(Calgary) L’ancien maire de Calgary, Naheed Nenshi, a su plaire à de nouveaux membres en dehors du giron traditionnel du Nouveau parti démocratique (NPD) en Alberta, un succès qui l’a propulsé à la tête du parti.

M. Nenshi devient le premier Calgarien à diriger le NPD. Il l’a emporté de façon étincelante, obtenant 86 % des voix au premier tour de scrutin de la course à la direction.

La course a été considérée comme une bataille entre les racines idéologiques du NPD et le pragmatisme politique de cette province traditionnellement conservatrice.

Les membres du parti, qui ont quintuplé pour atteindre 85 000 au cours de la campagne, ont opté pour l’esprit vif et la notoriété publique de M. Nenshi.

M. Nenshi n’a pas perdu de temps pour lancer des attaques contre son nouvel ennemi politique, profitant de son discours de victoire pour reprocher au gouvernement conservateur de la première ministre Danielle Smith d’avoir l’esprit étroit.

« Ce mouvement extraordinaire que nous avons créé ensemble est un exemple de ce qui est possible lorsque nous arrêtons de penser petit et commençons à voir grand », a-t-il déclaré devant la foule enthousiaste des fidèles du parti.

Il a déclaré que le taux de participation électorale de 85,6 % enregistré par le parti était du jamais vu.

M. Nenshi a encouragé les membres, le personnel et les bénévoles à construire une machine prête à faire campagne afin qu’une victoire du NPD aux élections de 2027 devienne inévitable.

« Ce ne sera pas facile du tout. Nous affrontons de l’autre côté une machine politique bien financée et bien huilée. »

M. Nenshi avait fait la une des journaux internationaux lorsqu’il était devenu le premier maire musulman d’une grande ville nord-américaine en 2010. Il a exercé trois mandats avant de se retirer en amont des élections municipales de 2021.

Il devient désormais chef de l’opposition, mais ne détient pas lui-même de siège à l’Assemblée législative.

L’ancienne cheffe Rachel Notley, qui a été première ministre de la province de 2015 à 2019, a annoncé en janvier qu’elle quittait le poste le plus élevé après que le parti a perdu sa deuxième élection consécutive au profit du Parti conservateur uni.

Malgré sa défaite l’an dernier face à la première ministre Danielle Smith, le NPD a remporté 38 des 87 sièges de l’Assemblée législative, devenant ainsi la plus grande opposition de l’histoire de la province.

Les ministres de l’ère Notley, Sarah Hoffman et Kathleen Ganley, ainsi que la nouvelle membre de la législature Jodi Calahoo Stonehouse étaient également en lice pour le poste.

Vers une scission ?

M. Nenshi a déclenché un débat sur l’identité future du parti, se demandant s’il devait conserver ses liens d’adhésion avec le parti fédéral.

S’adressant aux journalistes, il a déclaré qu’il chercherait à poser la question de l’affiliation aux membres dès que possible.

« En fin de compte, c’est aux membres de choisir ce qu’ils veulent faire. Et cela ne sert à rien de tergiverser », a-t-il déclaré.

Alors que le siège de la députée néo-démocrate Shannon Phillips à Lethbridge est devenu vacant en juillet, M. Nenshi a déclaré qu’il n’était pas fermé à l’idée de se présenter là-bas, mais a admis qu’il ne connaissait pas très bien la ville.

« Je pense que chaque circonscription de la province mérite un député présent, mérite un député qui parle au mieux de ses intérêts », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il envisageait de se présenter ailleurs, mais qu’en ce qui concerne les élections générales, il visera un siège à Calgary.

« J’adorerais pouvoir me présenter et représenter ma ville », a-t-il déclaré.

M. Nenshi a été critiqué par certains membres du parti, le qualifiant d’opportuniste de tendance libérale. Il a rejeté les critiques, affirmant que ses valeurs sont fondamentales en Alberta.

Sa marque de fabrique politique a toujours été le violet – ni le bleu conservateur ni le rouge libéral.

Il a déclaré que c’était une invitation aux électeurs à mettre de côté leur tribalisme. Et pendant la course à la direction du NPD, il a ajouté des touches d’orange NPD à sa garde-robe.

Jeromy Farkas, une voix conservatrice au conseil municipal de Calgary pendant le mandat de M. Nenshi à la mairie, l’a décrit comme un solide collaborateur en coulisses qui a réussi à galvaniser le NPD d’une manière dont les conservateurs ont raison de s’inquiéter.

« Je ne pense pas, du moins au-delà de la surface, que de nombreux députés actuels (du NPD) acceptent avec bienveillance l’idée d’un sauveur chevauchant son cheval violet », a déclaré M. Farkas.

« Cela dit, les membres sont ce que vous en faites. Et en temps réel, nous voyons Nenshi réformer le NPD pour changer ce que signifie être le NPD. »