(Ottawa) Des acteurs étrangers tentent d’interférer avec les médias canadiens, et les journalistes et leurs patrons doivent en être conscients, a prévenu mercredi le président du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement.

Toutes les formes de médias, y compris les médias grand public, sont soumises à l’ingérence de personnes malveillantes, a déclaré le député libéral David McGuinty.

Il a indiqué qu’il ne pouvait pas divulguer de détails, car l’information est classifiée.

Les médias ont été montrés du doigt dans un récent examen du comité présidé par M. McGuinty.

Il met en évidence la manière dont la Chine et l’Inde interfèrent avec le contenu médiatique canadien en s’engageant directement auprès des journalistes et des dirigeants des médias.

« L’ingérence étrangère est clairement présente dans les médias, et elle est pointée du doigt dans l’examen, non seulement dans notre examen le plus récent, mais aussi dans le précédent », a dit M. McGuinty aux journalistes mercredi.

« Vous devriez le lire et le transmettre à vos propriétaires et éditeurs. »

Le dernier rapport indique qu’il existe des exemples de la Chine payant pour publier des articles de presse sans attribution, finançant des voyages de médias en Chine, faisant pression sur des journalistes pour qu’ils retirent des articles et créant de faux comptes sur les réseaux sociaux pour diffuser de la désinformation.

Selon le rapport, plusieurs médias de langue chinoise au Canada ont adopté la terminologie d’un article des médias d’État de la République populaire de Chine (RPC), sans en attribuer la source.

« La plupart de ces médias étaient liés à la RPC par des accords de partenariat avec le China News Service, la principale entité médiatique du Parti communiste chinois au service des communautés ethnoculturelles chinoises, qui rend compte directement au Département de travail du Front uni, l’organisme central de coordination du Parti communiste chinois, responsable des activités d’ingérence étrangère », peut-on lire dans le document.

Le rapport précise également que l’Inde a développé un réseau de contacts à travers lequel elle mène des activités d’ingérence impliquant des journalistes, des membres de communautés ethnoculturelles et des parlementaires. Il cite comme exemple les efforts de l’Inde pour discréditer le chef d’un parti politique « en utilisant des documents rédigés par les services de renseignement indiens ».

Le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement a également observé que des États manipulaient les médias traditionnels pour diffuser de la propagande dans ce qui semblait être des publications d’information indépendantes, sans préciser quels pays étaient impliqués.

Le rapport expurgé est basé sur des renseignements secrets, qui souvent ne donnent pas une image complète de la situation et n’équivalent pas à des preuves.

Ces États ciblent le Canada pour exploiter sa société ouverte et pénétrer dans les institutions afin d’atteindre leurs objectifs, souligne le rapport de 2019 du comité.

Cela inclut la manipulation des médias, qui pose un risque important pour les droits et les libertés des Canadiens et pour la souveraineté du pays, selon ce même rapport.