Non seulement les campeurs de McGill n’ont-ils pas l’intention de plier bagage, ils organisent maintenant un programme d’éducation « révolutionnaire » afin d’occuper leur été, une annonce qui inquiète le recteur de l’Université.

Le groupe Solidarity for Palestinian Human Rights (SPHR) veut faire du campus de l’Université McGill « un lieu d’éducation révolutionnaire » en organisant un programme d’été destiné aux jeunes. L’organisation en a fait l’annonce dans une publication Instagram accompagnée d’une image de personnes coiffées de keffiehs et tenant des armes automatiques dans leurs bras. « Nous nous engageons à éduquer la jeunesse de Montréal », peut-on lire.

L’image a fait réagir le recteur de l’Université McGill, Deep Saini, qui l’a décrite comme « extrêmement alarmante », dans un communiqué de presse. « Des images qui évoquent de la violence ne sont pas des outils d’expression et de réunion pacifiques », a-t-il ajouté.

L’Université McGill a « contacté les autorités de sécurité municipales, provinciales et fédérales » afin de signaler la publication comme un « enjeu de sécurité nationale », a ajouté le recteur par courriel, en ajoutant que la présence d’agents de sécurité augmentera autour du campement et partout sur le campus.

La ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, a dénoncé l’image partagée par le SPHR dans un message sur X. « La liberté d’expression, c’est une chose, mais là on parle de provocation, d’incitation explicite à la violence, voire même d’endoctrinement. Je le répète : ce campement doit être démantelé », a commenté la ministre.

Une question de « liberté d’expression »

Le programme est une initiative « pacifique et légitime » ouverte aux Montréalais de tous les âges, a toutefois affirmé Zeyad Abisaab, coordonnateur général du groupe SPHR de l’Université Concordia, assis à une table à pique-nique près du campement de McGill, vendredi après-midi. « Au lieu de passer du temps à parler d’une image, l’administration devrait cesser d’être complice dans un génocide. », a ajouté le jeune homme.

Le calme plat régnait autour du campement, où des poignées de manifestants discutaient tranquillement sous le regard de quelques gardiens de sécurité.

Le programme éducatif se tiendra du 17 juin au 12 juillet sur le campus de l’université, a expliqué Zeyad Abisaab. Au menu : des conférences, des ateliers sur l’histoire palestinienne et des activités artistiques. Des cours donnés par des professeurs de l’Université McGill et de l’Université Concordia sont également prévus, selon le coordonnateur.

« On est ici au Québec, où la liberté d’expression et l’éducation sont considérées comme des droits », a affirmé Zeyad Abisaab, selon qui le programme ne mérite pas de causer d’inquiétude. « Ça fait depuis le début du campement qu’il y a un espace éducatif et des activités ici », a précisé le jeune homme.