(Québec) La Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) doit démontrer son indépendance en recommandant pour la capitale nationale un projet structurant axé sur le transport collectif, selon Québec solidaire (QS).

Le très attendu rapport de la CDPQ, qui, à la demande du gouvernement Legault, doit proposer des solutions pour améliorer la mobilité à Québec, sera présenté au grand public, vraisemblablement cette semaine.

En entrevue, le porte-parole de QS en transports, Etienne Grandmont, dit avoir la CDPQ « à l’œil ». Si elle propose un troisième lien Québec-Lévis autoroutier, on saura qu’elle répond à une « commande politique », selon lui.

« La pierre angulaire de la proposition de la CDPQ devra tourner autour du transport collectif. C’est le seul moyen d’augmenter la mobilité dans la grande région de Québec et de réduire la congestion », a-t-il plaidé, lundi.

Il espère que la CDPQ s’appuiera sur la science et proposera un projet de transport qui sera efficace, accessible, structurant et complémentaire à ce qui existe déjà sur le territoire.

Interrogée à ce sujet, Brigitte Milord, associée de recherche à la Chaire Mobilité de Polytechnique Montréal, a dit s’attendre notamment à une proposition de transport collectif qui « planifie à très très long terme ».

« C’est souvent ça qui a manqué dans l’histoire du Québec. On met en place, par exemple, le métro de Montréal […] et on n’a pas de plan très clair de ce qu’on va faire pour la deuxième étape », a-t-elle souligné en entrevue.

Pour sa part, Jérôme Laviolette, doctorant en génie des transports à Polytechnique Montréal, croit que la CDPQ doit impérativement présenter un projet qui va réduire les gaz à effet de serre.

« C’est absolument essentiel qu’une ville comme Québec ait un projet de transport collectif structurant qui […] soit vu comme un levier de transformation de l’aménagement du territoire », a-t-il ajouté.

« Je serais surpris que la Caisse arrive à des conclusions fondamentalement différentes. J’ai l’impression qu’on va avoir un tramway qui va être l’épine dorsale de ce projet », a-t-il déclaré à La Presse Canadienne.

Le rapport de la CDPQ sera-t-il le bon ? Marquera-t-il un tournant pour la grande région de la capitale nationale ?

Le gouvernement, qui s’est « traîné les pieds », doit à présent « lâcher les sondages » et « s’en tenir aux faits », souligne Jean Dubé, professeur à l’École supérieure d’aménagement du territoire de l’Université Laval.

Enjeu crucial à Québec

Cela fait des décennies qu’on tente de répondre aux préoccupations des gens de la grande région de Québec en lien avec le transport et la mobilité.

L’an dernier, le gouvernement Legault a fait table rase : il a mis la hache dans le projet de troisième lien autoroutier Québec-Lévis qu’il avait lui-même promis et stoppé le projet de tramway du maire de Québec, Bruno Marchand.

Il a demandé à la CDPQ de réévaluer les besoins et de présenter un rapport sur les façons d’« améliorer la mobilité et la fluidité dans la communauté métropolitaine de Québec, notamment entre les deux rives ».

L’enjeu de la mobilité est particulièrement sensible à Québec, où la Coalition avenir Québec (CAQ) a créé des attentes, puis semé la grogne, ce qui a pu contribuer à la montée du Parti québécois (PQ) dans la région.