chronique des services de protection de l’enfance dans les réserves à Ottawa.

La moitié de l’argent de l’entente était destinée à des réformes à long terme du système de protection de l’enfance à travers le Canada.

Les trois chefs ont affirmé dans leur lettre adressée à la cheffe nationale Cindy Woodhouse Nepinak que l’APN n’avait pas partagé de détails avec les Premières Nations à l’extérieur de l’Ontario.

Ils ont fait savoir que l’assemblée avait refusé de convoquer des réunions sur les négociations depuis février et qu’elle avait imposé des mandats qui interféraient avec un comité consultatif d’experts indépendants chargé d’élaborer et de mettre en œuvre un plan de travail pour réformer Services aux Autochtones Canada.

En conséquence, ont-ils écrit, le Canada n’est prêt à financer le comité consultatif que pour les activités autorisées par l’assemblée.

Le gouvernement fédéral n’a pas immédiatement répondu aux questions à ce sujet.

La cheffe de l’APN réagit

Dans une lettre de réponse adressée aux trois chefs, Mme Woodhouse Nepinak a qualifié un certain nombre de leurs affirmations d’inexactes et a déclaré qu’attaquer les employés et les conseillers juridiques « n’est pas utile » même s’ils ne sont pas d’accord avec le déroulement des négociations.

« Cette tentative de dernière minute de vos bureaux de perturber cette initiative n’est pas conforme au mandat global de l’APN », a-t-elle écrit.

« L’accord de règlement final sera soumis aux chefs des Premières Nations de tout le Canada, qui décideront si l’ensemble des réformes suggérées est acceptable. »

Elle a ajouté que même si elle « apprécie » l’appui des chefs régionaux à la Société de soutien, l’assemblée ne peut pas « déléguer » sa responsabilité à une « organisation qui n’a pas de comptes à rendre aux Premières Nations ».

Cindy Blackstock, qui dirige la Société de soutien, a déclaré lundi dans une entrevue qu’elle et son organisation fonctionnent sur la base de résolutions adoptées par les chefs à l’assemblée et que les préoccupations soulevées dans la lettre des chefs « méritent d’être écoutées ».

« Je crois en la transparence. Je crois à l’écoute des gens sur le terrain qui font réellement le travail », a-t-elle dit.

« Et je crois fermement que les Premières Nations disposent des informations dont elles ont besoin pour donner leur consentement libre, préalable et éclairé sur tout ce que nous faisons à l’échelle nationale. »

Quant aux tensions entre la Société de soutien et l’Assemblée des Premières Nations, Mme Blackstock les a qualifiées de « regrettables ».