Les manifestants du campement propalestinien défendent l’utilisation d’une image où figurent des combattants armés pour promouvoir un « programme d’été révolutionnaire » pour les jeunes. « Il s’agit d’une photo symbolique et historique », ont-ils fait valoir devant les médias mardi.

« Je pense que la vraie question est : pourquoi les gens ne se concentrent pas sur le fait que notre administration investit dans de vrais fusils, de vraies armes qui servent actuellement à perpétrer des massacres à Gaza ? », a réagi une porte-parole du campement propalestinien, Rama Al Malah, en point de presse.

Dans les derniers jours, des politiciens de tous les paliers gouvernementaux ont condamné une image partagée par un collectif étudiant associé au campement sur laquelle figurent des combattants armés.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM DE SOLIDARITY FOR PALESTINIAN HUMAN RIGHTS MCGILL

L’affiche partagée par le collectif étudiant associé au campement

La publication visait à faire la promotion d’un « programme d’été révolutionnaire » offert au public, qui a débuté lundi.

Le même jour, le Service de police de la Ville de Montréal annonçait avoir ouvert une enquête sur l’affiche.

« Cette publication qui invite des jeunes à participer à des ateliers au campement est préoccupante, puisqu’une image d’un fusil d’assaut y apparaît », avait déclaré l’inspecteur David Shane.

L’image avait également fait réagir le recteur de l’Université McGill, Deep Saini, qui l’a décrite comme « extrêmement alarmante ». « Des images qui évoquent de la violence ne sont pas des outils d’expression et de réunion pacifiques », a-t-il réagi.

Les manifestants affirment ne pas avoir été contactés par la police au sujet de la publication.

« Nous sommes ici depuis plus de 50 jours et il n’y a pas eu un seul incident. Tout s’est déroulé de manière pacifique et la police le sait », a déclaré un représentant de Solidarité pour les droits de l’homme palestiniens Concordia, Zeyad Abisaab.

Lisez « Que revendiquent les manifestants ? »

Le recteur de l’université s’est de nouveau adressé à la communauté mcgilloise mardi.

« Malgré nos tentatives de discussion avec les personnes qui représentent le campement, nous constatons des agissements de plus en plus répréhensibles », a déclaré Deep Saini dans un communiqué de presse.

L’université s’était engagée la semaine dernière à examiner ses placements dans des entreprises de fabrication d’armes et à soutenir les universitaires touchés par la crise humanitaire à Gaza.

Une proposition rejetée par les manifestants propalestiniens installés sur son terrain depuis près de huit semaines. Devant l’impasse, la direction a décidé de suspendre les pourparlers, a-t-elle annoncé mardi.

« Bien que notre proposition ait été rejetée, ces mesures seront mises en place, parce que nous sommes d’avis qu’elles auront des retombées positives », a précisé Deep Saini.

L’université est toutefois revenue sur son offre de n’imposer aucune sanction disciplinaire aux manifestants, qui se verront « imposer l’ensemble des sanctions prescrites par nos politiques. »

Elle leur a notamment reproché d’avoir refusé la nomination d’un médiateur pour faciliter les négociations.

« Nos demandes ont été clairement exprimées. Nous exigeons des mesures concrètes de désinvestissement », a rétorqué Rama Al Malah, accusant l’administration de vouloir seulement retarder les négociations.

« Aucune université n’est outillée pour gérer, à elle seule, le démantèlement d’un campement et les situations dangereuses causées par une telle occupation », a souligné Deep Saini.

« C’est pourquoi nous sommes et resterons en constante communication avec les autorités publiques de tous les paliers de gouvernement, et, plus particulièrement avec les forces de l’ordre, insistant sur leur vigilance et leur soutien et les appelant à nous prêter main-forte. »