Au moment où le premier ministre François Legault veut réduire de moitié l’immigration temporaire au Québec, celle-ci poursuit sa progression pour atteindre un autre sommet.

Selon les données de Statistique Canada publiées mercredi, les résidents non permanents, qu’on appelle aussi des immigrants temporaires, sont passés de 560 174 au 1er trimestre à 597 140, une hausse de 6,6 %.

Cette croissance est encore plus forte au Québec que dans l’ensemble du Canada, ou qu’en Ontario.

Toujours selon Statistique Canada, le nombre de résidents non permanents s’est accru de 5 % dans tout le pays, au dernier trimestre, passant de 2,6 millions à 2,8 millions. En Ontario, il a bondi de 3,8 %, de 1,2 million à 1,25 million.

Il y a trois catégories de résidents non permanents : les demandeurs d’asile, les travailleurs étrangers temporaires et les étudiants étrangers.

La hausse la plus forte, au Québec, se trouve du côté des détenteurs de permis de travail.

Au cours des trois derniers mois, 21 376 travailleurs étrangers temporaires se sont ajoutés sur le territoire, presque deux fois plus que le nombre de nouveaux demandeurs d’asile, qui est de 13 228.

La part du Québec dans l’accueil des demandeurs d’asile est de 38 %, comparativement à 49 % pour l’Ontario, qui en a accueilli 16 997 au 2trimestre.

Par ailleurs, le nombre d’étudiants étrangers n’a presque pas bougé. Seulement 500 étudiants venus d’ailleurs se sont ajoutés au Québec.

Ces données ne permettent pas de départager les travailleurs admis en vertu du programme des travailleurs étrangers temporaires, géré par le gouvernement du Québec, et ceux venus dans le cadre de programmes contrôlés par le gouvernement fédéral.

Le Québec avait connu une hausse de 6 % des résidents non permanents au 1er trimestre 2024. Des hausses beaucoup plus fortes avaient été enregistrées en 2023, notamment aux 3e et 4trimestres, avec 12 %.

Objectif : 5 %

À la fin de mars, le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, a annoncé qu’il souhaitait réduire à 5 % la proportion de résidents non permanents dans la population canadienne d’ici 2027. Cette proportion est actuellement de 6,5 %.

Pour y arriver, il faudrait que les résidents temporaires admis au Canada soient moins nombreux que ceux qui quittent le territoire, ce qui n’est pas le cas actuellement. Cela va donc exiger une diminution radicale des nouveaux permis de travail et d’études.

« Si l’annonce du ministre Miller se concrétisait, il faudrait qu’il y ait un nombre négatif d’immigrants temporaires de 193 000 par an au Canada », précise l’économiste Pierre Fortin.

« Le problème, c’est ça va prendre combien de temps à M. Miller pour livrer ça ? Le système d’immigration fédéral et le système d’immigration provinciale, c’est pas un Cessna 172. Ça ne vire pas sur un dix cennes. C’est un gros Airbus 320 ou un Boeing 787 ! »

De la même façon, pour que le Québec en arrive à un seuil de résidents temporaires équivalant à 5 % de sa population en 2027, il faudrait que le nombre actuel de 597 140 baisse d’environ 135 000 dans les trois prochaines années, pour atteindre environ 460 000. Cela représenterait une réduction de 37 000 par année, selon M. Fortin, une tâche colossale quand on sait qu’ils ont augmenté de 69 106 dans les deux derniers trimestres.

Quant à l’objectif de M. Legault de réduire de moitié les immigrants temporaires sur le territoire québécois, cela représenterait une baisse de 100 000 par année pendant trois ans.

En savoir plus
  • 190 000
    Nombre total de demandeurs d’asile et de personnes protégées, au Québec
    source : Statistique Canada
    407 000
    Nombre total de détenteurs de permis (travail, études ou les deux) et de membres de leur famille, au Québec
    source : Statistique Canada